Communiqué de presse :
Au cœur de la stratégie nationale pour l’autisme 2018-2022, et de la Semaine européenne de l’emploi des personnes handicapées (19 au 25 novembre 2018), le projet d’Université Aspie-Friendly* est officiellement lancé. Un levier nouveau pour faire évoluer l’enseignement supérieur. Objectif : rendre les universités inclusives pour les jeunes à besoins éducatifs particuliers, telles que les personnes avec troubles du spectre de l’autisme (TSA).
Ce projet vient d’être retenu au niveau européen pour les trois prochaines années. Et une charte Entreprises Aspie-Friendly sera signée par de grandes entreprises entre le 19 et le 25 novembre. Déjà plus d’une vingtaine d’universités ainsi que des employeurs privés et publics tels que Microsoft, AutiConsult, Thalès, Altran ou le Ministère des armées sont mobilisés.
* Projet financé par le Programme Investissements d’Avenir 3 dans le cadre de l’AAP « Nouveaux cursus à l’Université ». Projet 17-NCUN-0017
Un projet national et européen
Lors des Journées de lancement du projet Aspie-Friendly, les 8, 9 et 10 octobre 2018, l’Agence nationale de la Recherche (ANR) a confirmé le montage financier du projet Construire une université Aspie-friendly pour dix ans à hauteur de 5 millions d’euros.
« Ce projet va permettre la mise en valeur des aptitudes des autistes pour mieux en tirer parti et permettre à ceux qui vivent cette neurodiversité à se réaliser et à prendre leur place dans la société en y apportant leur contribution » Dominique Gillot, présidente du Conseil national consultatif des personnes handicapées
Le réseau Aspie-Friendly est aussi associé au projet européen « Improving Employability of Autistic Graduates in Europe », conduit par le Dr. Marc Fabri de l’université de Leeds-Beckett qui permettra de produire des guides favorisant l’insertion professionnelle des autistes. Cinq universités européennes participent à ce projet.
Le projet, porté par Bertrand Monthubert, ancien Président de l’Université Toulouse 3 Paul Sabatier et ancien rapporteur général de la Stratégie nationale de l’enseignement supérieur, s’organise autour de neuf groupes de travail :
- Innovation par les outils numériques
- Innovation pédagogique : adaptation des cursus
- Accompagnement à la vie quotidienne
- Formation des acteurs
- Gestion de l’interface amont : lien entre l’Enseignement Secondaire
- Gestion de l’interface aval : insertion professionnelle
- Évaluer l’impact du projet : Sciences de l’éducation
- Évaluer l’impact du projet : Psycho-cognitif
- Évaluer l’impact du projet : Économie.
En parallèle, un réseau de référents locaux est constitué au cœur des établissements.
« Ce projet tente de construire une approche globale pour accompagner les personnes avec autisme dans leur parcours vers l’enseignement supérieur, au sein de celui-ci, puis vers l’insertion sociale et professionnelle. » Bertrand Monthubert, ancien Président de l’Université Toulouse 3 Paul Sabatier, ancien rapporteur général de la Stratégie nationale de l’enseignement supérieur
Des actions déjà en cours
Des professionnels formés
Afin d’aider les accompagnants à intégrer la singularité dans le collectif universitaire, des formations sont organisées pour les enseignants, administratifs et responsables de services handicap. Le but : mieux comprendre les particularités des personnes avec autisme, pour construire des solutions adaptées à chacun. Déjà plus de 100 personnes ont pu être formées sur Paris le 8 octobre, et 65 personnes avait pu être formées en juin en Occitanie.
Focus. La journée de formation à Paris a été animée par le Pr. Patrick Chambres professeur de psychologie à l’université Clermont-Auvergne et responsable du groupe de travail Formation dans le projet Aspie-Friendly, ainsi que par Stef Bonnet-Briey et Thomas Poncelet, deux personnes avec autisme. Cette journée a permis d’aborder à la fois les dernières avancées scientifiques sur l’autisme, et des mises en situation concrètes. Une vidéo de témoignages d’anciens étudiants Aspies, réalisée par Thomas Poncelet a illustré les difficultés, mais aussi les facilités.
Une charte Entreprise Aspie-friendly
Une charte « Aspie-Friendly » va favoriser l’insertion professionnelle des Aspies : elle sera signée lors de la semaine européenne de l’emploi des personnes handicapées, du 19 au 25 novembre 2018. Des entreprises comme Microsoft France, Thalès, Altran ou AutiConsult ont témoigné de l’intérêt pour elles d’employer des personnes autistes, en présentant à la fois des expériences réussies et en insistant sur le besoin d’accompagnement dans ces démarches. Le Ministère des Armées, qui a signé une convention avec Aspie-Friendly et l’association AFG Autisme, a présenté sa volonté de recruter des Aspies. Cette démarche remarquable, présentée officiellement lors d’un colloque le jeudi 11 octobre dernier à l’État-major des Armées ouvert par les ministres Geneviève Darrieussecq et Sophie Cluzel, marque une collaboration qui ouvre des perspectives importantes pour des Aspies.
« La préparation à l’insertion professionnelle des Aspies doit commencer tôt dans le cursus, il ne faut pas attendre d’être placé devant le mur de l’embauche pour s’en préoccuper. » Simone Bonnafous, ancienne président de l’université Paris Est Créteil Val de Marne, ancienne directrice générale de l’enseignement supérieur et de la recherche du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Des actions en vue
Un Centre national de ressources et d’accompagnement
Objectif : permettre l’auto-formation, afin que chaque professionnel puisse s’adapter aux situations singulières qu’il rencontre au fil de l’année. Un centre national de ressources et d’accompagnement devrait être en ligne d’ici fin 2019.
Une adaptation des cursus
Partant de besoins réels, exprimés lors de l’échange avec des étudiants autistes, l’équipe travaille sur des adaptations pédagogiques prenant pleinement en compte les caractéristiques autistiques. Les outils numériques seront mobilisés pour améliorer le dispositif pédagogique.
Deux comités consultatifs
Un comité scientifique est en cours d’installation. Plusieurs spécialistes reconnus mondialement dans le domaine de l’autisme ou de la pédagogie ont engagé l’échange, comme le Pr. Laurent Mottron, de l’université de Montréal, grand spécialiste du syndrome d’Asperger. Ce comité permettra d’apporter un regard extérieur sur nos actions pour permettre de mieux les orienter, et de bénéficier de relais vers d’autres acteurs internationaux.
Un comité des utilisateurs est destiné à intégrer à la fois des étudiants Aspies du projet, des personnels des universités afin de faire émerger leurs demandes et s’assurer que les outils que nous mettons en place y répondent bien. Cette participation de personnes avec autisme s’est illustrée avec la participation à cette journée de deux Aspies anciens étudiants.
Le besoin de créer une Université inclusive
Un constat : aujourd’hui, à peine 500 Aspies dans les universités
0,5 % de la population est porteuse de trouble du spectre de l’autisme sans déficience intellectuelle. Pour autant, moins de 500 étudiants avec troubles du spectre de l’autisme (TSA) sans déficience intellectuelle (Aspies) sont inscrits dans l’enseignement supérieur français.
Si l’action a un coût, le coût de l’inaction est aussi considérable : pour le Royaume-Uni, la London School of Economics a évalué à 32 milliards de livres le coût de l’autisme. Il pourrait être fortement réduit grâce à de nouvelles approches.
+ d’infos :
Suivez le projet sur Twitter : @Aspie_Friendly
– Vidéo Bref, je suis Aspie youtu.be/vh9byweNOlM (intervention de David Da Fonseca, responsable du work package « Gestion des interfaces avant l’Université » Aspie-friendly)
– Vidéo Idées reçues sur l’autisme www.youtube.com/watch?v=VsBte6SGEno (interview de Josef Schovanec, chargé de mission Aspie-friendly)