Seules 11 % des entreprises qui figuraient dans le classement Fortune 500 en 1955 en font encore partie aujourd’hui. Autrement dit 90 % d’entre elles n’existent plus. Le constat est donc sans appel : pour durer, innover n’est plus une option ! Mais encore faut-il savoir comment innover. Innovation incrémentale ou innovation de rupture : faut-il choisir son camp ? Une chose est en tout cas certaine : face aux transitions économiques, numériques, sociales, sociétales, environnementales ou géopolitiques, la seule innovation technologique ne suffit plus. En 2023, l’innovation sera protéiforme ou ne sera pas. Un challenge de taille qui ne fait pas peur aux entreprises. Selon le Baromètre international de l’innovation 2023 publié par Ayming Institute, elles sont en effet plus confiantes dans leur capacité d’innovation cette année (+ 4 %). Preuve en est, le nombre d’entreprises disposant d’un budget défini pour la R&D est passé de 77 à 84 % et 62 % des entreprises s’attendent à une augmentation des budgets de R&D, (dont 21 % à une augmentation significative) cette année. Une croissance de la stratégie R&D dont les moteurs sont l’importance de prendre en compte le long terme et la demande future du marché en la matière (52 %), la nécessité d’améliorer les capacités technologiques internes (50 %) et de suivre le rythme des concurrents (41%). Mais alors, sprint ou marathon, quel est le bon rythme à adopter pour la course à l’innovation ? Innover à tout prix pour mieux régner : est-ce vraiment le meilleur ticket à jouer ? L’innovation a-t-elle atteint son point de rupture ? Envie de tout savoir sur la deep tech en 2023 ? Suivez le guide dans cette enquête de la Rédaction.
Plan Deep Tech, on en est où ?
Lancé en 2019, le Plan Deeptech a pour ambition de faire de la France un acteur majeur de l’innovation de rupture à l’échelle internationale. Le point en 2023.
La France, future Deeptech nation d’ici 2025 ? Le pari est en passe d’être réussi : en 2022, 320 startups de la Deeptech – soit deux fois plus qu’en 2018 – ont été créées, engendrant la création de près de 50 000 emplois.
Tous les voyants sont au vert pour la deep tech en 2023
Doté initialement de trois milliards d’euros, le plan a connu un nouvel élan en 2022 à travers le financement des Pôles Universitaires d’Innovation (PUI) et le Plan startups et PME industrielles. La Deeptech est désormais au cœur de la dynamique économique des territoires et s’inscrit comme un levier de réindustrialisation majeur, plus particulièrement dans des domaines stratégiques tels que la santé, la transition énergétique et écologique, la quantique ou les semi-conducteurs. La France compte aujourd’hui près de 1 800 startups Deeptech actives – soit 44 % des startups industrielles – et 118 sites actifs.
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L’œil de l’expert
Maëva Tordo est directrice de la Blue Factory et membre du conseil d’administration de La Boussole des Entrepreneurs. « Il y a une volonté avérée de mettre en place des dispositifs d’accompagnement de l’innovation. Mais par définition, lorsque l’on part à l’aventure du nouveau, on ignore par où l’innovation va passer et combien de temps elle va prendre. Donc il y a un paradoxe certain entre le fait de mettre des ressources à disposition de l’innovation et vouloir la guider pour obtenir des résultats rapides. Les mesures d’impact interrogent : à quel horizon les consulter ? Trop tôt, on risque de brider l’innovation, trop tard, on risque de l’appréhender avec une vision du passé. Il faut pouvoir se libérer de ce prisme pour réellement innover. C’est pourquoi, l’innovation ne peut pas être qu’appliquée. Elle doit aussi être fondamentale. »
Les JO sur la ligne de départ de la course à l’innovation
Heureusement, le plan Deeptech n’est pas le seul vecteur d’innovation. Loin de là ! Les grands évènements d’envergure mondiale offrent souvent un terrain fertile à l’innovation. Sur ce point, les prochains Jeux Olympiques et Paralympiques ne font pas exception. 15 000 athlètes, plus de 200 sites, 12 000 écrans connectés, 8 000 bornes Wifi, 13 000 ordinateurs, 400 000 km de fibre optique… Pour Paris 2024, le premier défi est technologique.
L’intelligence artificielle est dans les starting blocks
L’IA sera omniprésente au quotidien. L’interprétation des données visuelles – rendue possible par la computer vision – permettra, entre autres, de fluidifier le trafic routier et les transports en commun, renforcer la sécurité publique, ou gérer les lumières et les déchets. Elle facilitera aussi le travail des juges de gymnastique artistique en calculant la valeur de difficulté et en traitant les réclamations.
Le numérique en pôle
Pour la première fois, une Olympiade sera connectée avec une architecture réseau fibre, wifi, 5G unifiée et nativement IP. La technologie Push-To-Talk intégrée à un système de talkie-walkie permettra également des communications entièrement sécurisées et une disponibilité garantie.
L’innovation pour coach
I-Perskin est la première housse connectée pour sac de frappe intelligent. La technologie à base de capteurs souples mesure la force et la réactivité du boxeur. Toutes les données sont compilées dans une application smartphone pour ainsi améliorer sa frappe et suivre sa progression.
>>>> Envie d’en savoir plus sur la deep tech en 2023 ? Découvrez la tribune exclusive de Romain Sohier, expert de l’EM Normandie sur le thème : ChatGPT est-il vraiment un game changer ?
Rolling in the deep – Les doctorants entrepreneurs au cœur de la deep tech en 2023
50 % des PhD songeraient à lancer leur startup. Un chiffre à mettre en perspective avec le déploiement des Pôles Universitaires d’Innovation (PUI). En 2023, 29 nouveaux projets ont été présélectionnés faisant suite aux cinq pôles pilotes créés fin 2021. Des doctorants-entrepreneurs partagent leurs tips pour se lancer avec succès.
Une startup autour du bien-être animal ? Une idée loin d’être bête
Diplômée de VetAgro Sup Clermont-Ferrand, Flore Viallard est aujourd’hui doctorante en nutrition zoologique au Parc Animalier d’Auvergne. Son ambition : mettre en avant les impacts des changements alimentaires sur le bien-être animal, environnemental et humain. Un enjeu qui l’a poussée à créer Nutrioo en octobre 2021. La société conseille les structures zoologiques sur l’alimentation de leurs espèces animales, forme les équipes sur la nutrition et participe à la recherche scientifique. « L’incubation avec Clermont Auvergne Innovation (CAI) me permet d’être épaulée et guidée dans mes projets. Être entrepreneur demande d’être partout en même temps. CAI m’aide alors à structurer mes idées et mes démarches. C’est aussi l’accès à un nouvel écosystème et à un réseau de professionnels enrichissant au sein de ma région. »
L’entrepreneur est un équilibriste
Mener sa vie d’entrepreneure et doctorante en parallèle est une question d’équilibre et de confiance : ses clients ont été prévenus avant la signature des contrats de sa nouvelle activité. Les développements à court et moyen terme de Nutrioo ont été réfléchis et mis en route avant le démarrage de la thèse. « Et le fait d’être bientôt accompagnée par deux nouvelles personnes dans l’entreprise me permet d’être toujours présente auprès de nos clients, sans impact sur la qualité de nos échanges et nos missions. » Le secret de Flore pour naviguer entre ces deux casquettes ? Motivation, organisation, relations de confiance, un poil de culot et un bon agenda électronique !
Du doctorat au prix de l’innovation 2022, il n’y a qu’une incubation
Titulaire d’un doctorat de l’Université de Montpellier – effectué en codirection entre l’Institut européen des membranes et l’Institut de recherche en cancérologie – Habib Belaid fait porter ses travaux sur le développement de matrices 3D et de ciments injectables pour le traitement de lésions osseuses induites par les métastases cancéreuses. « L’objectif de ma thèse était de développer de nouveaux types de biomatériaux susceptibles de traiter les fractures liées aux métastases osseuses induites par des cancers métastatiques, le cancer du sein notamment. Nous nous sommes intéressés à l’impression 3D pour la fabrication de ce type d’implants, car cette technique permet d’obtenir des implants à façon, selon la forme et la localisation de la fracture à traiter. » Le prix de l’innovation vient ainsi récompenser plusieurs années de recherche et apporter de la visibilité à son projet de création de startup, NEXTMAT 3D, portant sur de nouveaux biomatériaux composites et bioactifs imprimés en 3D pour des applications en santé telle que la reconstruction de l’os en chirurgie dentaire et en cancérologie. « Pour celles et ceux qui souhaitent poursuivre leur carrière en valorisant leurs travaux de recherche, je conseillerais d’en parler, de bien s’entourer et, si c’est la meilleure voie à prendre, de ne pas hésiter à foncer et de ne pas avoir peur d’échouer. »
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Deep tech en 2023 – Anatomie de la création d’une HealthTech
Médecin anesthésiste formé en Tunisie, son intérêt pour les statistiques dans la recherche médicale conduit le docteur Mohamed Mehdi Ben Yahia à obtenir un Master 2 à l’Université de Caen. Depuis, ses recherches doctorales portent sur les conséquences de la défavorisation socio-économique sur la survenue des traumatismes et sur le pronostic des patients après un traumatisme. Sa startup, anesthes.io, permet de recueillir numériquement les informations du questionnaire préanesthésique. La plateforme traite ces informations afin de fournir des suggestions simples aux patients et de faciliter le travail du médecin anesthésiste lors de la consultation. Objectif : rendre le patient acteur de son propre traitement, tout en permettant au médecin anesthésiste de gagner un temps précieux. C’est pendant sa formation doctorale qu’il découvre Pépite Normandie pour l’aider à lancer son projet en gestation depuis cinq ans. « Mon premier conseil : lancez-vous ! Commencez par demander le statut national d’étudiant-entrepreneur. Il vous permettra d’être accompagné par une équipe d’experts qui vous guideront, étape par étape, dans votre projet. L’incubation vous permettra également de développer un réseau qui facilitera votre parcours. L’organisation est essentielle dans cette aventure entrepreneuriale. Apprenez à bien gérer votre thèse et votre projet d’entrepreneuriat en planifiant et en établissant des priorités. Une bonne gestion du temps et une organisation rigoureuse vous permettront de concilier les deux avec succès. »
Trois questions à Jonas August, docteur en biophysique à Sorbonne Université, cofondateur & CEO d’Auxoway
Sur quel domaine portent vos recherches ?
Le sujet concerne l’utilisation des plasmas froids comme procédés innovants pour le traitement des semences dans un contexte de transition agroécologique et de changement des pratiques en agriculture.
Pourquoi avoir lancé votre startup tout en poursuivant votre PhD ?
L’aventure AUXOWAY a commencé lors de ma 2e année de thèse après avoir pris conscience du potentiel de la technologie. Soutenu par la Direction de la Recherche et de la Valorisation de Sorbonne Université et poussé par les industriels, nous avons créé Auxoway qui développe des procédés plasmas pour le traitement des semences, afin de remplacer les produits phytosanitaires utilisés aujourd’hui. Avec le programme Pépite Sorbonne Université, j’ai pu développer mon projet entrepreneurial tout en finissant mes travaux de recherche.
Vos conseils à de futurs doctorants-chercheurs ?
N’hésitez pas à vous lancer dans un projet entrepreneurial. C’est une expérience très enrichissante dans laquelle on acquiert plein de compétences. Mais avant de créer votre startup, il faut bien comprendre les enjeux et les besoins du marché. S’entourer de personnes compétentes et s’ouvrir à des formations comme Pépite, sont aussi des étapes amont fondamentales. En effet, mixer doctorat et entrepreneuriat n’est pas évident. Il faut trouver la balance entre travail de recherche, développement du projet transversal et vie privée.
Deep tech en 2023 – Les conseils d’Eya Aloui, double docteure et découvreuse de technologie
Eya Aloui est titulaire d’un doctorat en pharmacie à l’Université d’Angers et d’un doctorat en chimie des matériaux à l’Université de Strasbourg. Lors de sa thèse sur la formulation de biomatériaux innovants à base de complexes biomacromoléculaires, elle identifie une technologie disruptive pour la fabrication de matériaux à base de protéine, pour laquelle elle dépose un brevet. Financée par la Société d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT) Conectus, elle développe alors la technologie et remporte en 2021 les concours Mature Your PhD et i-PhD. Objectif : transférer la technologie ALBUPAD à une startup créée durant l’été 2023. « Notre objectif est de lancer la prochaine génération de matériaux biosourcés pour la délivrance de médicaments. Le projet ALBUPAD est incubé chez SEMIA et Quest for Health. »
Ses conseils aux futurs chercheurs-entrepreneurs ? Savoir s’entourer et s’associer : un projet de création de startup se vit à plusieurs et avec des profils complémentaires. L’opportunité de mieux équilibrer son projet de thèse et son projet entrepreneurial. S’approcher des structures d’accompagnement aussi, pour bénéficier d’un accompagnement tout au long du développement du projet. Mais également tenter le concours i-PhD, car Bpifrance est un acteur incontournable pour les startups développant des technologies disruptives. Et enfin, étudier ! A commencer par plusieurs ouvrages clés, tels que The lean startup d’Éric Ries. « Ces livres permettent d’acquérir le vocabulaire et de se familiariser avec les différentes problématiques liées à la création d’une startup. »
>>>> Envie d’en savoir plus sur la deep tech en 2023 ? Découvrez la tribune exclusive de John Samuel, expert de CPE Lyon sur le theme : Les modèles d’IA peuvent-ils exprimer des émotions ?
Deep tech, et si on faisait un break ?
Innovation de rupture et slow innovation sont-elles antinomiques ou complémentaires ? Le point de vue croisé de Françoise Prêteux, directrice de la recherche et du développement économique de l’Institut Mines-Télécom (IMT), et de Maëva Tordo, directrice de la Blue Factory (incubateur de l’ESCP) et membre du conseil d’administration de La Boussole des Entrepreneurs.
Votre approche de l’innovation ?
Françoise Prêteux : C’est une invention qui rencontre son marché. Les écoles d’ingénieurs ont pour ADN de répondre aux enjeux du monde socio-économique. C’est notamment la raison d’être de l’Institut Mines-Télécom : Ensemble pour imaginer et construire un avenir durable et former ses acteurs. Notre approche hybride combine ainsi théorie, pratique et société. C’est en découvrant tout ce que l’écosystème d’innovation intègre – management, travail en équipe, intelligence économique, modèles d’affaires, levée de fonds, volet juridique, protection de la propriété intellectuelle et industrielle… – que les ingénieurs de demain deviendront des acteurs d’innovation pour une société durable et désirable.
Maëva Tordo : Dans innovation, il y a nouveau, ce qui induit quelque chose qui n’a jamais encore été. L’enjeu est donc d’amener les entrepreneurs à avoir le courage d’affronter la page blanche pour laisser advenir ce qui n’a pas encore été fait et de les aider à enclencher le premier pas. Donc attention au trop plein de méthodes qui risque de tuer l’innovation. L’entrepreneuriat correspond à une façon d’être et d’agir. Il faut savoir se confronter à d’autres manières de voir ou de faire.
Quid de l’innovation de rupture vs l’innovation douce ?
Françoise Prêteux : Une innovation réussie comporte, d’une part, une nouveauté (l’invention) – c’est-à-dire une rupture par rapport à l’existant – et, d’autre part, une acceptabilité culturelle par la société, c’est-à-dire la conquête d’un marché. Il n’y a pas de dichotomie entre innovation de rupture et slow innovation, dès lors que l’on entend dans chaque cas, le développement contrôlé et maîtrisé technologiquement et sociétalement de l’invention. La perception d’une spirale d’accélération de l’innovation est essentiellement liée à la transition digitale : le numérique est partout. La perception opposée d’une décélération souhaitée vient du besoin de disposer d’une analyse bénéfices / risques apportés par l’innovation.
Maëva Tordo : Une innovation de rupture peut éclore d’une innovation douce et constante. L’essentiel est de vivre de manière neuve tout le temps. Le chercheur est constamment devant une page blanche. L’innovation est une démarche continue. Or, dans le monde actuel, tout semble déjà écrit et calculé. Nous avons besoin de nouveau et le nouveau, c’est l’inconnu. Mon travail avec les entrepreneurs est donc de leur apprendre à écouter.
Focus sur la deep tech en 2023, comment innover plus et surtout, mieux cette année ?
Françoise Prêteux : Aujourd’hui la tendance est au plus de moins. Éco-responsabilité, soutenabilité, et résilience sont les maîtres-mots. Les leviers de l’innovation durable sont déjà là. À l’IMT, nous avons anticipé en ce sens au travers du continuum formation, recherche-innovation et développement économique. Mais les meilleurs ambassadeurs de l’innovation restent les jeunes ingénieurs formés à la pointe des technologies, à l’esprit d’entreprendre, avec de premières expériences les immergeant dans le monde économique. Les incubateurs notamment leur permettent d’être au contact des acteurs de l’innovation.
Maëva Tordo : Nous n’avons pas suffisamment conscience que l’innovation – c’est-à-dire l’intelligence appliquée au réel – passe aussi par le corps. Le corps et l’esprit sont une seule et même chose inséparable. Donc nous retrouverons l’innovation en reconnectant le corps et l’esprit et en étant dans cette écoute du nouveau : le nouveau est en nous, il passe par nous, mais ce n’est pas nous !
Up to Start by IMT
1er réseau public d’incubateurs académiques, l’IMT est un accélérateur d’innovation, à l’image de Up To Start by IMT, un concours entrepreneurial lancé en mai 2023 à l’échelle nationale. Objectif : faire émerger les start-up Deeptech à impact. 25 projets seront retenus et bénéficieront d’un accompagnement 360° sur l’aspect business et le soutien technologique.
>>>> Envie d’en savoir plus sur la deep tech en 2023 ? Découvrez la tribune exclusive de Francesco Venuti, expert de l’ESCP
I want to break free – la deep tech en 2023 garde le rythme
Aventure solo ou collective, incubateur, pépinière, parcours innovation : tous les chemins sont bons pour disrupter. Retours d’expérience.
Créer sa startup n’est pas le seul moyen d’innover. L’innovation se situe aussi dans la formation et l’approche proposée aux futurs entrepreneurs. Diplômée d’EDHEC Business School, où elle a suivi le MSc in Entrepreneurship & Innovation, Justine Soudier s’est rapidement orientée vers l’innovation. En 2017, elle participe notamment au W Project en réalisant un tour du monde sur l’économie digitale, avant de rejoindre l’EDHEC en 2019. Elle est aujourd’hui Deputy Director of the Center for Responsible Entrepreneurship and Director of EDHEC Entrepreneurs. Son ambition : « faire éclore la nouvelle génération d’entrepreneurs, responsables et ambitieux, capable de répondre à des objectifs de performance globale et d’impacter positivement la société, l’économie et les territoires. » Pour y parvenir, l’équipe de l’incubateur EDHEC a développé une nouvelle approche de l’entrepreneuriat, responsible by design, qui intègre pleinement les enjeux de responsabilité au cœur de la startup. « Intégrer une raison d’être d’utilité sociétale, mais aussi les critères ESG, dans le modèle de la startup permet notamment de maximiser la valeur pour l’ensemble des parties prenantes, de gagner en cohérence et de réduire considérablement la complexité de la démarche responsable. »
Le Guide 2023 de la responsabilité en startups
Conçu avec le soutien de nombreux entrepreneurs, investisseurs ou encore experts, ce référentiel unique lancé en mai 2023 offre un accès à plus de 65 fiches ressources pour aider toute startup à définir une stratégie de développement alignée avec les enjeux sociaux et environnementaux actuels. Les secrets d’une incubation réussie ? « L’incubation est 100 % réussie quand l’entrepreneur vit une expérience humaine forte grâce à l’émulation et l’énergie partagées entre entrepreneurs. Nous souhaitons faire naître la solidarité et le partage au sein de notre communauté d’entrepreneurs. »
Vous êtes à fond dans la deep tech en 2023 ? Pensez cocréation !
Comme le dit l’adage : Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin. C’est d’autant plus vrai quand on se lance dans l’aventure entrepreneuriale. En tout cas, c’est la voie suivie par Manon Hias, Alexandre d’Auvigny et Kévin Bée. Incubés au Startup Launchpad, l’accélérateur d’HEC Paris, les trois ingénieurs ont décidé de lancer Solteo, un logiciel à destination des installateurs photovoltaïques dans le but de fluidifier et simplifier la gestion des projets solaires. « Le Launchpad HEC propose un accompagnement sur trois mois. Nous avons ainsi développé une compréhension approfondie de notre marché et identifié les besoins de nos clients. Notre solution agit notamment sur les ventes, la planification et l’administration. Notre priorité actuelle est l’automatisation des parties administratives contraignantes des projets solaires. C’est là que réside notre innovation : actuellement, aucun produit sur le marché ne permet de gérer les projets solaires aussi rapidement et efficacement. Nous avons également l’ambition de couvrir toute la chaîne de valeur du solaire en agrégeant toutes les parties prenantes qui ne sont pas encore digitalisées et interconnectées. » Dans le cadre du Launchpad, les trois jeunes ingénieurs ont notamment pu trouver leurs premiers clients, et ainsi remporter le Demo Day du Launchpad et gagner une place à l’incubateur HEC Paris, rattaché au Centre d’Innovation et d’Entrepreneuriat, en septembre 2023.
>>>> Envie d’en savoir plus sur la deep tech en 2023 ? Découvrez la tribune exclusive de Ronald Boucher, expert de l’ISTEC sur le thème : ChatGPT, l’innovation de rupture qui transforme notre rapport à l’information ?
Prendre de la hauteur pour entreprendre
Diplômé de l’EINSEEHT, Youness Rtimi effectue quant à lui des travaux de recherche appliquée à l’industrie spatiale dans le cadre de sa thèse. L’opportunité de sortir du cadre commun de l’innovation, en générant une véritable rupture dans le domaine de la conception de dispositifs magnétiques, tels que les moteurs électriques et les propulseurs spatiaux. Dans l’industrie spatiale, les performances des propulseurs plasmiques dépendent étroitement de leurs structures magnétiques. C’est lors d’une mission avec un industriel français que l’idée du projet a émergé.« Notre algorithme a pu améliorer la solution existante en réduisant la masse de 75 %, tout en conservant les performances précédentes. Avec l’accord de mon directeur de thèse, Frédéric Messine, j’ai décidé de porter la technologie en dehors des murs du laboratoire. C’est alors que les questions commerciales ont commencé à se poser et qu’une nouvelle aventure entrepreneuriale a commencé, avec la création de Deeper Pulse. »
Le plus de l’incubation
Direction maintenant l’incubateur Nubbo et Nstart à Toulouse avec Thomas Baudin, son associé et CEO de la startup. Une expérience déterminante, Deeper Pulse ayant remporté le titre de lauréat-grand prix au concours i-Lab.« Être challengé et étudier attentivement l’adéquation avec le marché est indispensable dès les premières phases du projet. C’est un moyen essentiel pour affiner son positionnement, son offre, et maximiser ses chances de succès. C’est pourquoi les structures d’incubation sont essentielles. Elles offrent un environnement idéal pour partager ses idées, les confronter et les améliorer. L’entrepreneuriat tire une grande partie de sa richesse dans des rencontres humaines. »
Comment PrediSurge s’apprête à disrupter le domaine cardiovasculaire
Créée en 2015 par David Perrin, docteur de Mines Saint-Étienne, PrediSurge est lauréate 2018 du concours I-lab. La startup, accompagnée par TEAM@Mines Saint-Étienne, conçoit des solutions d’aide à la décision pour les médecins cardiovasculaires et les entreprises médicales. Elle est aujourd’hui dirigée par Bruno Virieux. « Le jumeau numérique développé par PrediSurge mêle simulation numérique et intelligence artificielle afin de modéliser l’anatomie réelle des patients. Notre solution s’inscrit donc dans la perspective de la médicine prédictive et personnalisée avec un impact fort pour tous les acteurs du secteur. Le jumeau numérique apporte notamment des éléments uniques en amont de l’intervention afin de prendre des décisions clés pour le patient, permet une meilleure planification et limite les risques. Le dispositif est en passe de transformer toute la chaîne de valeur des fabricants. »
Deep tech en 2023, les conseils de Bruno Virieux
Primo, une innovation à impact est une invention qui a trouvé son marché. Il est donc important de très rapidement sonder le marché et les potentiels clients. Deuzio, l’équipe est essentielle et le besoin de s’associer avec d’autres personnes, nécessaire, car difficile d’aller loin seul.« Cependant, il faut dès le départ bien évaluer les personnes avec lesquelles on s’associe. Beaucoup de startups échouent en raison de désaccord entre associés. » Tertio, osez et faites des erreurs. « Entreprendre, c’est avant tout prendre des risques et être décomplexés avec cela. »
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3 questions à Éric Péquignot, CEO de WaltR
Profondément préoccupé par la détérioration de la qualité de l’air et les effets du changement climatique observés lors de ses années au CNES, Éric Péquignot crée la greenTech WaltR en 2018.
Quelle est l’innovation portée par WaltR ?
WaltR propose une approche novatrice pour améliorer la qualité de l’air et lutter contre le changement climatique. L’innovation ne consiste pas seulement à développer de nouvelles technologies, mais aussi à utiliser les technologies existantes de manière intelligente pour résoudre des problèmes critiques et urgents.
Quelle approche avez-vous mise en œuvre ?
Notre approche consiste à utiliser la télédétection spatiale et sol pour détecter et quantifier les émissions de polluants de l’air, y compris les gaz à effet de serre. Cela permet aux entreprises et aux organisations de localiser les opportunités de réduction des émissions polluantes et ainsi d’agir positivement sur leur impact environnemental.
Les clés de développement d’une startup ?
Tout d’abord, il est essentiel de bénéficier d’un environnement favorable à l’innovation, comme un incubateur tel que Centrale–Audencia–Ensa. Ces structures offrent un soutien précieux en termes d’accès à des ressources, de conseils d’experts et de réseautage, notamment. Ensuite, il est crucial de constituer une équipe diversifiée, composée de compétences techniques, commerciales, communicantes et de gestion, complémentaires. Enfin, il est important de rester agile et d’adapter constamment sa stratégie en fonction des évolutions du marché et des besoins clients. L’incubation est une période de validation et d’apprentissage, où il est essentiel d’itérer rapidement et de tirer des enseignements des échecs et des succès.
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