Jeudi 13 octobre, l’IUC recevait la deuxième édition des entretiens Centraliens et Supélec. Cette journée était principalement marquée par la tenue de deux ateliers ayant pour thèmes l’ingénieur en tant qu’entrepreneur, et l’ingénieur en tant que citoyen dans la cité. Un débat était ensuite mis en place entre des intervenants à Paris, et, en vidéoconférence, des Français expatriés à Shangaï et San Francisco, pour certains anciens de Supélec ou de Centrale.
L’ingénieur entrepreneur
Etre ingénieur entrepreneur, c’est non seulement possible mais surtout, c’est de plus en plus courant. En témoignent les offres proposées par les deux écoles organisatrices de cette journée. Tandis qu’Hervé Biausser, directeur de Centrale, évoquait l’incubateur dont le nombre de places est plus important chaque année, Alain Bravo, directeur de Supélec, faisait référence au parcours entreprenariat offert par son école et au rôle des associations (telle que la Junior d’entreprise) qui font naître chez les élèves un réel désir d’agir.
Symbole de l’intérêt grandissant des ingénieurs pour l’entreprenariat, ces écoles ont également toutes deux un partenariat avec une école de commerce (l’ESCP Europe pour Supélec, l’ESSEC pour Centrale), ce qui ne signifie pas pour autant que la formation des futurs entrepreneurs est réservée aux écoles de commerce ! Hervé Biausser insiste en effet sur le fait qu’ « il ne faut pas penser qu’il faut faire un MBA pour entreprendre ». Selon lui, être ingénieur suffit.
Alors, quand faut-il se lancer ? Selon Patrick Teixido, coordinateur des Entretiens, « La sortie de l’école, c’est le moment idéal pour créer une entreprise parce qu’on n’a pas encore le poids de la vie derrière nous » Comme il l’explique, déposer le bilan après 2 ans lorsqu’on n’en a que 22, ce n’est pas si grave.
Les intervenants se sont enfin accordés pour dire qu’il existe de nombreuses aides variées et accessibles qui favorisent la création d’entreprise en France et que, plus particulièrement, Paris possède des atouts significatifs.
L’ingénieur citoyen
Mais l’ingénieur n’est pas uniquement entrepreneur . Il est aussi citoyen, c’est-à-dire que c’est « un ingénieur qui entreprend et qui va au bout de sa passion » selon Thomas, élève de Supélec, président de la Junior Entreprise et rapporteur de l’atelier « L’ingénieur citoyen ». La société a donc besoin de ces ingénieurs qui lui apportent leur analyse, leur rigueur et leur ouverture d’esprit. D’où l’idée, selon Patrick Teixido, qu’en temps de crise, l’ingénieur peut être un « moteur dans la vie de la cité » Pourquoi ? Parce qu’ « il a des connaissances mais il a la pratique terrain aussi.»
Et comment s’investir dans la cité ? Il faut s’y intéresser, tout d’abord, explique Thomas. Et ensuite le faire vite, déclare Alain Bravo, pour qui « Il faut d’abord être citoyen quand on est dans l’école et participer à la vie de l’école »
Et ailleurs, comment ça se passe ?
A Shangaï, en Chine
A Shangaï, les interlocuteurs ont expliqué à l’auditoire que « La Chine est probablement le pays du monde qui fait le plus confiance aux ingénieurs » ajoutant que « Depuis 20 ans, le président et le premier ministre sont des ingénieurs »
Traditionnellement, dans ce pays, l’ingénieur est donc plutôt lié à l’Etat tandis que l’entrepreneur est plutôt un commerçant. Mais les choses sont en train de changer : désormais les ingénieurs veulent créer des entreprises et l’on peut s’attendre à voir de nombreuses start up apparaître dans les années à venir.
Dans la Silicon Valley, en Californie
Les intervenants américains ont quant à eux mis en évidence l’expansion extraordinaire que connaît la Silicon Valley, surtout lorsqu’on la compare avec la situation économique délicate dans laquelle se trouve la Californie en général, avec un Etat en faillite et un risque de seconde récession. Pour les ingénieurs de la Silicon Valley, cependant, le chômage n’existe pas et les jeunes entrepreneurs ont même des difficultés à embaucher. De nombreux Français sont présents sur place ( entre 40 000 et 60 000 ) et leur profil est particulièrement apprécié. « Leur formation est excellente. Ils sont particulièrement reconnus par les Américains qui les embauchent à tour de bras» explique l’un des Français expatriés. D’où l’importance, selon les interlocuteurs américains, d’envoyer les étudiants à Berkley ou Standford, surtout s’ils souhaitent devenir entrepreneurs.
L’ingénieur d’aujourd’hui possède donc trois dimensions essentielles et complémentaires : il est entrepreneur, il est citoyen, et il est ouvert sur le monde extérieur.
Claire Bouleau