Longtemps associé aux filières techniques, l’apprentissage gagne peu à peu l’enseignement supérieur. Et les études d’ingénieurs n’échappent évidemment pas à cette tendance. Pourquoi, comment ? Éléments de réponse.
L’alternance : le pari gagnant ! Permettant aux étudiants d’alterner périodes à l’école et en entreprise, elle devient une voie privilégiée pour accéder à l’emploi. Et les jeunes ingés ne s’y trompent pas. Pour l’année 2017-2018, l’apprentissage a été choisi par 15,5 % des apprenants en formation initiale d’ingénieurs soit 22 544 étudiants (sources ministérielles / Système d’information sur la formation des apprentis (SIFA)) « C’est tout à fait significatif, il y a eu un vrai boom ces dernières années. Aujourd’hui, presque toutes les écoles la proposent », assure Jean-Louis Allard, directeur de CESI École d’Ingénieurs, qui regroupe 25 campus en France.
L’alternance c’est fait pour qui ?
« Si l’apprentissage se prête presque à tous les domaines, il est particulièrement pratiqué dans les secteurs très « pratiques » comme le BTP ou l’informatique. Son développement dépend aussi des besoins et des pénuries de candidats diplômés dans les entreprises », explique Jean-Louis Allard. De fait, l’alternance se démocratise, même si elle est choisie de façon différente en fonction des profils des étudiants. « La formation antérieure est un critère important Des élèves qui ont fait un BTS ou un DUT vont être plus attirés par l’apprentissage que des élèves qui ont fait des classes préparatoires aux grandes écoles et qui vont, traditionnellement, plus vers les statuts étudiant », expose Morgan Saveuse, directeur des études de CESI École d’Ingénieurs.
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Entrer dans le concret
Et pourtant, l’apprentissage présente de nombreux avantages. « Les étudiants ont la possibilité d’être dans le concret, de voir la finalité de ce qu’ils ont appris à l’école et entrent tout de suite dans le monde du travail, c’est important » expose Morgan Saveuse. C’est aussi l’opportunité d’être rémunéré et exonéré de frais de scolarité, pris en charge en majorité par les OPCO (opérateurs de compétences, chargés d’accompagner la formation professionnelle) et par l’entreprise.
Autre avantage, un taux d’insertion dans le monde de l’emploi très élevé. « Entre 85 et 100 % des étudiants apprentis, en fonction des filières, trouvent un emploi à la sortie de leur formation. C’est légèrement plus que les élèves sous statut étudiant. On forme des personnes qui ont à la fois une culture scientifique, technique et professionnelle », conclut Jean-Louis Allard.
Alternants, ils ont fait le bon choix !
Émilie Courtonne, 21 ans, en 3e année à l’ECE Paris, apprentie chez Orange Business Services « Je souhaitais un enseignement moins théorique, entrer dans le monde du travail et être indépendante financièrement de mes parents. L’apprentissage permet de se créer un énorme réseau, de découvrir réellement le monde du travail, d’avoir un diplôme tout en acquérant de l’expérience. A l’école, je suis présidente de l’association des apprentis de l’ECE et ça me sert beaucoup pour la gestion de projets en entreprise. »
Lucie Dankovics, 23 ans, en 2e année à l’ESTP Paris, en apprentissage dans l’entreprise Lefort Francheteau (Vinci Energies) « Je ne voyais pas mes études d’ingénieur autrement que par l’alternance. Avant d’entrer à l’ESTP, j’ai fait un bachelor très professionnalisant avec beaucoup de stages. L’apprentissage permet de savoir rapidement si le métier nous plait ou pas. Par contre je me sens un peu en décalage par rapport aux autres étudiants, il y a un fossé dans le degré de maturité ! »
Corentin Drault, 21 ans, étudiant en M1 à l‘Efrei Paris, apprenti à la Société Générale « Avant d’entrer en L3 à l’Efrei Paris, j’ai fait un DUT informatique qui m’a donné un bagage plus pratique que technique. J’étais donc prêt à aller dans le monde professionnel. En plus, sans l’apprentissage qui couvre mes frais de scolarité, je n’aurais sans doute pas pu entrer à l’Efrei Paris. »