Disneyland Paris, Bouygues, AccorHotels : son nom est rattaché aux plus grandes entreprises françaises, dont il a été président-directeur général. Une fonction que Gilles Pélisson occupe aujourd’hui à la tête du groupe TF1. De son diplôme d’Harvard (83) à son quotidien de boss de la plus grande chaine française en termes d’audience, il nous raconte les plus grands défis qu’il a eu à relever.
Vous avez été diplômé d’Harvard en 1983 : qui était Gilles Pélisson à l’époque ?
Un jeune homme dont le rêve d’enfant était de compléter sa formation en France par un diplôme d’une université américaine. J’étais déjà diplômé de l’ESSEC et je venais de passer un an à New York où je travaillais à la Société Générale lorsque j’ai été reçu à Harvard. J’y ai passé des années que je qualifierais de pur bonheur et qui m’ont permis de travailler d’abord sur la côte Est puis à Los Angeles, dans des jobs plutôt opérationnels. Après huit années passées aux Etats-Unis, j’ai obtenu mon premier poste de directeur général en France en 1988.
Et vous êtes retourné à Harvard en 2014 pour suivre une formation en Executive Education….
En 2012, j’ai eu la chance d’intégrer le conseil d’administration d’Accenture (dont je suis aujourd’hui l’administrateur référent). L’entreprise nous a proposé en 2014 d’enrichir nos savoir-faire et notre culture en nous formant sur l’évolution de la gouvernance des entreprises et leurs conseils d’administration. J’ai alors opté à nouveau pour Harvard pour y suivre cette formation complémentaire.
Vos impressions ?
J’ai eu le grand plaisir de passer quatre jours à Cambridge, de revoir la Baker Library et tout ce qui fait le charme d’Harvard. J’ai aussi revu des professeurs très pertinents, pointus sur des sujets d’études de cas notamment. Il y avait aussi une très grande variété de profils internationaux parmi les personnes qui suivaient la formation : des entrepreneurs, des avocats, des chefs d’entreprise. C’était une expérience très riche.
Vous avez été PDG de plusieurs grandes entreprises. Quelle est la particularité de TF1 ?
J’ai toujours consacré ma vie aux entreprises de services, chez Bouygues Telecom, Accor… TF1 en est également une. D’une part, vis-à-vis de ses premiers clients que sont les téléspectateurs, auquel nous devons proposer les contenus les plus populaires possibles. Et d’autre part, les annonceurs. Il faut donc réussir à combiner pertinence et séduction sur une gamme de genres très large allant des JT de 13h et du 20h (des propositions uniques en France) au divertissement (dans l’espoir de faire rêver les gens) en passant par les chaîne d’infos avec LCI, ou encore le cinéma, les séries, le sport…. Un formidable cocktail !
Le conseil du boss : « Choisissez bien vos patrons et patronnes, des managers avec qui vous allez pouvoir progresser et franchir des étapes. Il est important de s’attacher à la qualité du management. Ensuite, inutile aujourd’hui d’avoir un parcours stéréotypé ou de rester dans la même boite pour monter les échelons. Saisissez plutôt les opportunités ! »
Et en termes de management, qu’est-ce que ça change ?
Le monde des médias et de la technologie bougent très vite. Il faut combiner des contenus et s’adresser à des consommateurs ayant des attentes différentes. Ce qui nécessite une réelle individualisation et un ciblage précis.
Côté humain, chacun(e) est important(e) : tous ceux qui œuvrent en coulisse, comme nos stars devant les caméras !
Ensuite, en tant que chef d’entreprise, on parle beaucoup du moyen et long terme. Mais dans l’audiovisuel, on est tributaire des audiences de la veille. Tous les soirs, il y a un nouveau match avec des concurrents différents et des enjeux économiques à la clé : on fait un pari pour chaque émission. C’est d’ailleurs ce qui différencie l’audiovisuel de l’hôtellerie par exemple, où la concurrence reste toujours la même. A la télévision, elle change tous les jours.
Parlez-nous de la fusion TF1-M6 en cours : LE plus gros dossier sur votre bureau actuellement ?
C’est en effet un des dossiers pouvant être résolument transformant s’il va à son terme. Mais c’est aussi un long processus car le CSA et l’Autorité de la concurrence sont consultés et rendront leur avis fin 2022. C’est difficile de tenir en haleine les équipes, mais nous sommes convaincus que ce projet fait sens. A l’heure où les GAFAM et les géants américains se mettent en ordre de marche et parlent directement aux consommateurs avec Netflix, Amazon Prime Vidéo, Disney+, il est important d’être plus fort au niveau national. Nous sommes entrés dans ce projet en pensant qu’il y avait une vraie carte à jouer au niveau de la francophonie et de la culture d’une information de qualité méritant d’être pérennisée et amplifiée.
Chiffres clés : 2 082 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020 / 3700 collaborateurs dans 10 pays en 2020 / 1er groupe média du classement des entreprises les plus responsables de France en 2020 (Le Point) / 1 600 heures de contenus produites par Newen en 2020
Contact : Cécile Monthiers, directrice du Développement des Talents Groupe TF1 : cmonthiers@tf1.fr