Grenoble INP est dans la place ! L’interview de Delphine Riu, directrice d’Ense³
Crédit Sylvain Faisan Studio Equinoxe

Grenoble INP est dans la place ! L’interview de Delphine Riu, directrice d’Ense3

Energie, Eau, Environnement : 3 spécialités pour résumer l’école des transitions. Car être diplômé d’Ense³, c’est être formé pour répondre de façon pragmatique à la problématique croissante des ressources en eau, de l’aménagement et du développement durable. La preuve avec sa directrice Delphine Riu.

Que vous apporte votre appartenance à Grenoble INP ?

D’abord, une taille critique qui favorise notre visibilité internationale. Autre atout : la solidarité et la subsidiarité entre les écoles de Grenoble INP qui nous apporte plus de souplesse dans l’utilisation des moyens financiers. Nous profitons aussi des compétences et expertises des autres écoles pour créer des parcours transverses et permettre aux étudiants d’envisager des parcours croisés. Nous avons d’ailleurs des filières communes avec Phelma et Génie Industriel et proposerons à la rentrée 2021 un semestre à choix et ouvert à tous les établissements (y compris Grenoble IAE) autour de la technologie et de l’économie responsable. Au-delà du nom, appartenir à Grenoble INP atteste aussi d’une vraie formation technique, solide, faite par et pour des gens qui savent faire ce qu’ils disent.

La touche Ense³ dans le paysage foisonnant des écoles d’ingénieurs ?

Au-delà des spécialités pour lesquelles nous sommes reconnus, nous travaillons particulièrement sur le rôle de l’entrepreneuriat et du projet étudiant. Nos sujets de prédilection (énergie, eau, environnement et de nombreux enjeux sociétaux) attirent des étudiants qui ont particulièrement envie de donner un sens à leur métier d’ingénieur, d’être utiles… et qui ont donc de la créativité à revendre ! Nous les accompagnons d’un point de vue financier et dans l’aménagement des études bien sûr, mais aussi d’un point de vue technique grâce à nos expertises, pour leur permettre d’aller de l’avant et de créer leur startup par exemple. 

On vient aussi à Ense³ pour ses valeurs ?

Effectivement. Nous sommes fiers d’accueillir des étudiants éclairés, sensibles à nos spécialisations en liens avec les enjeux climatiques. Ils expriment d’ailleurs des attentes fortes quant à l’évolution de l’école en la matière, ce qui nous permet d’être en avance de phase sur de nombreux sujets. Sur leur initiative, nous demandons par exemple à celles et ceux qui partent en mobilité internationale, de la réfléchir en calculant son empreinte carbone et en respectant les quotas répondant aux exigences du GIEC.

Vous avez pris la direction de l’Ense³ en 2020 avec deux mots d’ordre : continuité et innovation. Dites-nous en plus.

Je faisais déjà partie de l’équipe de direction précédente et suivais donc de près de nombreux dossiers, ce qui m’a permis d’en assurer la continuité en mars 2020, malgré le contexte sanitaire.  Mais je ne me suis pas engagée sur cette mission de direction pour faire de la gestion d’école pure, mais pour mener une révolution autour du développement durable et des transitions sociales et sociétales. Non seulement l’école doit être bien positionnée sur ces problématiques, mais elle doit surtout être en avance de phase, voire exemplaire, au niveau national. Après six mois marqués par des contraintes de réorganisations logistiques, nous nous engageons pour des objectifs DDRS ambitieux d’ici 2030, en interne, comme en externe. Car avant que nos étudiants soient formés à ces transitions, il faut mener à bien la transition de l’école. Nous travaillons par exemple sur la gouvernance, nos politiques d’achats, notre accompagnement à la mobilité et sur la formation bien sûr, pour que nos étudiants deviennent des acteurs de transformation de l’ingénierie.

Que mettez-vous en place en ce sens ?

Nous ouvrons un premier parcours autour de l’industrie technologiquement sobre et économiquement responsable, afin d’en minimiser les impacts dès le stade de la conception. Nous allons aussi mettre en place des actions en termes de QVT (diversité, égalité femmes / hommes, handicap…). Et construire notre stratégie autour des ODD afin de faire en sorte que tous nos nouveaux projets aient des impacts positifs et minimisent leurs impacts négatifs sur l’environnement. Nous ne pouvons pas statutairement devenir une société à mission mais, être un lieu exemplaire pour nos étudiants et la société civile, ça me parle !

A quelles transitions les ingénieurs Ense³ répondent-ils ?

Vu le décloisonnement de nos formations, un ingénieur Ense³va pouvoir répondre à trois transitions. D’abord, la transition énergétique avec la production d’énergie décarbonnée (nucléaire ou ENR), le stockage d’énergie, la maîtrise de la demande d‘énergie, l’accompagnement technologique sur les infrastructures critiques ou la révolution autour de la mobilité. Ensuite, la transition liée à l’eau et à son accès au regard de l’urbanisation croissante (80 % de la population vivra en villes d’ici 2050). Et enfin, le numérique. Car nos métiers traditionnels sont totalement intégrés avec des outils digitaux (gestion de données massives, sciences des données, cyber sécurité, traitement du signal…).  

Votre message aux étudiants ?

Ense³est en capacité d’offrir le cadre idéal pour vous accompagner sur des métiers qui ont du  sens et une vraie utilité publique autour des enjeux sociétaux liés au changement climatique, à l’eau et à l’énergie. Ici, vous trouverez le « bac à sable » où réaliser tout ce que vous voulez… et croyez-moi, ce n’est pas une promesse en l’air !

Et aux alumni ?

Nous avons besoin de vous ! Pour accompagner nos jeunes, leur expliquer le rôle que jouent les entreprises face aux enjeux de demain, aider les étudiants internationaux à comprendre le travail à la française, intervenir dans les cours… Notre école vous est ouverte !

Féminisation des promos : on en est où à Ense³ ?

Nous avons entre 25 et 28 % d’étudiantes. Un chiffre dans la moyenne nationale mais pour une école qui travaille sur des spécialités aussi technos que les nôtre, c’est assez performant. Lorsque j’étais étudiante à Ense³ il y a quelques années, les promos ne comptaient que 10 % de filles : l’ambiance était  très masculine ! Aujourd’hui, je suis épatée par les étudiantes, et les étudiants, tous très sensibilisés aux questions de genre. Le changement générationnel autour de ces thématiques m’impressionne. Un exemple récent : trois étudiants (des garçons donc), viennent de monter un projet pour délivrer des serviettes hygiéniques dans les toilettes des filles. 

Ense³ Le coin des pépites

Professeurs, étudiants, entrepreneurs, ils portent haut les couleurs et les valeurs d’Ense³. Coup de projecteur sur une communauté engagée.

Les profs au top !

Le plus branché

A Ense³, l’esprit startup ne touche pas que les étudiants ! Serial-startupper, Cornel Ioana, chercheur au GIPSA-lab dans le département Data Science côté R&D, a lancé Altrans en novembre 2020. Son objectif ? Assurer la surveillance et la sécurité en alimentation énergétique des organisations. Un enjeu de taille alors même que 50 % des pannes des réseaux électriques français pourraient être évitées si la maintenance prédictive pouvait avoir lieu. Une mission que Cornel Ioana et son équipe Sygmaphy peuvent relever grâce au projet (aujourd’hui breveté) Translocator. Un dispositif de surveillance « on-line » des réseaux électriques par traitement avancé de signaux transitoires qui permet de localiser leurs sources sans avoir besoin de synchroniser les différents capteurs du système de surveillance. Un outil indispensable pour atteindre l’ambition d’Altrans : devenir leader mondial dans le domaine des produits d’inspections des réseaux électriques.

Le plus « monde d’après »

Selon une récente étude publiée par des chercheurs italiens, en collaboration avec Giorgio Licciardi, chercheur à GIPSA-Lab et Jocelyn Chanussot, professeur à Grenoble INP – Ense³, un taux de pollution élevé favoriserait la propagation du virus de la Covid-19. Pour cette étude, l’équipe de chercheurs s’est penchée sur le cas de la Lombardie, où se sont concentrées 40 % des infections de tout le pays lors de la première vague de l’épidémie. 63% des personnes infectées enregistrées dans toute la région étaient concentrées dans les provinces de Milan, Bergame et Brescia, avec un taux moyen d’infection deux fois supérieur à la moyenne nationale en Lombardie. Des observations confrontées ensuite aux données météorologiques (température, humidité, vent) et aux données satellitaires relatives aux concentrations quotidiennes de polluants atmosphériques. « Il apparaît sans équivoque qu’un taux de pollution élevé favorise la propagation du virus, indique Jocelyn Chanussot. Cela peut vraisemblablement s’expliquer par le fait que le virus se propage en se fixant aux particules de polluants aéroportées » conclut-il.

Tous engagés pour l’égalité de genre – Trois questions à Céleste de Bourmont

Grenoble INP est dans la place ! L’interview de Delphine Riu, directrice d’Ense³

Elève en 2A de la filière Energie à Ense³, Céleste de Bourmont est VP du Cercle des élèves et très impliquée dans les projets de lutte contre les discriminations. Interview.

D’où vient votre engagement contre les violences sexuelles et sexistes (VSS) ?

D’une enquête réalisée par une étudiante du Bureau des Arts sur les violences sexuelles et sexistes au sein de Grenoble INP. Comme dans beaucoup d’écoles malheureusement, les chiffres étaient alarmants et j’ai voulu profiter de la visibilité que m’offrait le Cercle des élèves pour agir. Les lanceurs d’alerte avaient fait leur job, il fallait des gens pour trouver des solutions aux problèmes soulevés.

Quelles solutions avez-vous trouvées ?

Nous avons organisé une conférence sur le consentement lors de l’intégration des 300 étudiants de première année. Une conférence ni moralisatrice, ni dénonciatrice mais très concrète, afin de trouver les clés pour ne pas être auteur ou victime de VSS. Nous avons eu des retours très positifs, ce qui nous a permis de proposer cette conférence à quasiment toutes les écoles de Grenoble INP, mais aussi à d’autres écoles du bassin grenoblois comme Grenoble Ecole de Management. Elle a également été présentée au Rectorat, ce qui nous permettra peut-être à l’avenir d’intervenir dans les lycées et les collèges de la région.

Comment l’école soutient-elle votre engagement ?

Elle répond toujours présente. Nous avons la chance d’avoir une administration exceptionnelle qui nous écoute (même lorsque nos projets sont irréalisables !) et nous soutient. Ce qui nous permet de mettre beaucoup de choses en place, comme la journée de dépistage et de conférences sur les IST organisée en février 2021. Nous nous engageons aussi pour d’autres causes comme le développement durable avec une collecte de cheveux pour lutter contre les marées noires, les repas végétariens au CROUS, les collectes de mégots devant l’école pour les recycler… Des actions que la nouvelle équipe du bureau des élèves va pérenniser : alors engagez-vous avec nous !