Michelle Veyssière et Roland Robeveille : ©Courrier Cadres
Michelle Veyssière et Roland Robeveille : ©Courrier Cadres

Intelligence émotionnelle VS intelligence artificielle

Entre chatbots, assistants virtuels et objets connectés, petit à petit l’IA fait son nid. Dans les « entreprises augmentées », l’intelligence artificielle assiste et augmente les processus techniques et managériaux. Le manager bientôt remplacé par une machine ? Jamais ! Son arme : ses émotions.

 

« On peut apprendre à un ordinateur à dire « Je t’aime », mais on ne peut pas lui apprendre à aimer », disait très justement le biologiste, généticien et essayiste français Albert Jacquard. Alors qu’avant on voulait que les êtres humains puissent travailler comme des machines, aujourd’hui on se recentre sur l’humain au milieu de toutes ces machines !

Se recentrer sur l’humain, c’est le nouveau rôle du manager. Il doit dompter l’IA (pas l’inverse !) pour contribuer au bien-être de ses équipes. Comment ? Éléments de réponse avec Michelle Veyssière, consultante indépendante en RH, et Roland Robeveille, chargé de cours à l’ESCE, auteurs du livre Manager l’IA.

A l’échelle des entreprises, quel est l’impact de l’IA sur le management ?

Plus rapides, plus précises et jamais fatiguées, ces machines intelligentes imposeront de plus en plus leur rythme de travail. Mais une présence humaine sera toujours nécessaire pour le contrôle des données, leur analyse et les actions complémentaires. Si les tâches manuelles diminueront, les tâches « immatérielles » augmenteront avec probablement un accroissement du stress et de l’incertitude.
L’organisation du travail doit donc s’adapter, le système hiérarchique remis en question par l’automatisation des tâches et les responsabilités reprises par l’IA. De même pour les managers qui adoptent des postures plus fédératives pour faciliter les relations entre les travailleurs et les machines. Les managers ne seront donc plus des « chefs », mais des accompagnateurs du changement.

Les 3 compétences indispensables du manager de demain ?

Les compétences purement techniques deviennent moins recherchées que les soft skills : tête bien pleine versus tête bien faite. Un récent rapport de ManpowerGroup – « Révolution des compétences 2.0 », a identifié les compétences les plus recherchées par 20 000 employeurs dans 42 pays : la résolution de problèmes, la communication et l’organisation et enfin, la collaboration. Aujourd’hui, les entreprises essayent plutôt de déceler chez les candidats des potentiels d’adaptation vers des emplois différents de ceux déjà exercés, voire des emplois qui n’existent pas encore.

Des risques à se laisser manager par l’IA ?

Nous avons observé à travers des études qu’un risque de dépendance pouvait exister face à l’omniprésence de l’IA. L’utilisation de robots dont le physique rappelle (de loin) un visage humain ou qui sont programmées pour « surjouer » l’empathie ou répondre à toutes les questions (Cortana par exemple) engendrent des relations particulières. Les concepteurs tentent en effet de reproduire les comportements humains afin de faciliter cette proximité. Pouvoir s’épancher avec un interlocuteur qui écouterait les « états d’âme » sans juger est une facilité à laquelle certains pourraient céder ! Des relations affectives aux effets néfastes sur la psychologie de la personne.