Beaucoup rêvent d’y entrer. Il l’a fait. Lucas, 24 ans, a réussi la Piscine de 42 : le concours d’entrée à cette école d’informatique gratuite. Plongée au cœur de son expérience.
Ce temple du code, fondé par Xavier Niel (aka le patron de Free), fait partie des meilleures écoles d’informatique de France. Depuis 2013, 42 forme les futurs développeurs et développeuses, d’abord à Paris puis dans une trentaine de campus partenaires à travers le monde.
La Piscine de 42, qu’est-ce que c’est ?
Pour être admis, aucun diplôme requis. Ni expérience en programmation. Encore moins besoin de débourser un centime. « L’école est gratuite » s’est motivé Lucas. Seule condition : réussir la Piscine. Loin des cours de natation dans l’eau chlorée, cette épreuve d’admission immersive et intensive dure tout un mois d’été afin d’intégrer l’école à l’automne. Objectif : confirmer l’aptitude à l’apprentissage du code des plus motivés. Autrement dit, retenir ceux qui arrivent à sortir la tête de l’eau !
Jour 1 : direct dans le grand bain
« J’étais excité le premier jour. Je me suis dit : let’s go, on va tout déchirer ! » Ce matin-là, Lucas se rend 96 boulevard Bessières dans le 17e arrondissement de Paris. Une semaine seulement après avoir su qu’il était retenu aux phases de présélection, « des tests de logique » précise-t-il. Les portes de l’école franchies, il s’installe devant un des Mac alignés dans une immense salle. Pas de discours de rentrée, pas de consignes, pas de professeurs, pas d’horaires… Juste un login et un mot de passe pour se connecter, ainsi qu’un mystérieux dossier intitulé « Day 1 » contenant une série d’exercices en langage C. Au total : 13 Days et 26 jours pour résoudre autant d’exercices que possible, week-end compris.
La Piscine de 42 casse les codes pour apprendre le code
Déjà sous l’eau, Lucas se tourne rapidement vers son voisin et sa voisine. Travailler en équipe est indispensable pour éviter de ramer. « On s’est réuni en groupe du premier jour jusqu’au dernier. » Le vaisseau 42 est en effet guidé par la fameuse pédagogie du peer-to-peer. Traduction : sans cours ni prof, les participants doivent chercher les réponses par eux-mêmes, sur Internet ou en profitant des connaissances d’autrui. Sur le même principe, les exercices sont uniquement validés après avoir été corrigés par les « Piscineux » selon un système de points. « Si tu corriges deux élèves, tu gagnes deux points que tu peux utiliser pour te faire corriger à ton tour. » Lucas trouve cette méthode efficace et ludique. « Même quand je ne code pas, j’explique mon code à ceux qui me corrigent ou j’écoute les autres en parler. J’apprends plus vite sans avoir l’impression de travailler » explique celui qui est finalement prof et élève à la fois.
« Un mois de Piscine de 42, c’est gagner un an d’apprentissage. »
Ça nage ou ça patauge
« Tous les vendredis, nous passions un examen et les week-ends, nous travaillions avec une équipe formée aléatoirement » poursuit-il. Ce marathon de codage jour et nuit est intense. Pour Lucas, qui travaillait 12 à 14 heures par jour, ce mois était épuisant mais stimulant. « J’ai adoré cette période active, riche d’échanges. » L’apprenti codeur est fier de lui. « J’ai été combattif. Quand j’ai raté le troisième exam, je n’ai pas craqué et j’ai charbonné. Même si vous ne réussissez pas la Piscine, vous apprenez tellement d’un point de vue technique et humain » encourage l’actuel étudiant de 42. « Force à tous ceux qui passeront la Piscine. Il n’y a pas de secret : donnez-vous ! »
Ambiance
Entre un code à déboguer et une config, Lucas profite de la bonne ambiance à l’école 42. Musique dans les haut-parleurs, du générique de « Oui-oui » au son de métal, soirée mousse, barbecue… « Quand j’en avais marre, j’allais jouer au ping-pong pour me détendre. » Lucas a amélioré ses méthodes de codage et son revers !