La carrière traditionnelle est-elle morte ?

La carrière traditionnelle est-elle morte ?

L’idée de faire toute sa carrière au sein de la même entreprise – carrière dite traditionnelle – serait dépassée. Aujourd’hui, il serait plutôt question de naviguer entre les emplois, les entreprises, selon ses envies, ses attentes, mais aussi pour assouvir un besoin de changement grandissant, notamment chez les nouvelles générations. Qu’en est-il vraiment ? La carrière traditionnelle est-elle morte ?

La notion de carrière repose sur un équilibre souvent sensible

La carrière se définit par la trajectoire d’une personne au sein d’une ou plusieurs organisations, d’un ou plusieurs métiers ou encore comme l’ensemble des expériences vécues au cours de sa vie (Hall, 1976, Giraud et Roger, 2011). En cela, il est donc possible d’envisager une trajectoire traditionnelle, linéaire, au sein de la même organisation, du même métier ou bien une trajectoire dite nomade, non-linéaire, au sein de différentes organisations, différents métiers. Ce choix ne se fait pas de manière arbitraire, mais suit souvent une logique qui lie individu et organisation : le contrat psychologique (Pennaforte, 2012). En effet, individu et organisation ont des objectifs à atteindre et il est nécessaire que ces derniers s’équilibrent afin de permettre à la relation de perdurer. Ainsi, les individus resteront ou partiront plus facilement. Or, les attentes des individus semblent devenir plus importantes que celles des organisations. Les nouvelles générations en seraient la preuve.

« Les jeunes ne sont plus fiables, ils changent d’emploi dès qu’ils commencent à s’ennuyer »

Les nouvelles générations, dîtes Y (1980-2000) et Z (à partir de l’an 2000), sont vues comme celle du changement. Elles n’ont plus les mêmes attentes en terme de travail. La carrière longue au sein de la même entreprise n’est plus ce qu’elles recherchent. D’après Boutannoura et Bentaleb (2016), la principale caractéristique de ces générations est celle de l’émergence de l’individualité. En effet, elles souhaitent pouvoir s’épanouir dans leur emploi, dans leurs missions et ne veulent plus travailler seulement pour gagner leur vie. Sinon, elles ne s’engagent plus et n’hésitent pas à s’en aller. Face à ces nouvelles attentes, les employeurs se trouvent souvent démunis et ne savent pas toujours comment réagir. Or, il leur est important de recruter ces jeunes, mais surtout de les garder autant que possible au sein de leurs organisations. Aujourd’hui, les attentes et besoins des uns et des autres ne semblent plus coïncider, mais est-ce réellement le cas ?

Dans les faits, il s’agirait surtout d’une incompréhension entre les deux parties. Il serait donc intéressant de reposer les bases afin de mieux appréhender les points communs des attentes et besoins entre les nouvelles générations de travailleurs et les organisations susceptibles de les embaucher. Puisque les générations Y et Z ont évolué, les entreprises se doivent peut-être de faire de même et ainsi de repenser leurs modes de gestion de carrière, mais également de gestion des Ressources Humaines afin d’intéresser ces nouveaux profils de travailleurs. Il est important de s’interroger sur ce qui définit le fait de « faire carrière », de « réussir sa carrière ».

La carrière à vie au sein de la même organisation n’est pas morte

Il est alors question de succès de carrière, qui repose à la fois sur les attentes et besoins de l’individu, et sur ceux de l’organisation. Cela constituerait donc un format proche de la carrière traditionnelle, associant davantage individu et organisation (Lutz et al., 2019). Cette dernière s’engagerait à proposer aux professionnels des emplois qui leur permettent de mieux s’épanouir professionnellement et personnellement, à favoriser l’accès à des sources d’informations et de formations. Sans cela, en effet, les individus seront plus susceptibles de changer d’organisation afin de pouvoir s’épanouir. De nos jours, la carrière à vie au sein de la même organisation n’est plus une généralité, mais existe encore. Tout dépend des possibilités et opportunités qui se présentent aussi bien pour et par l’organisation que pour les individus. Le bon équilibre est à trouver afin de satisfaire tout le monde et maintenir ainsi une bonne relation entre l’individu et son organisation.

La carrière traditionnelle est-elle morte ?
© copyright Yann Audic

Par Axelle Lutz, professeure assistante, Field chair de la Famille de MSc Management et stratégie, ICN Artem

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