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crédits Christian Morillo

Jeunes vs entreprise : en 2022, ne gagne pas la « guerre des talents » qui veut !

Accélérée par la crise sanitaire, la mutation du rapport au travail est inexorablement en marche. Travail hybride, nomadisme numérique, horaires flexibles, semaine de 4 jours… Ces nouvelles pratiques sont en passe de devenir des critères d’exigence et de préférence pour les candidat.e.s à l’embauche. Dans un contexte de relance économique, qui pourrait atteindre le plein emploi, avec des pénuries de profils sur des métiers clés pour notre avenir économique, le pouvoir est-il en train de changer de camp ? quel est donc le nouveau rapport entre jeunes et entreprises ? Recruteur.euse ou recruté.e, qui doit séduire l’autre ?

Voilà des titres d’articles lus récemment qui interpellent : « Les demandes les plus extravagantes des candidats » ou « Le “ghosting”, une tendance en vogue chez les profils cadres »… De là, à en déduire que la roue tourne et à se demander si c’est l’entreprise ou le.la jeune diplômé.e. qui passe vraiment l’entretien de recrutement, il n’y a qu’un pas.

Quand on passe du job « alimentaire » au job « aspirationnel »

Avec un taux de chômage historiquement bas et un taux d’insertion des jeunes diplômée.e.s qui s’améliore, le dernier Baromètre de l’Apec (1er trimestre 2022) prévoit des intentions d’embauche au plus haut, menacées par d’intenses difficultés de recrutement. Sans pour autant parler de « grande démission » à la française, les indicateurs montrent que les conditions sont réunies pour que les futur.e.s collaborateur.trice.s de nos entreprises fassent des choix qui dépassent l’arbitrage salarial.

760 000 postes à pourvoir chaque année entre 2019 et 2030 selon les prévisions de la DARES dans son rapport « Métiers 2030 »

Les attentes croissantes des candidat.e.s se font sur le terrain des valeurs, et à ce jeu-là, beaucoup d’entreprises sont prêtes à surenchérir pour attirer et retenir les talents dont elles ont besoin. Dans leur viseur, la génération « Z » et ses nouvelles aspirations : quête de sens, évolution des modèles managériaux, équilibre vie pro-perso, mobilité, autonomie…

Jeunes et entreprises : sur quels critères le recrutement se joue-t-i ?

Derrière cette course à l’entrée de sa marque « employeur » au palmarès les « love brands » (une love brand est une marque qui développe une relation affective forte avec sa clientèle NDLR) des jeunes en recherche d’emploi ne se cacherait-il pas, en réalité, un autre challenge en amont, celui de la reconnaissance de sa marque « école » pour les jeunes en recherche d’une formation ?

La guerre des talents n’est pas compatible avec la guerre des écoles, grande marque ou pas.

La mission première d’un établissement d’enseignement supérieur est de préparer ses étudiant.e.s à relever les défis de demain, par l’acquisition de compétences, le savoir-être et, me semble-t-il en développant leur capacités à prendre le pouvoir sur leur vie professionnelle. Le positionnement de chaque école est un enjeu à plusieurs niveaux, au même titre que pour les entreprises. Quelle que soit la filière couverte, la diversité des formations, la lisibilité des débouchés, les – bons – taux d’employabilité, les accréditations et classements, etc. sont autant d’éléments de valorisation et de réputation d’un diplôme et donc d’attractions d’étudiant.e.s potentiel.le.s. Néanmoins, pour que des candidat.e.s arrivent au bon moment sur le marché du travail, avec les bonnes qualifications, sur le bon territoire, et surtout avec la confiance et l’envie nécessaires, il faut au préalable leur donner, à toutes et tous, accès à la formation.

34 % des jeunes affirment que la formation représente une valorisation dans le CV et 25 % la perçoivent comme un tremplin vers l’emploi.

C’est de notre responsabilité collective, écoles, CFA, universités que d’être le lien entre ce monde de l’apprendre et celui du faire et d’œuvrer, en collaboration avec les entreprises et les étudiant.e.s, à ce que l’offre et la demande soient en adéquation. La pédagogie telle que nous la concevons doit préparer à se former tout au long de la vie car le monde du travail sera, plus que jamais, celui de l’apprentissage permanent. Cela implique d’accompagner les jeunes sur leurs orientations et leurs espoirs professionnels, les amener à avoir une vision réaliste de leur premier job, sans pour autant renier leurs envies profondes. C’est une bonne chose que ce match du recrutement se joue en double, écoles, entreprises, même combat. N’est-ce pas plus sain et formateur pour les étudiant.e.s et futur.e.s collaborateurs d’avoir le choix ? Cela bouge les lignes et dessine de nouvelles opportunités où tout le monde peut y gagner !

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L’auteur est Marie-Laure Henry, Directrice des Relations Entreprises et Partenariats Web School Factory, Présidente de la Fondation Factory