HANDICAP SUPERIEUR

Handicap dans le Supérieur, on progresse…

En matière d’inclusion, les grandes écoles ne ménagent pas leurs efforts, notamment pour favoriser l’accès à l’enseignement supérieur des personnes en situation de handicap. Eva Souchet et Julien Soreau de l’EM Normandie reviennent sur le chemin parcouru et dessinent quelques pistes pour faire avancer cette cause essentielle.

Après le coup de projecteur dont ont bénéficié les athlètes paralympiques français au Japon, la question progresse dans les grandes écoles, toutes mobilisées pour accélérer l’inclusion. Le nombre de personnes en situation de handicap qui s’engagent dans l’enseignement supérieur évolue tandis que ceux qui souffrent d’un handicap non visible se déclarent plus volontiers. On progresse donc… La loi du 11 février 2005, qui impose aux institutions un accueil de qualité, a indéniablement était suivie d’effets.

Changer les mentalités

Aujourd’hui, 80 % des cas à l’EM Normandie concernent des troubles dys et des maladies invalidantes (cardio respiratoires, maladie de Crohn, Cancer…) et presque 100 % représentent un handicap dit « invisible ». La communication a, semble-t-il, bien fonctionné (ou semble de mieux en mieux fonctionner), incitant de plus en plus les personnes concernées puissent se signaler sans gêne, afin de bénéficier d’aménagements dans le cadre de la compensation du handicap. Sur les campus, les investissements dans le bâti pour la mise en conformité des lieux ont quant à eux été significatifs. On n’imagine plus un escalier sans une rampe ou un ascenseur pour accéder aux étages supérieurs. A nous de consentir les efforts financiers supplémentaires si besoin. Nous savons par exemple, qu’un élève malentendant représente environ 40 000 € de surcoût liés à la traduction des cours en langue des signes ou à la mise à disposition de ressources complémentaires. Selon nous, c’est une donnée, pas une contrainte. Notre modèle économique doit désormais prendre en compte cet élément.

Reste également à aller plus loin en changeant les mentalités dans l’ensemble de la communauté éducative. Elle doit se sentir concernée, comme nous le sommes déjà pour l’écologie ou la RSE. Et pour rester exemplaires, nous devrons réfléchir à notre stratégie employeur au sein de nos établissements pour que le corps professoral, les équipes administratives ou supports soient à l’image de la société.

Des événements dédiés tels les NormHandi Days

Allons encore plus loin. Donnons confiance aux lycéens pour qu’ils osent suivre des études supérieures. Ils sont encore nombreux à se censurer. C’est sans aucun doute le point noir de notre système : assurer la transition entre le secondaire et le supérieur qui demeure complexe dans la mesure où l’accompagnement y est très différent. Et si l’Etat a largement suivi nos initiatives, la réglementation ajoute parfois involontairement de la complexité… là où nous aurions besoin de souplesse. On arrive à une situation de « surhandicap » administratif qui pénalise les bonnes volontés. La simplification administrative doit être le corolaire des incitations fortes menées auprès de tous les acteurs.

L’EM Normandie, à l’instar de nombreuses grandes écoles, poursuit ses efforts. Une équipe spécialisée et formée est en place. Autour d’elle, des relais handicap sur les différents campus sont à l’écoute. Ce qui nous permet d’accueillir dans les meilleures conditions plus de 150 étudiants déclarés, soit 3,3 % des effectifs 2020/2021, qui bénéficient d’un cadre aménagé. Nous sommes également présents pour favoriser l’insertion professionnelle avec des canaux spécifiques et une préparation sur mesure pour expliquer sa situation, sans stress. Notre forum emploi NormHandi Days d’avril 2021 a permis de démontrer enfin qu’en province le besoin de mise en relation avec les employeurs existe. Cette initiative va perdurer et se renforcer.

L’engagement, la volonté et l’envie d’aller vers une société plus inclusive nous habitent. Mais nous espérons bien que dans quelques années, nous n’aurons plus besoin de bureaux dédiés car le sujet aura été totalement intégré et la question ne se posera plus.

Eva Souchet, chargée Chargée de missions au Service Equilibre et inclusion

@eva_souchet

Julien Soreau, Responsable Groupe Handicap de la Conférence des Grandes Ecoles

@JSoreauEMNorman