Harvard, Stanford, MIT : comment intégrer ces trois universités prestigieuses ?

Si la sélectivité et la qualité d’Harvard, de Stanford et du MIT sont bien connues des jeunes diplômés français, la démarche à suivre pour les intégrer l’est moins. Afin de les éclairer sur ce point, nous avons rencontré quatre interlocuteurs bien renseignés sur le sujet : Jean-Marc Daillance, liaison officer pour le Harvard Business School Club de France et diplômé du MBA de cette école, Boris Gimond, fraîchement diplômé du MBA de la Stanford Graduate School of Business, et enfin David Znaty et Thérèse Vien, respectivement ancien et actuel présidents du MIT Club de France et tous deux diplômés d’un MSc du MIT. Ils nous ont livré des astuces pour intégrer la Harvard Business School, la Stanford Graduate School of Business et le MIT.

Commencer par y croire…
Harvard, Stanford, MIT : des institutions dont le nom fait rêver bon nombre d’étudiants français, fascinés par le prestige indéniable de ces établissements dont la réputation n’est plus à faire, ici, dans l’Hexagone. Pourtant, ils sont encore trop peu nombreux à postuler, probablement persuadés qu’ils ne seront pas à la hauteur du niveau exigé. Et pourtant ! Les quatre anciens diplômés d’Harvard, de Stanford et du MIT que nous avons interrogés sont unanimes : les Français sont très appréciés outre-atlantique et beaucoup d’entre eux possèdent les qualifications nécessaires pour être reçus. « Comme l’avait dit une fois le doyen d’Harvard, une condition pour être admis c’est déjà de déposer son dossier » remarque malicieusement Jean-Marc Daillance. Autrement dit, commencer par considérer que oui, intégrer l’un de ces mastodontes de l’enseignement supérieur américain, c’est possible, c’est déjà franchir un premier pas indispensable.

 

…puis se renseigner…
Attention toutefois à ne pas considérer ces trois établissements comme trois répliques d’un même modèle ! Chacune de ces universités possède son identité propre, née de l’attachement à certaines valeurs et de l’utilisation de méthodes d’enseignement spécifiques. Conséquence : les étudiants d’Harvard ne présentent pas le même profil que ceux de Stanford, et les débouchés qu’offre le MIT se distinguent de ceux que propose Harvard. Il est donc essentiel de se renseigner en profondeur sur l’établissement avant de postuler, d’autant plus que le coût engagé pour de telles études est loin d’être négligeable. « C’est quand même très engageant. Il y a le coût des études et également le coût d’opportunité de s’arrêter de travailler » rappelle Jean-Marc Daillance, avant d’ajouter qu’il est important de « s’y prendre à l’avance, à la fois pour se renseigner, pour le financement et pour les dossiers qui demandent du temps. » Thérèse Vien se souvient d’ailleurs qu’elle avait préparé l’entrée au MIT deux ans à l’avance. « Pour ceux qui sont vraiment motivés, je ferais l’effort d’aller sur place » déclare-t-elle. Un conseil que donne également Boris Gimond : « Il faut idéalement aller sur place pour voir si cela leur plaît, sinon parler un maximum aux anciens élèves ».

 

… et enfin, se lancer !
Une fois la décision prise de s’inscrire, la procédure est quasiment identique pour le MIT, la Harvard Business School et la Stanford Graduate School of Business. Un dossier doit être constitué, contenant (à quelques variantes près d’un établissement à l’autre) :
– la formation scolaire suivie et le bulletin correspondant
– les résultats au GMAT et au TOEFL
– des recommandations : « C’est plus important d’avoir des gens qui vous connaissent bien que des gens très connus » précise d’ailleurs Jean-Marc Daillance
– des essais, qui cherchent à déterminer la personnalité et la motivation. « Pour postuler à Stanford, il faut répondre à plusieurs questions, parmi lesquelles la traditionnelle question de Stanford « Qu’est-ce qui compte le plus pour vous ? » explique Benoît Gimond. Si son dossier est sélectionné, le candidat  devra ensuite passer un entretien, dans l’idéal de visu, mais si cela s’avère impossible, par Skype ou par téléphone.

 

Le MIT, une école de management pour ingénieurs
Durée : 2 ans pour un master
Nombre d’étudiants français : entre trente et quarante chaque année au sein du MIT
Formation et expérience requises : Environ trois quart des élèves viennent d’une école d’ingénieur. Le MIT choisit des étudiants qui sont classés parmi les meilleurs dans leur établissement. Les candidats doivent avoir au moins 5 ans d’expérience professionnelle.
Profil recherché : « L’école cherche à détecter des talents, en s’intéressant particulièrement à ce qui a été accompli » explique David Znaty. « Il faut que les candidats aient fait quelque chose qui soit marquant du point de vue de l’originalité. »
Enseignement : « Il y a une force extrême de cette université que je n’ai trouvé nulle part ailleurs : la proximité entre élèves et enseignants. Il y a quasiment autant de professeurs/ chercheurs que d’élèves ». Les étudiants sont exposés aux problématiques d’entrepreneuriat et du monde professionnel, avec un accent mis sur la créativité et l’innovation.
Spécificités et valeurs : C’est une université qui reste scientifique. Une de ses forces : « avoir su créer une école de management basée sur l’idée que les ingénieurs sont amenés à gérer des entreprises et n’ont pas suffisamment d’expérience dans le management. » Une expérience que le MIT compte bien leur donner…
Débouchés : « C’est l’une des écoles qui a généré le plus d’entrepreneurs par nombre d’étudiants. Par ailleurs, les diplômés du MIT ont tendance à travailler à l’international. »

 

Harvard Business School, spécialiste de la méthode des cas
Durée : 2 ans pour le MBA
Nombre d’étudiants français : entre douze et vingt-quatre selon les années
Formation et expérience requises : Posséder un diplôme de grande école ou une licence, et si possible avoir déjà une expérience professionnelle de 3-4 ans.
Profil recherché : « Des personnes assurées et pas trop introverties, intéressées par l’entrepreneuriat, qui donnent l’impression que plus tard elles seront des leaders socialement responsables et qui sauront interagir en classe », telle est la description que donne Jean-Marc Daillance.
Enseignement : « En France c’est le professeur qui parle aux élèves alors qu’à Harvard on utilise la méthode des cas qui crée un dialogue entre les élèves. Ce n’est pas un enseignement professoral classique, c’est un enseignement très spécifique à Harvard. C’est quasiment la seule business school qui n’utilise que cela comme méthode. Il n’y a quasiment pas de cours théoriques. J’ai trouvé cela tout à fait passionnant et très complémentaire des études que l’on peut faire en France. »
Spécificités et valeurs : « L’énergie qui rayonne là-dedans est vraiment épatante, avec une impression que tout est possible. Les gens qui reviennent de là-bas sont un peu transformés. Ils acquièrent une espèce de confiance en eux-mêmes qui est assez étonnante. »
Débouchés : « Le maître mot en termes de ce que l’on y apprend c’est la direction générale. La plupart des anciens d’Harvard montent leur entreprise ou en rachètent une un jour ou l’autre. »

 

Stanford Graduate School of Business, au coeur de la Silicon Valley
Durée : 2 ans pour le MBA
Formation et expérience requises : Il n’y a pas d’exigence particulière en terme de niveau académique requis. Cependant, on demande en moyenne 3 ans d’expérience professionnelle.
Nombre d’étudiants français : Entre un et quatre chaque année
Profil recherché : « Ce qui est fantastique, c’est que cela s’adresse à tout le monde. Il n’y a aucune limite dans le profil des gens. Mais il faut avoir de l’ambition, avoir vraiment envie de faire quelque chose de grand de sa vie professionnelle, savoir se confronter au risque et sortir à l’extérieur de sa zone de confort » précise Boris Gimond.
Enseignement : Une combinaison de la méthode des cas et de cours plus théoriques. « C’est un enseignement académique très efficace. Stanford est vraiment une école de l’entrepreneuriat. »
Spécificités et valeurs : « C’est une nouvelle culture qui donne la possibilité de s’imprégner de l’esprit entrepreneurial de la Silicon Valley. »
Débouchés : « Extrêmement variés, en fonction de ce que recherchent les élèves. »

 

Claire Bouleau
Twitter @ClaireBouleau