©Martin Shreder

Jeunes et citoyens : ils inventent le monde d’après

Si le confinement est de retour pour nous jouer un mauvais tour, les étudiants et jeunes diplômés ont plus d’un tour dans le leur sac. Leurs projets créatifs, entrepreneuriaux, numériques, et surtout utiles et solidaires, sont au service de l’initiative citoyenne pour pallier à la crise sanitaire actuelle. Entreprendre, créer, aider, c’est le moment ou jamais.

 

Resto’Log

Resto’Log c’est l’histoire d’un étudiant de l’EPITA, Baptiste Raabe, qui voulait aider les restaurateurs. Ce service de registre en ligne, gratuit et sécurisé, leur permet de faire respecter les gestes barrières et de garantir aux clients la confidentialité de leurs données personnelles, alors que les mesures gouvernementales leur imposaient de tenir un registre des clients qui se sont présentés dans leurs établissements. Mais souvent sous format papier, ce registre n’est pas toujours pratique. « Avec des collègues, nous étions allés déjeuner et avons dû faire dix minutes de queue juste pour remplir un bout de papier. C’est là que l’idée du QR code m’est venue. Pourquoi attendre alors qu’on pourrait tous remplir le registre simultanément à l’aide de nos smartphones ? Au-delà de l’attente, pas forcément agréable, j’ai aussi constaté que la distanciation n’était pas vraiment respectée et que, si le restaurant prêtait un stylo – ce qui est pratique car on ne va pas tous déjeuner avec un stylo sous la main –, ce dernier servait à tout le monde sans être désinfecté et pouvait donc devenir une chaîne de transmission du virus ! », raconte le fondateur.

Grâce à Resto’Log, facilement accessible sur le web, le restaurateur n’a qu’à inscrire son ou ses établissement(s) et générer un QR code que les clients n’auront plus qu’à scanner pour remplir le formulaire demandé par le protocole sanitaire en vigueur. Simple, efficace, cet outil digital assure la confidentialité des clients et supprime automatiquement les données sous 14 jours. Baptiste Raabe, étudiant passionné de cybersécurité fondateur de Resto’Log, affirme que « même si la collecte des données est rendue obligatoire par les mesures sanitaires, elle doit se faire dans le respect du RGPD. » En ce deuxième confinement, si les lieux de restauration sont fermés jusqu’à nouvel ordre, Resto’Log sera à coup sûr très utile dès leur réouverture (attendue avec impatience !).

Mesange

La startup Mesange, incubée à l’Ecole polytechnique, offre un service de conciergerie médicale spécialisé dans la sortie d’hospitalisation. Depuis le début de la crise sanitaire, elle s’est engagée auprès des professionnels de santé en mettant gratuitement son service à disposition de son réseau d’intervenants médicaux, para-médicaux et professionnels. Les patients sont ainsi accompagnés au mieux dans leur prise en charge : organisation des rendez-vous médicaux, livraison de repas à domicile, transport sanitaire… « Compte tenu de la crise sanitaire, de l’engorgement des institutions hospitalières et de la détresse de certaines personnes seules, nous nous mobilisons pour fournir, durant cette période difficile, notre service gratuitement. C’est notre façon de partager le dispositif que nous avons mis en place, à l’heure où le sens de l’autre est une priorité. » Tel est le message de solidarité des deux fondateurs de la startup, Thomas Bancel et Alexandre Errera.

Restaurant Drive

Cette plateforme e-drive a été conçue par un diplômé de KEDGE Business School pour sauver les restaurants de la crise. Avec l’aide d’Olivier Gergaud, professeur et directeur du centre d’excellence Food, Wine and Hospitality, Loic Viandier (KEDGE 11) a décidé lors du premier confinement de booster la vente à emporter et la livraison des restaurants, qui pâtissent énormément de la crise sanitaire. Comment ? Grâce à un site sur lequel les restaurateurs peuvent créer un drive en ligne, personnalisé, sécurisé et sans engagement, en quelques clics seulement. « La transition digitale n’est plus une option pour les petits commerces et tout particulièrement les métiers de la restauration », estime l’entrepreneur. Les consommateurs pourront ainsi commander en ligne dans leurs spots préférés, retirer leur commande sur place ou se faire livrer à domicile, tout en maintenant les gestes barrières. « La vente à emporter peut sauver les restaurants ! » est persuadé Loic Viandier.

Soliguide

Saviez-vous que 71 % des sans-abri possèdent un smartphone ? Raison pour laquelle Victoria Mandefield, diplômée d’Audencia en 2018 et fondatrice de Solinum, a lancé Soliguide – la cartographie de la solidarité. Une plateforme collaborative pour aider les personnes précaires et sans-abri à trouver des structures d’accueil ouvertes pendant la période de crise. Distribution alimentaire, hygiène et bien-être, santé, permanence juridique… Elle centralise toutes les informations utiles, référence et cartographie les lieux et services de première nécessité encore ouvertes aux personnes en grande difficulté financière, plus que jamais isolées et livrées à elles-mêmes durant le confinement. Tout le monde – citoyen, acteurs de la solidarité, bénévoles, maraudeurs, étudiants… – peut y participer. La démarche est simple : il suffit de remplir le formulaire d’ajout d’établissement. Pour garantir la qualité des informations, l’équipe de Soliguide procède à une vérification des données après chaque ajout. Une fois validées, ces informations sont publiées sur le site, l’application et les bornes tactiles d’information, dont les deux premières ont été installées à Bordeaux.

« Nous étions déjà convaincus que l’information était essentielle. En tant de crise, elle est devenue vitale. Alors que la majorité des structures avaient fermé leurs portes, que des initiatives citoyennes fleurissaient un peu partout, nous nous sommes retrouvés du jour au lendemain face à un besoin social démultiplié », explique Victoria Victoria Mandefield au sujet du confinement de mars. Aujourd’hui, Soliguide c’est plus de 7 800 lieux référencés, plus de 18 200 services cartographiés et 8 territoires couverts.

Voisin en galère

C’est le nom de la plateforme mise au point par quatre étudiants d’Efrei Paris et de Grenoble École de Management qui, dès le premier confinement, ont œuvré pour aider le plus de monde possible. Le résultat de leurs efforts est une solution gratuite, en ligne, solidaire, RGPDfriendly, appelée « Voisin en galère ». Sur voisin-en-galere.fr, les personnes qui ont par exemple du mal à se déplacer, comme les personnes âgées ou malades, peuvent être mises en relation avec des voisins qui veulent se rendre utiles, afin que ces derniers les aident dans leurs tâches quotidiennes : courses alimentaires et médicales, sortie des animaux de compagnie, travaux, ménage… Ou tout simplement pour rompre la solitude de l’isolement. Les voisins peuvent répondre aux besoins de ceux qui vivent près de chez eux, grâce à un algorithme qui permet d’afficher les personnes proches de son lieu de confinement, et proposé également divers services.