Les impacts sociaux du télétravail ont été largement discutés à l’occasion de son fort développement lié à la crise sanitaire. Qu’en est-il de ses impacts environnementaux ? A première vue, le télétravail semble une bonne solution pour améliorer notre empreinte environnementale. La réalité est cependant plus nuancée !
Une réduction des déplacements et des émissions de carbone
Une étude de l’Ademe parue en 2020 souligne l’impact positif du télétravail. Il permet une diminution de 69 % du volume des déplacements journaliers.
Cet impact positif doit cependant être relativisé. Rappelons d’abord que le télétravail par demi-journée n’engendre aucune suppression des déplacements et ne doit donc pas constituer une priorité. Ensuite, une part croissante des déplacements se réalisent à vélo, à pied ou via les transports collectifs. Pour les personnes concernées, le passage au télétravail ne réduit donc pas leur empreinte carbone ou seulement à la marge.
Attention aux effets rebonds !
Par ailleurs, beaucoup de personnes profitent du trajet entre le domicile et le travail pour faire leurs courses ou déposer les enfants à l’école. Ces trajets ne disparaissent pas avec le télétravail. On note même que le télétravail entraîne une augmentation des trajets pour les loisirs, grâce au temps gagné sur les trajets entre le domicile et le lieu de travail. Pour réaliser pleinement le potentiel de l’impact positif du télétravail, il faut une transformation plus profonde des comportements, en encourageant le passage au vélo, à la marche ou aux moyens de transport publics pour l’ensemble des déplacements.
Enfin, si le télétravail continue à se développer après la crise et concerne durablement plusieurs jours par semaine, la tentation de quitter les grandes métropoles va encore se renforcer. Résultat ? Les déplacements les jours de travail en présentiel se rallongeront et pourront moins se faire à vélo ou en transports collectifs. Les réductions des émissions carbone des jours en télétravail seront alors neutralisées, voire dépassées par leur augmentation les autres jours de la semaine.
Les impacts environnementaux du numérique
Le télétravail accélère la transition numérique dont les impacts environnementaux sont encore souvent méconnus. Aujourd’hui, la pollution numérique est déjà responsable de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et ce chiffre passera à 8 % d’ici 2025 si nous poursuivons nos usages au rythme actuel.
L’explosion des visioconférences et la multiplication des outils collaboratifs qui facilitent le travail en équipe à distance ont un impact significatif : le flux de données en vidéo consomme par exemple 1 000 fois plus de bande passante que l’audio. Couper les caméras à certains moments ou utiliser ces outils de manière plus raisonnable constituent de bonnes pratiques.
Enfin, selon une étude de BNP Paribas 3 et Step IT, le télétravail entraîne un renouvellement plus rapide des équipements informatiques par les entreprises et génère donc plus de déchets informatiques alors que les équipements ne sont souvent pas obsolètes. 83 % des entreprises françaises ont ainsi acheté du matériel supplémentaire pendant la crise de la Covid-19. Prolonger la durée de vie du matériel permettrait de réduire l’impact sur la planète.
Si l’impact du télétravail semble néanmoins rester positif sur la planète, il est important de prendre conscience de l’ensemble de ses impacts environnementaux et de surveiller leur évolution. Au-delà des enjeux sociaux, ces éléments devraient être intégrés dans le dialogue social au sein des entreprises pour favoriser un télétravail à impact positif !
Les auteurs : André Sobczak, Titulaire de la Chaire Impact Positif #TogetherForGood et Directeur académique du Mastère Spécialisé « Acteur pour la Transition Energétique » et Mélanie Dugué, Cheffe de projets Etudes & Recherche, Chaire Impact Positif, Audencia