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Je suis un jeune ingénieur dans l’industrie française, bien évidemment que…

Et si le métier d’ingénieur ne ressemblait pas à l’idée que vous vous en faites ? Oubliez l’industrie poussiéreuse, en perte de vitesse, au travail répétitif avec des équipements vétustes. Aujourd’hui, les ingénieurs industriels sont synonymes de compétitivité, maîtrise des nouvelles technologies, durabilité et inclusivité. La preuve !

Je suis acteur de la compétitivité française et européenne

Emmanuel Macron a fait de la réindustrialisation de la France un axe majeur de ses quinquennats. Parmi ses objectifs : une meilleure souveraineté industrielle et technologique, une baisse de la dépendance aux importations, la diversification des chaînes de production et une plus grande compétitivité. Une compétitivité « réinterrogée sous le prisme des enjeux socio-écologiques, du retour au vivant. C’est d’ailleurs là toute la force de nos ingénieurs : savoir lier le concept et la matière, l’idée et le geste. Cette capacité à changer de point de vue et à s’adapter aux contraintes est une des grandes richesses de la formation et du métier d’ingénieurs qui rend ses derniers aptes à accompagner les entreprises dans leurs transitions pour imaginer une nouvelle façon d’être compétitif » estime Alexis Michel, président de la commission Europe et international à la CDEFI. Ces objectifs doivent s’accompagner du développement de pôles industriels et de la création d’emplois, notamment d’ingénieurs. Car les ingénieurs aiment travailler en et pour la France ! La preuve : 85 % d’entre eux évoluent dans l’Hexagone et environ 10 % en Europe selon la dernière enquête de l’IESF. Leurs compétences techniques et leur capacité d’innovation font d’eux des acteurs essentiels de la croissance économique et de la transformation des entreprises, notamment « sur les produits et services, mais aussi sur la R&D » illustre Alexis Michel. Optimisation des processus, réduction des coûts ou amélioration de la qualité sont autant d’exemples concrets de leur apport. Un apport qui repose avant tout sur une formation de qualité acquise en France, mais nourrie d’international. « Nos étudiants doivent effectuer un séjour de six mois minimum à l’étranger et valider un niveau B2 en anglais pour valider leur diplôme d’ingénieur » abonde Alexis Michel. Ces cursus d’excellence permettent de former des professionnels capables de relever des défis complexes, en s’appuyant sur des projets internationaux et des collaborations stratégiques. « Nos écoles sont engagées dans des partenariats académiques internationaux offrant des stages, des semestres de cours, ou encore des doubles diplômes. Réciproquement, nous accueillons 20 % d’étudiants étrangers et de nombreuses écoles disposent d’un corps professoral multiculturel. »

Je ne travaille pas dans une usine du 19ème siècle

Oubliez les clichés de la machine à vapeur et des ateliers sombres ! Aujourd’hui, être ingénieur signifie souvent évoluer dans des laboratoires high-techs ou sur des projets ultra-connectés. Qu’il s’agisse de développer des applications intelligentes, de concevoir des systèmes d’énergie durable ou de planifier des missions spatiales, les ingénieurs travaillent en équipes multidisciplinaires, utilisent des technologies de pointe et repoussent les limites de l’innovation. Leur position dans les industries stratégiques est centrale. En informatique, les ingénieurs révolutionnent l’exploitation des données au service de la santé ou de la sécurité. En industrie 4.0, ils redéfinissent les chaînes de production grâce à l’automatisation, l’Internet des objets (IoT) et l’impression 3D. Parmi les preuves concrètes de ces innovations technologiques : l’entreprise SpaceX dont les ingénieurs ont révolutionné l’aérospatial en développant des fusées réutilisables, réduisant drastiquement les coûts d’exploration spatiale, ou encore Lattice Medical, une Medtech française qui fournit aux patients et aux professionnels de santé des solutions de reconstruction tissulaire grâce à la combinaison de biomatériaux, d’ingénierie tissulaire et de technologies d’impression 3D.

Je suis acteur de la transition environnementale

Et si répondre aux défis climatiques rimait avec ingénieurs français ? Du génie civil à l’ingénierie énergétique, ces derniers sont en première ligne pour réinventer nos modes de production, d’habitation et de consommation. Des éoliennes offshores aux bâtiments à énergie positive, en passant par la conception de véhicules zéro émission, leurs innovations bouleversent les codes et dessinent un avenir durable. Mais pour atteindre ce résultat, tout commence par une formation de qualité : des enseignements pointus, des modules adaptés, mais surtout l’exemplarité des établissements eux-mêmes en matière de transition environnementale. « En intégrant des pratiques vertueuses à tous les niveaux – de la formation des personnels à l’acquisition de matériel, en passant par les habitudes de travail et d’innovation – les écoles forment des ingénieurs conscients de leurs actions, capables de créer de la valeur et d’innover de façon respectueuse de l’environnement » détaille Carole Deumié, présidente de la commission transition écologique et sociétale de la CDEFI. « Les enseignants-chercheurs jouent aussi un rôle clé en intégrant la durabilité dans leurs domaines d’études. Par exemple, le Labos 1point5 est un collectif de membres du monde académique qui cherche à mieux comprendre et réduire l’impact des activités de recherche scientifique sur l’environnement » ajoute-t-elle. Aujourd’hui, les étudiants sont plus que jamais attachés à trouver des formations qui répondent aux enjeux planétaires, aux métiers de demain et aux nouvelles exigences des entreprises. La mission des écoles d’ingénieurs est claire : « former des futurs professionnels conscients des limites planétaires, capables de créer de la valeur de manière respectueuse et durable, mais aussi accompagner les ingénieurs en poste pour qu’ils continuent de se former, via des compétences complémentaires, et comprennent les impacts de leurs choix technologiques sur notre environnement » conclut Carole Deumié.

Je suis une femme

Selon la dernière enquête de l’Observatoire des Ingénieurs et Scientifiques de France, les femmes ingénieures représentent seulement 24 % des 1 137 000 ingénieurs en activité, et « 32 % des élèves ingénieurs, toutes filières confondues » ajoute Dominique Baillargeat, vice-présidente de la CDEFI et directrice de 3iL. Mais ces pourcentages diffèrent beaucoup selon les spécialités. Ainsi, les jeunes femmes représentent près de 60 % des inscrits en cycle ingénieur dans le domaine de la chimie, du génie des procédés et des sciences de la vie, et de l’agriculture et l’agroalimentaire vs moins de 20 % pour les formations en services de transports et en informatique. « Ce sont des stéréotypes et des préjugés, conscients ou inconscients, qui font stagner ces chiffres dans les formations scientifiques depuis 20 ans » déplore Dominique Baillargeat, elle-même docteur en électronique. Un constat renforcé par l’enquête Elles Bougent-OpinionWay qui indique que 82 % des femmes actives (ingénieures et techniciennes) et des étudiantes (futures ingénieures et techniciennes) se souviennent avoir été confrontées à l’école à des stéréotypes de genre durant leur scolarité. Pourtant, la diversité est, selon la vice-présidente de la CDEFI, indispensable à l’ingénierie. « Les femmes sont essentielles car on ne peut pas construire de nouveaux équipement, objets et services dans lesquels elles ne sont pas partie prenante et qui ne leur correspondent pas. Elles ont des sensibilités différentes de celles des hommes qu’il faut conserver ! Nous aurons besoin de cette différence et qu’elle accompagne le développement des technologies de demain » assure-t-elle. L’exemple le plus criant est sans doute celui des logiciels d’intelligence artificielle, « construits en majorité par des hommes et qui comportent déjà de nombreux biais » étaye Dominique Baillargeat. Pour encourager les jeunes femmes à embrasser des carrières d’ingénieures, la CDEFI a d’ailleurs mis en place l’initiative Ingénieuses, un concours qui permet de favoriser l’orientation des jeunes filles vers les formations scientifiques et technologiques et les carrières d’ingénieures. « Nous souhaitons mettre en avant des parcours inspirants de jeunes femmes et donner envie aux jeunes filles pour qu’elles se disent : pourquoi pas moi ? »

Je gagne (très) bien ma vie

Evolution dans des secteurs stratégiques, forte demande sur le marché de l’emploi et rôle essentiel dans l’économie sont autant d’ingrédients qui font du métier d’ingénieur un des métiers parmi les plus rémunérateurs en France. Ainsi, selon la 35è Enquête annuelle de l’Observatoire des Ingénieurs et Scientifiques de France, le salaire brut médian des ingénieurs s’établit à 64 000 euros en 2023, un niveau similaire à 2022 mais bien supérieur à la majorité des professions. Mieux encore, ce salaire triple entre le début et la fin de carrière ! Toutefois, ils diffèrent d’un secteur à l’autre. Les banques et assurances dominent, avec un salaire annuel médian de 91 321 euros, suivies des télécommunications (74 649 euros/an) et des industries énergétiques (66 000 euros/an). Autre facteur clé : l’industrie, qui demeure le plus grand employeur des ingénieurs (36 % des effectifs), mais les sociétés de services et de conseil (23 %) et les activités tertiaires (18 %) constituent également des bassins d’emploi attractifs. Pour les jeunes et futurs ingénieurs, les opportunités abondent donc dans des secteurs en croissance rapide comme les technologies de l’information et de la communication (20,8 %) et les sociétés de conseil et d’ingénierie (26,2 %). Ces domaines offrent non seulement des emplois à haute valeur technologique mais aussi des salaires compétitifs et une évolution de carrière prometteuse.