Grenoble INP - Le génie industriel, un rouage méconnu mais indispensable de l’industrie
©Eric Meurice

Grenoble INP – Le génie industriel, un rouage méconnu mais indispensable de l’industrie – L’interview de Daniel Brissaud

Derrière chaque process industriel se cache un ingénieur en génie industriel. Peu connue du grand public, cette spécialité est pourtant un rouage absolument indispensable à toutes les innovations qui marquent la production industrielle. Daniel Brissaud, Directeur de Grenoble INP – Génie industriel lève le voile.

Grenoble INP-Génie industriel en un pitch ?

Grenoble INP-Génie industriel est l’école de la transition industrielle pour une production et une consommation durable. Elle forme des ingénieurs interdisciplinaires dotés d’une vision unique de la performance globale de l’activité industrielle (technique, optimisation économique et environnementale, dimension humaine…).

A quels défis du 21e siècle les ingénieurs Grenoble INP-Génie industriel répondent-ils ?

Nous accompagnons l’industrie vers le monde de demain. Vers l’industrie du futur donc (car les technologies numériques sont des moyens extraordinaires pour changer les process industriels) mais aussi vers une plus grande reconnaissance du rôle social et sociétal de l’industrie. Car au-delà du numérique, la transition industrielle doit aussi pousser vers une production et une consommation plus durables. Une dynamique dans laquelle l’ingénieur en génie industriel devient un  levier extraordinaire, car c’est lui qui conçoit et met en œuvre les chaines de production. Il a toutes les cartes en main pour mettre en œuvre de nouvelles solutions industrielles.

Le + Grenoble INP-Génie Industriel au sein de Grenoble INP ?

J’insisterais d’abord sur un point : il n’y a pas de compétition au sein de Grenoble INP ! Nos huit écoles ont chacune leurs spécificités et sont résolument complémentaires. Celle de Grenoble INP-Génie industriel c’est que l’école n’est pas focus sur une discipline en tant que telle, mais plutôt sur un thème particulier. De fait, nous sommes une école interdisciplinaire qui traite de toute les sciences pour l’ingénieur, sciences du numérique, données et aide à la décision, SHS…  Nos ingénieurs ne conçoivent pas de nouvelles technologies, ils les mettent en œuvre.

Par exemple ?

Prenons l’exemple des données. Un ingénieur en génie industriel ne les crée pas, il les optimise pour en faire un outil d’aide à la décision. Autre exemple, la fabrication additive. Nous ne formons pas nos élèves à comprendre comment fond le métal mais nous nous servons des technologies de  fabrication additive pour réutiliser et modifier les produits avec de l’additif. Ce qui nous amène à concevoir de nouvelles solutions impensables avant et qui remettent en cause l’organisation industrielle.

Que ne feriez-vous pas sans Grenoble INP ?

Grenoble INP est une formidable vitrine pour notre petite école (Grenoble INP-Génie industriel diplôme 150 étudiants et 50 masters chaque année). Notre identité, notre notoriété, notre reconnaissance scientifique, notre excellence pédagogique, notre réseau international… ne seraient pas les mêmes sans Grenoble INP. Par exemple, nous n’aurions sans doute pas la moitié de nos entreprises partenaires sans Grenoble INP et l’Université Grenoble Alpes. Sans compter que nous mutualisons aussi beaucoup d’équipements (plateformes technologiques et numériques…) et gérons des filières communes avec d’autres écoles, sur la conception de produit avec Ense3 notamment.

En quoi la crise Covid a-t-elle impacté votre spécialité et l’avenir de vos diplômés ?

Si le génie industriel n’est pas très connu du grand public, la crise Covid a mis en avant des questions auxquelles nous formons nos étudiants depuis toujours ! La pénurie de masques ou de respirateurs au début du premier confinement a par exemple mis en lumière des problèmes liés à l’agilité de la conception, à la logistique et aux relations dans la chaine de production : le cœur même du génie industriel. Il en va de même pour les vaccins. Si la recherche a trouvé des traitements en un temps record, il s’écoule forcément du temps pour que le produit arrive à notre bras. En ces temps où l’instantanéité est reine, il a fallu faire (re)prendre conscience aux gens des délais incompressibles de l’industrialisation. Quitte à être un peu provocateur, je dirais que la Covid est une chance pour le génie industriel, car la crise a remis son utilité au cœur des enjeux contemporains.

Que peut-on vous souhaiter pour la rentrée 2021 ?

D’abord, de fêter dignement notre 30e anniversaire à l’automne ! Mais aussi de pouvoir profiter des locaux que nous venons de rénover. Cela va relativement changer la vie de l’école et la vie étudiante, qui bénéficie désormais de beaux espaces (cafétéria, foyer, salles de travail…) en plein cœur de l’établissement. Nous souhaitons aussi remodeler notre maquette de formation pour coller au plus près des défis de l’industrie du futur. Nous allons ainsi complètement réorganiser la deuxième année, durant laquelle les élèves devront consacrer la moitié de leur temps à résoudre des défis sur les nouveaux modes de production, la digitalisation, les nouvelles organisations de travail, la personnalisation, l’innovation et enfin, l’intégration des technologies. L’autre moitié sera consacrée à l’étude des spécialités métiers du génie industriel : chaine logistique et développement de produit.

Votre message aux étudiants ?

Nous ne nous résumons pas à notre nom ! Bien sûr, il annonce la couleur : ici, on apprend les méthodes industrielles. Mais l’industrie ne se limite pas à l’image ancienne que peut encore en avoir le grand public. Elle concerne aussi la santé, la transition écologique, des collectivités, des grands organismes… L’ère des énormes machines dignes des Temps Modernes est terminée ! Aujourd’hui dans les usines on utilise les mêmes tablettes et casques de VR que vous utilisez chez vous. Alors osez-vous intéresser à l’industrie, vous serez étonnés de ce que vous y trouverez. D’autant que nous sommes aujourd’hui à un tournant crucial pour l’industrie. Des transformations profondes vont arriver, il y a plein de pistes à défricher et vous serez amenés à trouver des solutions qui n’existent pas encore. L’industrie n’est pas un monde statique, conservateur et très balisé, c’est au contraire un espace d’innovation incroyable. Un monde qui bouge et que vous pouvez aider à bouger encore plus vite !

Et aux alumni ?

Vous pouvez être fiers de porter haut les couleurs de Grenoble INP, une institution qui a trouvé sa place en Europe. Et aujourd’hui l’école compte sur vous ! Je rêve d’un réseau des alumni qui soit un think tank sur la transformation des industries. Un lieu de discussion, franche et éclairée par leur vécu professionnel pour aligner la stratégie de l’école avec les besoins de l’industrie et réciproquement.

Etudiants ou professeurs, Grenoble INP-Génie Industriel c’est the place to be pour celles et ceux qui s’engagent pour l’industrie de demain. Rencontres

La cop au top !

En 2A de la filière Ingénierie de la chaine logistique de Grenoble INP-Génie industriel, Lucie Pellissier est très investie dans la vie associative de l’école. Elle a notamment initié (avec quelques autres étudiants) la COP2 étudiante qui a eu lieu les 10 et 11 avril 2021. Trois questions à une élève-ingénieure engagée.

En quoi consiste la COP2 étudiante ?

Nous l’avons lancée en 2019 avec des élèves de Génie Industriel de et l’Ensimag et l’association a ensuite recruté des membres dans les autres écoles du bassin Grenoblois et des ambassadeurs dans toute la France. Nous voulions créer un évènement national de grande ampleur, un catalyseur d’engagement sur les problématiques environnementales en milieu universitaire. Un cadre où tous les acteurs du Supérieur (associations, étudiants, politique, institutionnels, professeurs, administratifs…) se rencontrent et actent la mise en place d’actions concrètes. J’avais pris une année de césure en 2020 pour me consacrer au projet, qui a malheureusement dû être reporté à cause de la Covid. Mais l’édition 2021 a été un succès avec plus de 700 participants en distanciel. Une trentaine d’établissements ont aussi signé les Accords de Grenoble, s’engageant ainsi sur un ou plusieurs volets : formation et sensibilisation au développement durable, gestion durable du campus…

Etre ingénieur et engagé pour l’écologie : primordial aujourd’hui ?

C’est notre avenir qui est en jeu : on n’a pas le choix ! Mais malheureusement tous les étudiants n’ont pas encore pleinement conscience de la réalité des questions environnementales. Leur apprendre à trouver des solutions c’est indispensable bien sûr, mais les sensibiliser aux vrais enjeux, c’est crucial. C’est aussi pour ça que j’ai choisi Grenoble INP-Génie industriel : pour développer une vision globale de l’industrie, avoir les clés pour participer à l’industrie du futur futur et la faire évoluer vers une industrie plus sobre et responsable.

Et si vous suivez le cours d’un ancien président d’industrie ?

Après 32 ans de carrière chez Caterpillar, Laurent Rannaz partage aujourd’hui son expérience industrielle avec les élèves de Grenoble INP-Génie industriel en tant qu’enseignant.

Gadz’Arts de formation, Laurent Rannaz a fait toute sa carrière chez Caterpillar. D’abord dans les opérations et à des postes de management (direction d’atelier, DRH, direction d’un site industriel en Hongrie, contrôle de gestion…), puis en tant que président de sa filiale française. Un parcours riche qui ne l’a pas empêché de penser à l’après. « Il y a 20 ans, j’ai voulu me donner la possibilité de faire autre chose pour les 10 dernières années de ma carrière. Avec l’envie de partager ce que j’avais appris dans l’industrie, je me suis lancé dans un DBA à Grenoble Ecole de Management (GEM) afin de me donner la crédibilité et des connaissances académiques nécessaires pour enseigner. Une fois ma thèse soutenue, j’ai donné quelques cours à GEM puis à Grenoble INP-Génie industriel en parallèle de mon activité professionnelle. »

Et en 2018, les planètes se sont alignées. Alors qu’il venait d’achever un projet d’envergure pour Caterpillar en France, un poste d’enseignant se libérait à Grenoble INP-Génie Industriel : Laurent Rannaz a alors saisi l’opportunité sans hésiter ! Un choix qu’il ne regrette pas. « J’ai été agréablement surpris par la qualité des élèves : curieux, brillants, intelligents, bosseurs : partager avec eux des choses que je connais très bien et qui vont les aider dans le futur, c’est génial ! Alors qu’à mon époque c’était un non sujet, ils sont aussi très engagés sur les questions environnementales. Aujourd’hui, les jeunes ingénieurs veulent un boulot qui a du sens et sont très soucieux de l’empreinte environnementale que va laisser leur entreprise. Comme les industriels qui les recrutent, j’apprécie aussi beaucoup leur adaptabilité, leur capacité à mettre en perspective leur vison transverse pour s’adapter de façon très pratique à tout type de mission. »

Les pépites de Grenoble INP-Génie Industriel

Un peu plus d’un an de travaux pour Grenoble INP-Génie Industriel et des plateformes complètement rénovées et agrandies pour ses étudiants. L’occasion pour l’école de créer la toute nouvelle plateforme Operation Management.

Portées par leur partenariat étroit noué dès 2013, Grenoble INP-Génie industriel et l’IUMM de l’Ain renouvellent actuellement la signature de la chaire Transformation 4.0 créée en 2017. Son objectif ? Accompagner les PME de l’Ain dans leur transition vers l’industrie de futur et intégrer les défis de l’industrie 4.0 dans les formations de l’école. Grenoble INP – Génie industriel est aussi engagée dans la chaire Intelligence artificielle. Deux chaires stratégiques et complémentaires. Alors que la chaire IUMM est une chaire industrielle davantage axée sur la digitalisation des PME, la chaire Intelligence artificielle est quant à elle une chaire scientifique axée sur les éléments à même de révolutionner les processus industriels.