Laminés Marchands Européens, le « savoir-fer » à la française – L’interview de Vincent Smeeckaert

interview Vincent Smeeckaert Laminés Marchands Européens

Produire local, une ambition forte portée par Laminés Marchands Européens. En recyclant des ferrailles françaises pour les transformer en nouvelles pièces d’acier, le groupe perpétue un savoir-faire essentiel. Interview de Vincent Smeeckaert (ITII BOURGOGNE 05), directeur général délégué à l’industrie de Laminés Marchands Européens. Par Laurène Thiéry

Expliquez-nous les activités de sidérurgie de LME.

interview Vincent Smeeckaert Laminés Marchands Européens

Laminés Marchands Européens (LME) fait partie du groupe sidérurgique Beltrame. Nous fabriquons des produits issus du recyclage de ferrailles. Notre cœur de métier, c’est l’industrie sidérurgique, à savoir la transformation des déchets ferreux en pièces de construction. Nous faisons du recyclage en achetant des ferrailles de récupération, comme les voitures en fin de vie par exemple. Sur site, nous avons une aciérie et un laminoir. Dans notre aciérie, un four à arc électrique fond et transforme l’acier récupéré qui devient liquide pour être ensuite transformé en billettes d’acier. Nous réchauffons à nouveau ces poutres et nous les transformons pour obtenir le profil désiré : c’est le laminage. Dans la sidérurgie, il y a deux filières : les hauts fourneaux et l’électrique. Nous faisons partie de la filière électrique qui émet beaucoup moins de CO2 que la partie hauts fourneaux. La filière électrique, c’est 100 % de produits recyclés, ce qui donne beaucoup de sens dans nos métiers. A savoir aussi que l’acier est l’un des rares matériaux à être recyclable à l’infini !

Faites-nous rêver avec LA techno la plus spectaculaire employée chez LME ?

Transformer de l’acier d’une phase solide à une phase liquide, c’est hallucinant. Quand on voit ça de ses propres yeux, ça marque une vie. Ce sont des installations XXL qui ne laissent pas indifférent. Cette artillerie lourde avec beaucoup de puissance énergétique nécessite de mettre en place l’automatisation de certaines tâches. Nous collectons déjà des milliers de données en temps réel et nous nous intéressons de plus en plus à leur analyse en se faisant aider par des data scientists pour trouver les modèles mathématiques permettant de piloter au mieux les fours.

Chez LME, comment valorisez-vous votre savoir-faire à la française ?

Nous fabriquons un produit simple que les Italiens, Espagnols ou Allemands savent faire. Ce qui est intéressant, c’est de développer l’économie circulaire avec le recyclage. Nous sommes locavores, nous recyclons de la ferraille française, en circuits courts. Nous sommes des précurseurs : ça fait 50 ans que nous faisons du circuit court pour faire en sorte que le consommateur puisse acheter à proximité de chez lui. Il est nécessaire de communiquer davantage sur l’empreinte bas carbone de notre métier, et de pousser les consommateurs à valoriser un maximum la production locale et nationale. Nous sommes en pleine transition écologique : c’est maintenant que les gens doivent comprendre que c’est aberrant d’acheter de l’acier en Chine.

Motivation, motivation !

« Les seules barrières, c’est nous-mêmes qui nous les mettons. Le champ des possibles est ouvert et n’a aucune limite, c’est juste notre tête qui s’en impose ! C’est toi-même qui fixe les limites de ton parcours. »

Comment convaincre un jeune dip’ que votre branche s’engage pour un futur plus responsable ?

Le développement durable est un enjeu majeur. Nous avons des projets structurants à moyen et long terme pour réduire notre empreinte carbone. L’objectif d’ici 2030 est de réduire de 40 % notre empreinte carbone et, à long terme, nous souhaitons atteindre la neutralité carbone. Nous allons notamment investir dans un nouveau four avec une technologie permettant une économie d’environ 16 % de gaz et donc une réduction de nos émissions de gaz à effet de serre. C’est un projet qui coûte 25 millions d’euros et sera opérationnel en janvier 2023.

#JobBoard

Nous recrutons en permanence, à tous niveaux et dans tous les secteurs confondus. Nous misons beaucoup sur l’apprentissage, avec 10 % de nos effectifs en alternance. Nous avons besoin d’ingénieurs en gestion de projets mécaniques, en gestion de projets électriques, ou encore des ingénieurs environnement. Une partie du recrutement porte sur les ingénieurs en production, en maintenance ou génie industriel. Nous embauchons également au niveau DUT, bac+3 ou même sans diplôme. Le plus important, c’est l’attitude et le savoir-être. Il faut avoir envie de faire évoluer les mentalités et de préserver l’industrie sur le territoire national.

Contact : a.lefebvre@beltrame-group.com

Chiffres-clés :

2 100 collaborateurs dans le groupe Beltrame

Une dizaine de site de production en Italie, France, Suisse et Roumanie

550 salariés chez Laminés Marchands Européens

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