JO de Paris 2024, exercice de soft power de tous les dangers ?

JO soft power
Paris France, 23 September 2017: Olympic games symbol on Trocadero place in front of the Eiffel Tower celebrating Paris 2024 summer Olympics

C’est en 1896 que les premiers Jeux Olympiques (JO) de l’ère moderne sont organisés à Athènes. Au-delà des qualités et des valeurs de fair-play liées à la pratique du sport qu’ils sont censées promouvoir, les JO sont présentés comme un moyen de mettre en avant la coopération entre les peuples à l’image des trêves militaires signées à l’ère antique pendant la durée des compétitions sportives. Alors, JO, outil de soft power ?

JO : Politique et soft power

Pourtant, les JO ont toujours reflété les tensions politiques et sociales de leur époque et sont un puissant outil de soft power pour les pays qui les organisent. Les poings levés de Tommie Smith et John Carlos lors des JO de 1968 de Mexico ou le boycott des JO de Moscou de 1980 par les Etats-Unis illustrent par exemple le premier point. En matière de relations internationales, le soft power se définit comme la capacité d’un pays à obtenir ce qu’il recherche à travers des activités d’influence et des positions de pouvoir plutôt que par la force ou la coercition. Il se traduit généralement par l’implication dans les instances dirigeantes de grandes organisations internationales non militaires. S’il est indiscutable que les JO constituent une vitrine pour les pays qui les organisent, l’impact réel de l’organisation de ce type de manifestations est à interroger. Récemment, le peu d’enthousiasme des villes pour candidater comme pays hôte a contrasté avec la multitude de candidatures précédentes et a semblé montrer que l’organisation d’un tel événement n’est plus perçue de manière aussi positive.

La tenue d’événements sportifs planétaires reste un outil de soft power puissant comme l’a montré l’organisation de la coupe du monde de football au Qatar où la logique de la compétition sportive a fini par faire oublier les critiques initiales en matière de droits de l’homme ou d’impact environnemental. Mais la position d’un pays comme le Qatar est différente de celle de la France et le contexte actuel semble plus que jamais marqué par la guerre en Ukraine, par l’embrasement du conflit entre Israël et le Hamas et par une crise environnementale qui illustre un profond changement d’époque et interroge notre modèle de croissance. L’organisation des JO de Paris ne vise pas à installer la France sur l’échiquier international ou à prouver sa capacité à organiser un événement de cette ampleur. Dans son cas, le défi est celui de confirmer un statut et de faire des JO un événement festif et inclusif sans scandale majeur et respectant les contraintes environnementales et socio-économiques actuelles.

Un double enjeu géopolitique et environnemental

De fait, les JO de Paris font face à un double enjeu inédit à ce jour pour ce type de manifestations. Le premier est géopolitique. La position des pays occidentaux et notamment des Etats Unis au sujet du conflit Israélo-Palestinien questionne la légitimité de l’ordre mondial. Le leadership occidental est de plus en plus contesté par les pays du Sud et notamment par leurs soutiens les plus extrémistes. Dans ce contexte, les risques en matière de sécurité seront nombreux. Des attaques faisant écho à la prise d’otages et à l’assassinat d’athlètes israéliens lors des JO de Munich de 1972 ne sont malheureusement pas à exclure et doivent être anticipés. La capacité de la France à éviter tout dérapage déterminera en grande partie l’impact de ces JO en matière de soft power pour la France. Le second est environnemental. Alors que certains, notamment en France, remettent en question l’organisation d’un tel événement en raison de son coût mais aussi de son impact environnemental, ces JO seront scrutés comme rarement auparavant à la lumière de leur bilan écologique. Si Paris 2024 réussit à prouver qu’il est possible d’organiser des JO tout en maitrisant leur empreinte carbone, les JO de Paris de 2024 serviront de maitre étalon aux prochaines éditions et constitueront dès lors à n’en pas douter un exercice de soft power réussi.

JO soft power

L’auteur est Olivier Guyottot, Enseignant-chercheur en stratégie et sciences politiques, INSEEC Grande Ecole, OMNES Education

Imprimer

Articles qui pourraient vous intéresser également

Inscrivez-vous à notre newsletter !

Vous pouvez vous inscrire à notre newsletter en cliquant sur le lien suivant :

inscription à la newsletter