Quel directeur du Sup’ êtes-vous ? – L’interview de Gilles Trystram, directeur d’AgroParisTech

L’interview de Gilles Trystram, directeur d’AgroParisTech

Les sciences du vivant, ça connait AgroParisTech ! Développement durable, alimentation, bien-être animal, préservation des ressources naturelles, l’école d’ingénieurs n’a en effet pas attendu que tous ces domaines soient à la mode pour défendre l’expertise française en la matière. Regard et analyse de Gilles Trystram, son directeur depuis 2011 – Propos recueillis par Clarisse Watine

Comment se porte AgroParisTech ?

L’école va bien. Comme beaucoup d’établissements bien sûr, elle est fatiguée d’une année de transformation permanente et on observe une certaine lassitude, due à un surinvestissement pour beaucoup et à une adaptation difficile pour d’autres. Mais la crise n’a pas eu d’impact négatif sur les stages et le premier emploi, nous avons même de meilleurs chiffres qu’en 2020. La recherche et l’entrepreneuriat avancent aussi toujours très bien.

En tant que directeur, comment vivez-vous cette période inédite ?

Mon mandat s’achève cette année avec des dossiers importants : gestion de la pandémie, déménagement… Alors bien sûr, la situation est préoccupante et je fais mon possible pour que la direction absorbe une partie du « foutoir », pour qu’il ne déborde pas l’ensemble de l’école. Mais face à ce déséquilibre permanent depuis un an, la communauté s’est adaptée d’une façon formidable. Il faut s’assurer que personne ne perde pieds, réussir ce mélange compliqué entre ceux qui ont besoin de revenir sur le campus et ceux qui ne le peuvent ou ne le souhaitent pas. Mais il y a aussi de beaux moments. Comme lorsque j’ai entendu à nouveau rire dans le couloir à côté de mon bureau début janvier, ça faisait tellement longtemps !

Qu’est-ce qui vous a marqué ?

D’abord, le soutien de tous et la solidarité collective, un élément clé depuis un an. Alors que la précarité étudiante est devenue encore plus visible avec la crise, école, étudiants, personnels, anciens, tous se sont impliqués et mobilisés pour la communauté, y compris par de nombreuses initiatives locales, comme ce dispositif de podcasting monté par des enseignants sur un de nos sites.  La crise nous a aussi obligés à nous re-questionner sur des choses qu’on pensait acquises : durée du stage, enseignement à distance, expériences internationales… Des réflexions que je vois comme des starters qu’il va falloir digérer pour créer de nouveaux dispositifs qui ne seront ni ceux d’hier, ni ceux d’aujourd’hui.

Enseigner les sciences du vivant sans voir les gens : l’équation impossible ?

Dans un cursus comme le nôtre, qui traite des questions d’agriculture, d’environnement, d’alimentation ou de santé, le théorique n’a qu’un sens très limité. La confrontation au terrain est absolument nécessaire. Cela enrichit bien sûr nos réflexions quant au blended learning, mêlant du distanciel mais aussi du réel pour pratiquer et expérimenter.

La nouvelle signature d’AgroparisTech met en avant les « talents d’une planète soutenable », qu’est-ce que ça veut dire concrètement ?

D’abord, que nous travaillons à l’échelle de la planète, que dans nos domaines, tout est interconnecté. L’utilisation du terme « soutenable » (et non « durable ») prouve que nous croyons que tous nos talents (élèves, enseignants-chercheurs, personnels, alumni…) sont capables de maintenir, entretenir, et soutenir ces développements. 

Votre mandat s’achève en 2021, quel regard portez-vous sur l’évolution d’AgroParisTech ?

Déjà, que ce n’est pas le directeur qui fait évoluer l’école tout seul ! Je viens du monde de l’alimentation, dont les problématiques devenaient des questions clés pour la société lorsque j’arrivais à l’école. En 10 ans, cette dimension s’est consolidée, bien plus que nous pouvions l’imaginer, et a consolidé le rôle et l’impact de ces questions sur la soutenabilité de la planète.

Dans le même temps, la conscience des étudiants sur la responsabilité environnementale a considérablement augmenté. Ce qui génère parfois des frictions, comme récemment à propos du campus de Grignon, mais qui me rassure aussi sur la nature de leurs engagements qui vont les pousser à regarder leur métier d’ingénieur de façon différente.

La bonne nouvelle que vous attendez pour la rentrée ?

Revenir à un fonctionnement « normal », retrouver une « vraie » vie étudiante, avec tout ce qu’elle apporte comme compétences complémentaires à la formation. Et entendre tous les jours des étudiants rire à côté de mon bureau !

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