La Francophonie active : une chance pour l’ingénieur global

Une mobilité réussie ne se limite pas à l’obtention d’un diplôme, mais doit aussi enrichir l’étudiant d’une culture et d’une vision nouvelle complète.

A l’occasion de l’ouverture du Forum International, de la journée de coopération et des rencontres du réseau « n+i » qui rassemblent à Paris écoles d’ingénieurs, entreprises, étudiants et diplômés étrangers les 25 et 26 mars 2013, le débat sur le rôle de la France en matière de coopération universitaire internationale dans les domaines des sciences, des technologies et de l’ingénierie demande à être engagé estime Jean-Pierre Trotignon, délégué Général du réseau « n+i » au cours d’une conférence de presse au Ministère des Affaires Etrangères.

Ce débat éclaire des choix essentiels pour le futur : mobilité des enseignants-chercheurs versus mobilité des étudiants, francophonie versus programmes en anglais, aide à la mobilité étudiante sortante et/ou à la mobilité entrante, qualité des programmes versus quantité des étudiants, financement, etc. Autant de choix qui impacteront le rôle de la France, sa diplomatie et…. sa balance commerciale !

Le rayonnement de la France passe par la mobilisation de ses écoles d’ingénieurs qui offrent des formations d’excellence aux étudiants étrangers et français mais aussi par leur engagement à aider ces ingénieurs à devenir des entrepreneurs capables de créer des richesses et des emplois en France ou dans leur pays.

Dans une politique du chiffre, qu’on pourrait rapprocher, en France, de la fascination des classements en tout genre (classement des pays d’accueil, classements des écoles, des universités…), on juge souvent notre performance, en terme d’attractivité, à notre rang. Rang défini par le nombre d’étudiants accueillis qui placerait la France en 4ème ou 5ème position des pays, selon les sources.

Si pour certains pays le nombre d’étudiants étrangers accueillis se matérialise par un excédent de la balance commerciale (6 à 8 milliards d’euros de bénéfices par an pour l’Australie par exemple), la formation des étudiants étrangers coûte pour la France entre 1,5 et 2 milliards d’euros par an, y compris les étudiants suivant une formation délocalisée chez eux !

Ces simples chiffres reflètent une différence de philosophie en matière d’enseignement supérieur, une opposition entre approche « comptable » et approche « humaniste ». Ils expliquent, entre autres, l’agressivité commerciale des universités anglo-saxonnes en termes de recrutement et les nombreux projets de création de plateformes (hub) de formations qui fleurissent un peu partout dans le monde (Qatar, Dubaï, Maroc, Singapour) et en Chine, qui souhaite devenir le premier pays d’accueil.

Compte tenu de l’effort financier que cela représente pour le contribuable français, Il est légitime d’en mesurer les enjeux pour notre société et revenir à la question fondamentale : quels ingénieurs, étrangers, voulons nous former chez nous et à quel prix ? Une formation de haut niveau à l’International ne doit pas se réduire à un résultat matériel immédiat et à ce qu’il est possible d’acquérir (un Master et la langue anglaise). Une formation d’ingénieur doit permettre à l’étudiant étranger de compléter sa formation initiale par la découverte d’une autre langue, d’un environnement de hautes technologies et aussi d’une autre culture. Nous devons former des ingénieurs qui savent communiquer et se comprendre, bâtir ensemble un monde plus solidaire, ce qui va bien au-delà de la stricte maitrise d’une langue commune.

Cela revient à privilégier la mobilité des étudiants. Privilégier la mobilité étudiante plutôt que la mobilité des professeurs ! Si formation délocalisée il y a, elle doit se faire au premier niveau de l’enseignement supérieur, au niveau très sélectif de la licence pour de jeunes étudiants, et préparer, ou être associée aux niveaux supérieurs (masters et doctorat), à une mobilité en France. Un séjour en France, irremplaçable, doit permettre de faire découvrir aux étudiants étrangers un modèle de société, en vivant au quotidien ce qui fait la démocratie : la laïcité, la liberté d’expression, l’égalité hommes-femmes, la responsabilité sociétale des ingénieurs. Bien plus donc que quelques cours !

L’ingénieur international doit faire la preuve de sa capacité d’adaptation à des situations et des contextes toujours renouvelés. Il est donc apparu légitime que le développement de sa capacité d’adaptation, de rupture et de résilience fasse aussi partie de sa formation et qu’il s’adapte ainsi à un système de formation et non l’inverse !

Grâce à la force du réseau « n+i », la France développe depuis une quinzaine d’années des programmes d’intégration culturelle, linguistique et méthodologique pour aider les étudiants des meilleures universités étrangères à venir se former dans nos écoles (en mobilité entrante), mettant en avant la Francophonie active. Ce réseau entend suivre une voix exigeante, hors des sentiers battus et des idées reçues. La formation de ces élites, francophones, futurs ambassadeurs du savoir-faire technologique français, représente pour la France un formidable défi pour l’avenir.

Des formations, en anglais, concurrentielles aux offres des pays anglo-saxons, pour produire des diplômés comparables en profil, mais aussi en frais réels d’inscription, pourquoi pas ? Et des formations d’ambassadeurs de notre enseignement supérieur et de notre culture, plus exigeantes, largement à la charge de la France, comme un investissement dans son avenir. La francophonie est une chance pour un ingénieur qui se veut « international ».

Les écoles françaises d’ingénieur ne cherchent donc pas à recruter un étudiant étranger solvable, collectionneur de diplômes comme autant de lignes sur un CV, mais un étudiant sélectionné sur son niveau académique, motivé, qui dispose d’une personnalité (ouverture d’esprit, autonomie intellectuelle et affective, curiosité..), qui lui permette de relever le défi d’une découverte culturelle riche mais exigeante : la nôtre.

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