Le confinement ou l’âge d’or du e-learning. Mais comment se passent vraiment les cours à distance ? Nous avons pu nous immerger dans un des cours de l’EDC Paris Business School. On vous raconte.
Lundi matin. 10h. L’heure de se connecter à Zoom : l’outil must-have du moment, pratique pour tenir une visioconférence. Un lien, un identifiant, et nous voilà entrés dans cet espace virtuel. Une fenêtre s’ouvre. Sur le côté, un onglet de conversation pour envoyer des messages à « Tout le monde » ou en « Privé ». Au centre, la vidéo de la personne qui parle s’affiche.
Un début de cours (presque) normal
En l’occurrence, c’est Francesco Travagli, professeur et responsable du département Entrepreneuriat et Transformation digitale, qui occupe la place centrale pour son cours Entrepreneurial Process and Lean Startup. Les participants commencent à arriver, tout comme les premiers bugs : on entend un téléphone portable qui sonne en arrière fond, la caméra d’un étudiant est à l’envers, un autre n’entend rien… « How are you ? » demande Francesco. « It can be better ! » Les étudiants sourient. Comme n’importe quel cours, le professeur commence par faire l’appel. A tour de rôle, les étudiants allument leurs micros pour répondre « here ».
Pitcher à distance
Aujourd’hui, c’est la session finale. Les étudiants ont planché en groupe sur des projets de création d’entreprise. Et l’heure est venue de les présenter… chacun chez soi ! Ce n’était pas prévu mais chacun s’adapte. Et plutôt bien en fait. A chaque fois qu’une équipe pitche, les membres allument leurs caméras et microphones, les autres éteignent les leurs. Grâce à l’option écran partagé de Zoom, ils diffusent leur présentation. C’est comme si on y était. Enfin presque. Nous n’entendons pas correctement une des speakers et les slides défilent lentement. Mais peu importe, personne n’en tient rigueur.
A la fin de chaque présentation, les trois membres du jury, professeurs et experts connectés, et les étudiants des autres groupes posent leurs questions. Puis, pour évaluer les équipes et soi-même, le professeur a créé des formulaires en ligne sur Google Forms. Facile. A 11h30, Francesco Travagli propose une pause. Au retour, l’un manque à l’appel. « Désolé professeur, je mangeais des fraises dans ma cuisine ! »
C’est possible
Service d’aide aux entreprises locales, tutorat étudiant, solution de recyclage du plastique… Comme toujours, les étudiants ne manquent pas d’idées et brillent par leurs projets. Même les grésillements de micro, les connexions trop lentes et autres aléas du direct n’auront rien enlevé à la qualité du travail de chacun. Le professeur a lancé les dés, les étudiants ont joué le jeu. Oui, un cours à distance, c’est possible. Et ça se passe même très bien !
Interview de Rachid Rhattat, Directeur académique de l’EDC Paris Business School
Comment s’est passée l’organisation des cours à distance ?
Assurer la continuité pédagogique a été un enjeu majeur pour nous vis-à-vis de nos étudiants. C’était très important pour nous qu’ils puissent suivre le programme tel qu’il était prévu jusqu’à la fin de l’année. Nous avons su nous appuyer sur notre expérience passée de blended learning : nos cours hybridaient déjà présentiel et distanciel (environ 6h à distance sur 36h de cours).
Quels outils utilisez-vous ?
Nous utilisons principalement Blackboard. C’est une référence dans le monde académique. Cette plateforme fonctionne bien et, avec la nouvelle option de classe virtuelle, nous pouvons faire cours en direct. Pour que tout se passe pour le mieux, un guide a été transmis aux étudiants et un autre aux professeurs. Ces derniers ont également bénéficié d’une formation en ligne afin d’avoir toutes les clés en main pour utiliser l’outil et assimiler les besoins d’un cours à distance : accorder une pause plus longue, laisser des temps de regroupement, diversifier les exercices, gérer les imprévus comme les bugs et problèmes de connexion… En backup de Blackboard, nous utilisons aussi Zoom, surtout pour les cours en visioconférence où les étudiants prennent aussi la parole.
Quels sont les retours des professeurs ?
Au départ, certains professeurs appréhendaient et pensaient que leurs cours ne pourraient pas s’adapter. Par exemple, le cours d’éloquence ou le cours de technique de vente. Mais ils ont réussi à tenir ces cours sans souci et tous leurs a priori ont été balayés ! Cette expérience nous aura appris que tous les cours sont transposables en distanciel avec un peu d’organisation et d’innovation. Les professeurs se challengent !
Et les étudiants ?
Nous leur avons demandé des retours sur comment nous améliorer, quels sont les bugs… Nous tenons aussi des réunions avec les délégués pour garder le lien et avoir des feedbacks réguliers. Les retours sont plutôt positifs. C’est une expérience d’apprentissage pour eux aussi et ça ne leur déplait pas de tenter quelque chose de nouveau, de tenir le programme et de se retrouver, même à travers un écran. Ils ont l’esprit EDC ! C’est-à-dire l’agilité et la capacité de s’adapter. C’est enrichissant sur un certain plan.
Et vous, que retenez-vous de cette expérience ?
Qu’il n’existe pas UNE forme d’apprentissage mais DES formes d’apprentissage. Il y a du bon à retirer de chacune. Je suis convaincu que la meilleure pédagogie est un mix de toutes les formes d’apprentissage.