Cette nouvelle « révolution industrielle » mobilise écoles et universités. Elle offre des débouchés attrayants aux futurs diplômés – en particulier les ingénieurs.
Prenez une large part des technologies récentes – IA, Internet des Objets, robotique, impression 3D, réalité augmentée… Ajoutez un mode d’organisation en rupture, et mettez le tout au service de l’usine. Ainsi peut-on concevoir l’« industrie du futur ». Cette nouvelle « révolution industrielle » bouscule tout : le fonctionnement des sites de production, leur modèle économique, les relations avec clients et fournisseurs, la chaîne logistique… « L’accélération de l’innovation, portée notamment par le numérique et des outils comme le big data, le deep learning ou l’intelligence artificielle, va toucher tous les secteurs industriels, et même les services », prévient Vincent Laflèche, directeur de Mines ParisTech. Beaucoup y voient un moyen de relancer une industrie française en fort déclin depuis une vingtaine d’années… Il s’agit donc d’un défi majeur, technologique, économique et même géostratégique, à la fois pour les entreprises, pour les pouvoirs publics… et pour l’enseignement supérieur.
Les écoles d’ingénieurs mènent la danse
Sans surprise. Notamment au sein de l’IMT, en pointe sur le sujet. Chacune y va de son dispositif. Mines ParisTech mise à fond sur les « sciences prédictives » pour l’industrie du futur, en concentrant moyens de calcul intensif, outils de simulation numérique et algorithmes de traitement des données. Le nouveau cursus d’ingénieur civil s’inscrit d’ailleurs dans cette optique.
IMT Atlantique propose une dizaine de « plateformes d’excellence » dédiées à l’industrie du futur, adossées à ses laboratoires et mises à la disposition des entreprises pour évaluer leurs projets, apprivoiser les technologies et les méthodes et former des élèves.
A IMT Mines Albi, le Centre de génie industriel (CGI) accueille un nombre croissant d’étudiants et séduit des entreprises. Le tout débouchant, selon les cas, sur la création d’une chaire (Ioméga, avec Pierre Fabre), d’un laboratoire commun (avec Veolia) ou d’un laboratoire international (avec Georgia Tech).
L’Ecole des Mines de Saint-Étienne fédère autour de son site provençal les acteurs de la microélectronique et de l’informatique au sein d’un « Campus métiers industrie du futur Sud », avec une offre alliant formation (du CAP au doctorat), recherche et innovation.
En réalité, la plupart des écoles d’ingénieurs se mobilisent : création à Grenoble INP d’un campus de référence dédié à l’industrie du futur, avec quatre espaces spécialisés (réalité virtuelle et prototypage, comportements humains, gestion des opérations, supply chain) ; dominante « entreprise du futur » sur deux semestres à l’Eigsi-La Rochelle ; lancement de plateformes de recherche et de transfert au Cesi…
Les universités ne sont pas en reste
Celle de Haute-Alsace fait de l’industrie du futur un axe clé de sa stratégie. L’Université de Lorraine pilote une dizaine de thèses sur la question. A Troyes, l’Université de Technologie lance un mastère spécialisé avec la business school du groupe Y Schools…
Et même les écoles de management s’y mettent !
D’autant que, si le numérique joue un rôle clé – certains parlent d’« usine 4.0 » – le « facteur humain » compte aussi. ESCP Business School ainsi a monté une chaire sur le sujet avec Safran et Michelin. Au programme : conférences, projets de recherche, études de cas… De quoi, selon Géraldine Galindo, directrice du programme, « fournir aux futurs managers un autre regard sur l’industrie… et leur donner envie de postuler ». « Nous intégrons à l’ensemble de nos cursus la réflexion sur les nouveaux modèles de management et de business », indique pour sa part Jean-François Fiorina, directeur adjoint de Grenoble EM.
Mais qui relèvera le défi de l’industrie du futur ?
Il est vrai que les débouchés ne manquent pas. « Nos diplômés n’ont aucun mal à se placer », souligne Xavier Lorca, qui dirige le CGI à Albi. Encore faut-il posséder le bon profil pour travailler dans l’industrie du futur. Les qualités requises ? Nombreuses : un large socle de compétences, d’abord – dans le numérique, la robotique, la logistique… Une vision globale des enjeux (sociétaux, environnementaux…), ensuite. Ajouter encore l’aptitude à travailler de façon interdisciplinaire, la maîtrise de la complexité et une bonne dose d’intelligence collective. Bref, il faut avoir les épaules larges !