« Le seul risque que prend l’homme féministe c’est de devenir moins con ». Dans son Petit guide du féminisme pour les hommes, le journaliste Jérémy Patinier évoque la place des hommes dans une dynamique d’équité sociale et professionnelle. Mais dans les faits, comment les hommes s’engagent-ils concrètement pour la parité ?
Elles et Eux, Ensemble vers le futur
Pourquoi est-il essentiel que les hommes se sentent concernés par le déficit de représentativité des femmes dans l’entreprise ? C’est la question à laquelle le Cercle InterElles a répondu lors de son 17e colloque sur le thème Elles et Eux, Ensemble vers le futur. Réseau de réseaux de femmes et d’hommes engagés pour la mixité, le Cercle représente 14 entreprises du monde scientifique et technologique (Air Liquide, Canon, CEA, Dassault Systèmes, Engie, GE, Gemalto, IBM, Intel, Lenovo, Nexter, Orange, Orano et Schlumberger). Une occasion privilégiée pour Catherine Ladouce, sa présidente et directrice de la communication de Lenovo EMEA, de rappeler l’importance d’ouvrir au plus grand nombre les réseaux féminins. « Le rôle des hommes est déterminant pour changer la donne. Ce sont généralement eux qui détiennent le pouvoir et ont en fin de comptes les cartes en main pour peser sur la décision. Les réseaux de femmes ont compris depuis belle lurette que, sans eux, nous n’allons pas gagner la bataille » a-t-elle d’ailleurs annoncé.
Jamais sans Elles : « l’avenir est entre vos mains »
Astrophysicien et professeur au laboratoire APC de l’Université Paris Diderot, Etienne Parizot est signataire du Club des Gentlemen. Membre fondateur de #JamaisSansElles, il s’est engagé comme des centaines d’hommes et de femmes à ne plus participer à des événements, débats, panels d’experts ou tables rondes sans femmes. Il revient sur les ambitions de l’association.
Pourquoi vous être engagé pour Jamais Sans Elles ? Parce qu’il n’est plus supportable, y compris pour les hommes, d’aborder des questions stratégiques, politiques, sociétales et économiques sans les femmes ! Jamais Sans Elles n’est pas engagé dans un rapport de force ou dans un combat de femmes pour les femmes mais bien dans une réflexion naturelle qui devrait être partagée par tous les citoyens. « Le féminisme est un humanisme », tel est notre credo.
Pourquoi reste-il difficile de faire valoir la parole des femmes expertes ? A force de ne voir que des hommes prendre la parole, on finit par se dire qu’ils sont les seuls détenteurs du savoir. Il est de notre responsabilité à tous de prouver que c’est aberrant : assister à une conférence ou une table-ronde exclusivement masculine c’est être assuré de perdre son temps.
Diriez-vous que vous êtes féministe ? Je suis surtout un humaniste qui n’oublie pas que l’Humanité est faite d’hommes et de femmes ! C’est une question de pragmatisme : pourquoi gâcher tant de talents alors que nous en manquons cruellement dans certains domaines ? Jamais il ne viendrait à l’idée au sélectionneur de l’équipe de France de foot de ne choisir que des joueurs nés un jour impair. Et pourtant, c’est exactement ce qu’on fait depuis des années avec les femmes.
Comment s’inscrire durablement dans un cercle vertueux ? En refusant de cautionner cette absurdité qu’est le déficit de représentativité des femmes : prenons les choses en main ! Quand j’interviens dans une conférence, j’annonce tout de suite la couleur aux organisateurs : en l’absence de femmes sur scène, je refuse de venir. Et ça marche ! Nous sommes fiers d’avoir vu que c’était possible de faire bouger les choses mais nous devrions avoir honte de ne pas y avoir pensé plus tôt.
Votre mouvement est d’ailleurs en train de dépasser nos frontières ! Le 8 mars dernier, les ministres Jean-Yves Le Drian et Nathalie Loiseau ont effectivement lancé un appel à toute la diplomatie française pour adhérer à Jamais Sans Elles. Une quarantaine d’ambassadeurs l’ont déjà signé.
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