Hanna Bendjador, brillante doctorante de 26 ans à l’ESPCI Paris – PSL, a été récompensée par le Prix Jeunes Talents France 2020 de la Fondation L’Oréal, en partenariat avec l’Académie des sciences et la Commission nationale française de l’UNESCO. Portrait d’une chercheuse prometteuse.
La 14è édition du Prix Jeunes Talents France continue de mettre en lumière les chercheuses dont les travaux contribuent à bâtir un monde meilleur, durable, plus résilient et inclusif. Objectif : soutenir les femmes dans la science. Elles ne représentent aujourd’hui que 28 % des chercheurs en France. « Ce programme souhaite susciter davantage de vocations parmi les jeunes filles qui osent peu se diriger vers des carrières scientifiques », s’enthousiasme Hanna Bendjador, qui fait partie des 35 chercheuses primées.
Science et conscience
C’est à Tours qu’Hanna Bendjador est née et a grandi, entourée de trois grands frères. « D’où ma capacité à travailler dans un milieu assez masculin ! » Après un parcours qu’elle qualifie de « classique », un baccalauréat scientifique puis une prépa, elle intègre l’ESPCI (Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles) à Paris. Coup de cœur pour l’école. « C’est l’une des rares grandes écoles à proposer des parcours en sciences fondamentales. Elle forme des scientifiques avant tout », apprécie-t-elle.
Car Hanna Bendjador a toujours su qu’elle deviendrait une scientifique. « Les sciences sont un terrain de jeu formidable. Nous testons toutes nos idées pour répondre à la problématique que nous nous sommes fixée et il n’y a rien de plus gratifiant que de trouver la réponse qui, en plus, peut avoir un réel impact. » C’est notamment pour la physique qu’elle développe un goût prononcé. « La physique fondamentale », précise-t-elle. Quand sonne l’heure de choisir l’objet de sa thèse, la doctorante n’hésite pas une seconde à continuer à l’ESPCI Paris – PSL, dans son laboratoire Physics For Medecine Paris, et oriente ses travaux de recherche en physique fondamentale.
Comprendre les ultrasons pour transformer l’échographie
L’objet de sa thèse ? L’utilisation des ondes ultrasonores pour voir l’invisible. « Les ondes de pression, quand elles se propagent, sont affectées par les milieux complexes ou hétérogènes comme la barrière du crâne, les muscles ou le gras dans le corps humain. Grâce à de nouvelles approches de traitement des données, nous sommes parvenus à corriger la propagation des ondes en temps réel, afin d’améliorer l’image échographique », nous explique la thésarde. Une avancée scientifique considérable compte tenu de l’intérêt majeur des échographes en imagerie médicale, seule approche non-invasive et non-irradiante, dont la précision restait à améliorer. A terme, cette méthode pourrait permettre d’envisager les échographies du cerveau à travers le crâne.
Un talent primé
Après trois ans de recherche « hors-du-temps », Hanna Bendjador est primée par le Prix Jeunes Talents 2020 L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science alors qu’elle s’apprêtait à soutenir sa thèse en octobre 2020. « Je ne m’y attendais pas. C’est une telle reconnaissance d’être sélectionnée parmi près de 700 candidates par un jury d’excellence, composé de 20 éminents chercheurs de l’Académie des sciences et présidé par Laure Saint-Raymond, mathématicienne et professeure des universités à l’École Normale Supérieur de Lyon » se ravit-elle.
Mais sa plus belle récompense reste la reprise de ses outils et méthodes de recherche par ses confrères. « Faire avancer la science, ensemble, pour la société et l’environnement est mon principal moteur. » Son doctorat désormais terminé, la chercheuse continue de poursuivre cet objectif à l’Université de Stanford aux Etats-Unis.