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La Banque de France c’est pas que pour les fondus de finance! L’interview de Jean-Michel Boucarut

Rejoindre une institution plus que deux fois centenaire aussi moderne qu’accueillante, au service de la France et à l’Europe : ça vous tente ? Jean-Michel Boucarut (CentraleSupélec 94, Sciences Po Paris 96), Directeur Mise en Œuvre Politique Monétaire à la Banque de France a plein de conseils à vous donner !

Glissons-nous dans vos chaussures : c’est quoi une semaine type quand on dirige la mise en œuvre de la Politique Monétaire?

©Banque de France

Tout d’abord, j’échange au quotidien avec les 80 personnes qui composent mes équipes. Ensuite, je suis en lien direct avec la Banque Centrale Européenne (BCE) et avec mes homologues des autres banques centrales de la zone euro : la Bundesbank, la Banca d’Italia, le Banco de España… Nous nous connaissons parfaitement et nous dialoguons en globish, c’est-à-dire en anglais, bien que ce ne soit pour aucun notre langue maternelle ! Nos échanges sont très organisés avec des réunions programmées chaque semaine afin de préparer les décisions de la BCE. Je peux aussi m’entretenir avec le gouverneur de la Banque de France, car la politique monétaire fait partie intégrante de ses prérogatives. Il siège toutes les six semaines au Conseil de la BCE à Francfort qui décide des taux d’intérêt directeurs, c’est un rythme assez intense. Enfin, je suis régulièrement en contact avec nos économistes, informaticiens et opérateurs, car je tiens à avoir des outils performants. Donc au total, cela fait de nombreux interlocuteurs sur une semaine !

Après 25 ans à la Banque de France, racontez-nous une réussite qui vous a rendu fier ?

Outre la mise en place de l’accord Bâle II dans les banques françaises, une de mes plus grandes fiertés est que la Banque de France ait été choisie en 2021 par la Commission Européenne – au moment de la crise du Covid – pour organiser l’émission de la dette européenne à hauteur de 800 milliards d’euros. Grâce à notre savoir-faire et à l’implication de tous nos collaborateurs surmotivés, nous avons réussi à réaliser ce projet unique en six mois,  un temps record!

Quelle est selon vous la skill indispensable pour qu’un jeune dip’ s’y sente à sa place ?

Indéniablement, l’intérêt pour le bien public. Les jeunes diplômés qui nous rejoignent doivent avoir un fort goût pour les missions d’intérêt général. Ils pourront travailler dans nos succursales réparties sur tout le territoire national, au siège et parfois au niveau européen ou international. Je dirais qu’il faut aussi faire preuve d’un esprit de coopération et de transversalité. Il existe une vraie bienveillance entre les collègues, qui ressort systématiquement dans toutes les enquêtes internes que nous menons. Pas de place donc pour les individualistes.

Qu’attendez-vous des jeunes talents qui vous rejoignent ? Quel impact pourront-ils avoir ?

La Banque de France de demain sera constituée par les nouvelles recrues d’aujourd’hui. Nous sommes 7 000 salariés répartis sur toute la France (dont 3 500 au Siège) et l’institution recrute environ 400 nouveaux talents chaque année. Leur impact est donc énorme sur notre organisation et sur notre activité. Nous attendons d’eux des compétences et connaissances nouvelles. Notre ouverture d’esprit et notre volonté de les accueillir est réelle, orchestrée en premier lieu par les managers. Nous attirons naturellement de nombreux candidats universitaires économiques pour venir renforcer notre département économique, mais nous avons aussi de gros besoins en ingénieurs sur des fonctions de gestion de projet, d’analyse des datas, ou de développement informatique par exemple. Les diplômés d’écoles de management sont également les bienvenus s’ils ont un parcours orienté service public.


CentraleSupélec pour moi

En spécialité Economie, ma formation d’ingénieur m’a appris à bâtir des modèles micro et macroéconomiques. Pour aller plus loin, j’ai voulu acquérir la capacité d’expliquer leur impact sur les citoyens. Ce que ma formation à Sciences Po Paris m’a apporté. Cette belle complémentarité entre les deux versants de l’économie me permet aujourd’hui d’être autant à l’aise avec les chiffres qu’avec la rédaction de notes claires et synthétiques.


Mon conseil :
N’ayez pas peur du poids de l’Histoire ! La Banque de France est une institution moderne, ouverte et très accueillante.

Contact : jean-michel.boucarut@banque-france.fr