La réforme Pécresse de 2008 a été fer de lance dans la promotion du sport auprès des étudiants au sein des universités. L’objectif est double : promouvoir les compétitions universitaires en valorisant l’image des universités et, naturellement inciter les jeunes à faire plus de sport ! Zoom sur les politiques sportives de trois universités engagées : Bordeaux 3, Grenoble 1 et Montpellier 1.
JEAN-YVES CASSAN,
DIRECTEUR SUAPS DE L’UNIVERSITÉ MONTPELLIER 1
Quelle est la vocation du SUAPS (Service des Activités Physiques et Sportives) ?
Nous avons pour ambition de promouvoir le sport auprès de l’ensemble de nos étudiants en leur proposant de pratiquer toute une palette d’activités sportives. Nous voulons créer un lien social entre les étudiants grâce à la pratique du sport. Un lien qui parfois fait défaut à l’université. Le sport est un vecteur d’épanouissement tout comme les études ! Pour cette raison, nous avons pour mission d’en généraliser la pratique, via par exemple un module optionnel de sport qui permet de valider l’année en cours. Enfin, nous encourageons toutes les actions et compétitions organisées par la Fédération Française du Sport Universitaire.
Sur les 20 000 étudiants inscrits dans votre université, 5 000 pratiquent un sport grâce au SUAPS. Avez-vous pour projet d’augmenter ce nombre ?
Nous sommes déjà très satisfaits que 25 % de nos étudiants fassent du sport dans notre université ! Mais nous souhaitons effectivement faire beaucoup mieux. Nous recherchons de nouvelles activités à proposer afin d’attirer le plus grand nombre. Depuis plusieurs années, nous tentons aussi de mieux communiquer sur le SUAPS, encore mal connu des étudiants. Nous multiplions les campagnes d’affichage, les vidéos postées sur internet et les publications de résultats sportifs.
Votre université veut donner les moyens nécessaires aux sportifs de haut niveau, de poursuivre leurs études en parallèle de leur carrière. Quelle forme prend ce soutien ?
Tout sportif de haut niveau inscrit dans notre établissement bénéficie d’un statut à part. L’étudiant profite de cours aménagés et a la possibilité de reporter ses examens en fonction du planning des compétitions. Toutes ces dispositions lui donnent la capacité de gérer son année comme il le souhaite ! Les mentalités ont évolué, de plus en plus de jeunes désirent concilier leurs études et leur passion. Nous voulons répondre à ce souhait.
MARIE SCHNEIDER,
ÉTUDIANTE EN 2E ANNÉE DE MÉDECINE
Qu’est-ce qui t’a incité à pratiquer un sport à l’université ?
J’avais besoin de décompresser tout en me maintenant en forme. Le SUAPS proposait un vaste choix d’activités à moindre coût ! Pourquoi s’en priver ? J’ai pu faire de l’escalade pour 40 € alors qu’en club cela m’aurait coûté 300 € à l’année ! Quand on a beaucoup de travail, on a tendance à s’isoler. Pour moi, c’était l’occasion de faire des rencontres. Puis, on peut progresser à son rythme, il n’y a aucune obligation de présence ou de résultats. Ainsi, pas besoin de choisir entre études et sport. On peut privilégier les études et revenir au sport lorsqu’on a moins de travail. Je conseille vraiment à tous les étudiants de s’inscrire !
JEAN-CHARLES ASTIER,
DIRECTEUR DU SIUAPS DE L’UNIVERSITÉ BORDEAUX 3
Vous proposez plus de 50 activités sportives à destination des étudiants (badminton, gym, rugby, yoga, etc). Quels sont vos objectifs en proposant un si large éventail d’activités ?
Nous souhaitons encourager la pratique d’un sport pour tous. Actuellement, 25 % de nos étudiants font du sport dans le cadre universitaire. Nous désirons atteindre 40 % dans les années à venir en agrandissant nos infrastructures. Nous enregistrons une très forte demande, beaucoup s’épanouissent grâce au sport. Et, développer le sport c’est aussi participer à l’animation du campus en parallèle des actions culturelles et artistiques qui y sont proposées.
L’association sportive de l’université peut se vanter d’être restée championne de France durant 3 années consécutives. Quels éléments expliquent un tel palmarès ?
Notre université s’est toujours distinguée par sa politique pour le sport universitaire de haut niveau. Nous disposons du plus grand domaine sportif universitaire de France. Grâce à des aménagements d’emploi du temps, ils peuvent faire des études tout en poursuivant leur carrière sportive. Enfin, nous pouvons compter sur une équipe très impliquée composée de professeurs et d’intervenants du milieu sportif.
Les universités de Bordeaux ont en partie fusionné cette année. Quelles vont être les conséquences sur l’avenir du sport dans votre établissement ?
En nous réunissant, nous offrons à nos étudiants un choix encore plus important d’activités sportives. Nous faisons disparaitre de nombreuses contraintes qui nous empêchaient de développer davantage la pratique du sport. Nous profitons d’une meilleure visibilité à l’échelle européenne pour les compétitions universitaires. Nous sommes très optimistes sur l’avenir du sport dans notre établissement !
KÉVIN BACLE,
ÉTUDIANT EN LICENCE PRO GÉNIE CIVIL À L’UNIVERSITÉ BORDEAUX 3 ET MÉDAILLÉ D’OR DE FOOTBALL AUX UNIVERSIADES 2013
Comment arrives-tu à concilier sport et études ?
Je reçois beaucoup de soutien de mon université. Dès mon arrivée, j’ai bénéficié du statut de sportif de haut niveau ce qui a permis plus de flexibilité dans mon emploi du temps. J’ai ainsi fait mon DUT en 3 ans au lieu de 2 en continuant de jouer pour le Stade Bordelais. J’ai beaucoup de chance !
Quelles ambitions nourris-tu pour ton avenir ?
Je donne la priorité à mes études ! Je souhaite poursuivre en Master l’an prochain afin de devenir ingénieur. Je n’ai plus l’objectif de devenir footballeur professionnel. Malgré tout, j’espère conserver mon meilleur niveau le plus longtemps possible. Le football me permet aujourd’hui de financer mes études.
PHILIPPE GIROUD,
DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT DU SPORT DE HAUT NIVEAU (DSHN) DE L’UNIVERSITÉ GRENOBLE 1
Dans quel contexte est né le DSHN ?
Durant les années 90, la professionnalisation du sport s’est renforcée. De nombreux étudiants n’arrivaient plus à concilier sport de haut niveau
et études. Un accompagnement s’est alors organisé à l’université mais sans structure spécifique. En 2002, le Comité interuniversitaire du sport
de haut niveau a défini la politique d’encadrement des sportifs pour l’ensemble de l’établissement. Le DSHN a alors été créé pour centraliser et
coordonner nos actions !
Quel succès enregistrez-vous aujourd’hui ?
Nous avons réussi à diminuer les contraintes qui pesaient sur nos sportifs par une politique d’accompagnement soutenue. Nous organisons leur calendrier universitaire en fonction de leur calendrier sportif. Nous avons mis en place un système d’enseignement à distance, de podcasts et de base de données. Presque la moitié nos étudiants sportifs en profitent. 75 % d’entre eux valident leur scolarité. Une réussite scolaire supérieure à la moyenne des autres étudiants ! Seul 8 % abandonnent leurs études en cours de cursus. Ce système crée les conditions de la réussite : 8 étudiants de notre université ont participé aux J.O de Sotchi. Nous en sommes très fiers !
Comment souhaitez-vous faire évoluer cet accompagnement à l’avenir ?
Prochainement, les universités de Grenoble fusionneront. Nous devrons alors coordonner une structure de taille bien plus importante. Nous souhaitons développer encore plus nos actions vers les sports d’hiver qui font notre spécificité ! Enfin, nous voulons nous adapter aux évolutions sportives en accompagnant de nouveaux sports comme le canoë-kayak, et nous ouvrir davantage aux sports féminins.
MARION BUILLET,
ÉTUDIANTE EN 3E ANNÉE DE BIOLOGIE ET SKIEUSE DE FOND SÉLECTIONNÉE AUX J.O DE SOTCHI
En quoi est-ce important pour toi de suivre des études en parallèle de ta passion ?
Dans le ski de fond, il suffit d’une mauvaise blessure pour mettre fin à une carrière. J’ai voulu assurer mon avenir après le sport. Pour moi, il était inconcevable de reprendre mes études dans 10 ou 15 ans une fois ma carrière terminée. Je voulais obtenir mon diplôme dès maintenant. Puis, suivre des cours me permet de décompresser après mes entraînements !
N’est-il pas trop difficile de concilier sport de haut niveau et études ? Comment gères-tu ton emploi du temps ?
Si bien sûr, c’est difficile ! Mais nous sommes bien accompagnés par notre université. Nous avons un tuteur universitaire, des cours aménagés et une salle de musculation. Pour le reste, il faut un peu de patience : j’effectue ma licence sur 5 ans. Ensuite, nous verrons bien, j’ai encore le temps, mon projet professionnel n’est pas totalement établi !
Simon Sénot