La 34e enquête d’IESF fait le point sur l’emploi des ingénieurs en 2023

Emploi des ingénieurs en 2023 : on fait le plein de recrutements !
Emploi des ingénieurs en 2023 : on fait le plein de recrutements ! - Crédit Unsplash

Ingénieurs et Scientifiques de France (IESF) a publié le 13 septembre 2023 la 34e enquête annuelle de l’Observatoire des ingénieurs et scientifiques de France. Une enquête qui atteste de l’augmentation faible mais certaine du nombre d’ingénieurs en France tout en pointant le faible taux de féminisation de ces professions. Constat et pistes d’évolution sur l’emploi des ingénieurs en 2023.

42 000 répondants dont 40 % de moins de 40 ans ont répondu présents à la 34e enquête annuelle de l’Observatoire des ingénieurs et scientifiques de France. Une enquête qui rappelle que la France compte aujourd’hui 1 225 000 ingénieurs dont 1 114 000 en activité, en chiffre en augmentation de 3 % en un an mais qui ne booste pas pour autant de façon drastique la proportion de femmes ingénieurs, qui stagne à 24 %. Si 47 000 nouveaux diplômés ont rejoint les effectifs en 2022 « nous avons besoin de 65 000 nouveaux diplômés chaque année. On assiste donc aujourd’hui à une foire d’empoigne entre les entreprises qui bénéficie bien sûr aux salaires, mais qui ne permet pas encore pour autant aux industriels de trouver les compétences dont ils ont besoin » regrette Marc Rumeau, président d’IESF.

Le plein emploi en ligne de mire

Des nouveaux diplômés qui devraient connaitre une situation de quasi plein emploi. Le taux de chômage des ingénieurs est en effet très faible, à 2.7 % au global (4.7 % chez les moins de 30 ans), des chiffres très en dessous de la moyenne nationale. Entre 30 et 50 ans, le taux de chômage passe même en dessous des 2 %. Une situation qui va sans doute impacter l’emploi des ingénieurs en 2023, 33 % des répondants déclarant en effet avoir l’intention de changer d’employeur, 9 % étant en recherche active.

Cette situation de quasi plein emploi est aussi favorable aux salaires. Selon la 34e enquête de l’Observatoire, le salaire médian des ingénieurs s’élève en effet à 60 000 euros. A noter la subsistance de disparités territoriales (il est de 53 000 euros en province vs 75 000 euros en Ile-de-France par exemple) et de genre. Alors que le salaire médian des hommes s’élève à 66 500 euros pour les hommes, il n’est que de 50 000 euros pour les femmes.

Dans quelles entreprises se concentre l’emploi des ingénieurs en 2023 ?

Côté entreprise, 154 000 recrutements d’ingénieurs et scientifiques ont eu lieu en 2022, soit + 7 % par rapport à 2021. Les ingénieurs évoluant en entreprise sont majoritairement jeunes (39 ans d’âge médian pour les hommes, 34 ans pour les femmes), cadres (96 %) et en CDI (87 %). Ils travaillent en moyenne 42h par semaine et sont 44 % à assurer des responsabilités hiérarchiques.

Leurs secteurs chouchous ? Sans surprise, l’industrie et les sociétés de service sont largement en tête, suivies des activités tertiaires. Un chiffre que déplorent certains, tant l’industrie a aujourd’hui besoin d’ingénieurs pour répondre aux objectifs de réindustrialisation et de décarbonation avancés par le gouvernement. Un chiffre est d’ailleurs important à noter en ce sens : seuls 38 % des ingénieurs travaillant pour une société de service ou de conseil envisagent de faire carrière dans leur entreprise, laissant ainsi le champ libre à une réorientation vers le secteur industriel. Quel que soit leur employeur, les ingénieurs et scientifiques se disent globalement satisfaits de leur travail : à 84 % chez les hommes et à 78 % chez les femmes. Par ailleurs, 90 % des ingénieurs déclarent avoir un bon niveau d’autonomie dans leur travail. De fait, leur satisfaction globale vis-à-vis de leur travail est bonne, avec 80 % de satisfaction, un chiffre porté, entre autres, par la sécurité de l’emploi, l’autonomie, le contenu et la reconnaissance des pairs qu’ils observent dans leur activité.

L’emploi des ingénieurs en 2023 reste très marqué par les grands groupes

Concernant la taille des entreprises qui emploient les ingénieurs, on retrouve bien sûr les grands groupes (53 %), mais aussi les ETI (24 %), les PME (12 %), les TPE (11 %), l’Etat et le secteur public (11 %), les sociétés à capital public (5 %) et enfin, les associations et ONG (3 %).

L’emploi des ingénieurs en 2023 peut et doit mieux faire sur la féminisation

Si l’emploi des ingénieurs en 2023 est particulièrement dynamique, un point noir reste central : celui de la trop faible féminisation des métiers d’ingénieurs et de scientifiques en France. Les femmes ne représentent en effet aujourd’hui que 24 % de la profession, même si on observe de légers frémissements au sein des jeunes, les femmes représentant 27 % des ingénieurs de moins de 30 ans et 28.5 % des ingénieurs diplômés en 2022. « Nous sommes sur un palier entre 26 et 29 % depuis 2011 et les écarts de salaires s’accentuent avec l’âge, notamment en raison de l’accès plus difficile aux postes à responsabilité, à des choix de carrière différents et à des différences de répartition entre hommes et femmes fonction des secteurs » indique la 34e enquête de l’Observatoire. Marc Rumeau insiste aussi sur l’effet orientation, indiquant que « nous avons perdu 60 % des filles dans la spécialité mathématiques depuis réforme du bac ». Parmi les freins indiqués par les femmes au moment de choisir le métier d’ingénieur, elles citent majoritairement une image trop masculine (56 %), trop industrielle (28 %), l’éventuel plafond de verre (29 %) et les exigences du métier en matière d’engagement, de disponibilité ou d’expatriation (10 %). Celles qui font le choix d’une formation d’ingénieur citent quant à elles parmi leurs principales motivations : un intérêt pour les sciences (84 %), leurs aptitudes (62 %) et la qualité de l’emploi (44 %). L’emploi des ingénieurs en 2023 est donc encore fortement marqués par une image qui freine encore majoritairement les jeunes filles à faire ce choix de carrière. Le président d’IESF indique d’ailleurs que des questions concernant le vécu de la mixité en entreprise devraient être ajoutées à la prochaine édition de l’enquête.

L’orientation avant tout

Marc Rumeau insiste enfin que le fait que cette faible proportion de femmes au sein des populations d’ingénieurs et de scientifiques est une illustration d’un phénomène plus global de mauvaise orientation des jeunes. Il adresse d’ailleurs un message clair « Si on veut redresser nos écoles il ne faut pas bricolo-réformer. Il est essentiel de remettre des heures de maths au lycée, de renoncer à supprimer une heure de technologie au collège et de ne pas résumer cette discipline au codage mais en faire un outil de confrontation active à la matière. Il faut remettre en cause le collège unique qui augmente les inégalités, privilégier le qualitatif au quantitatif et stopper le pédagogisme ! Revoir le problème de déclassement et de sous-formation des enseignants, ouvrir des postes à des sachants venant de l’industrie et renforcer la découverte des métiers » conclut-il.

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