La période inédite de transformations que nous traversons met la recherche scientifique sur le devant de la scène. Quand les quotidiens sont tracés et pressés, l’expérimentation de la recherche permet de gagner en confiance et d’éloigner la crainte de l’incertain.
Lorsque vous étiez étudiante, en quoi votre formation à la recherche vous a fait monter en compétences ?
Lasse de devoir justifier mon doctorat quand j’occupais des postes éloignés de mon expertise de prédilection, avec la crainte de paraître déconnectée du terrain, j’ai fini par privilégier ma formation d’Ingénieur, sésame efficace pour introduire mes réalisations. Heureusement les choses évoluent, la recherche représente aujourd’hui un critère d’accréditation pour les établissements d’enseignement supérieur (CTI critère D.3.1.b). Au-delà des classements, et même si quelques recruteurs restent à persuader, je suis convaincue de l’intérêt de former les étudiants à la recherche.
La formation par la recherche, une palette de compétences pour penser solutions
Chercher, c’est questionner une idée, devenir au fait de ce que je sais et ne sais pas pour développer des perspectives et une nouvelle vision. Former à chercher, c’est transmettre un savant mélange entre connaissances, esprit critique, ténacité, c’est initier aux méthodes expérimentales et de l’ingénierie : identifier et formaliser une problématique, réaliser un état de l’art, capitaliser sur les connaissances existantes, concevoir un dispositif expérimental, éprouver des solutions… Le chercheur emprunte des voies qui impliquent patience, neutralité, doute, analyse critique des échecs, collaboration, humilité, autant d’ingrédients qui permettent d’avancer en confiance. Il avance à tâtons, essaie, se trompe, réessaie. Ainsi, il met en œuvre de nombreuses compétences recherchées par les recruteurs pas seulement pour les fonctions scientifiques : résolution de problèmes, créativité, gestion de projets, prise de décision, communication, coopération, capacité à accepter l’inconnu et à se remettre en question, résilience. Ces compétences constituent un socle précieux (voir l’article publié dans Forbes le 17 janvier 2022 « Les 15 soft skills à maîtriser en entreprise » ou dans Welcome To The Jungle le 5 janvier 2022 intitulé « Soft skills : quelles sont les plus recherchées en 2022 ? ») que l’on choisisse de devenir chercheur ou d’autres métiers à responsabilités, qui tous mobilisent les outils du chercheur. Dans la même logique, former pour la recherche dépasse l’acquisition d’expertises spécialisées. Ainsi, depuis l’arrêté du 7 août 2006, les écoles doctorales préparent l’insertion professionnelle des doctorants en apportant une ouverture sur la connaissance de l’entreprise et les compétences précédemment citées.
Former par et pour la recherche, un défi pédagogique
Comment initier les étudiants ? Tout au long des cursus Bachelors et Ingénieurs, les étudiants de l’EBI découvrent la démarche expérimentale. Passage obligé en fin de cycle ingénieur, quelle que soit la spécialisation choisie, les étudiants se confrontent à une problématique de recherche pendant un semestre, en équipe. Comme dans les congrès, ils présentent leurs travaux devant un Jury de professionnels, à l’occasion de la Journée Scientifique de l’EBI. Les stages de fin d’études sont une autre opportunité. Les étudiants sont amenés à faire émerger une problématique, l’analyser, la résoudre et restituer leur retour d’expérience sous la forme d’un mémoire. A l’EBI, plus de 80 % des Professeurs sont titulaires d’un Doctorat, pédagogues de la Recherche, avec l’envie de faire naître des vocations. Ils y réussissent plutôt bien puisque chaque année, une cinquantaine d’étudiants choisissent la spécialisation recherche. Ils rejoignent ensuite des Directions R&D, mais aussi des Directions Commerciales et Marketing, ou poursuivent en thèse dans d’autres unités de recherche en France ou à l’international. Forte de ses atouts, l’EBI a aussi à cœur de développer l’apprentissage par la recherche auprès des plus jeunes, scolaires et lycéens.
Grâce à la formation par et pour la recherche, l’EBI développe les compétences de ses étudiants pour qu’ils sachent agir et penser solutions, même dans l’incertain.
Dr Delphine HERMOUET Responsable Relations Industrielles et Institutionnelles, Ecole de Biologie Industrielle