La recherche en finance dans les écoles de management se distingue de la recherche entreprise dans les écoles d’ingénieurs ou à l’université par sa nature, peut-être plus empirique. Ainsi, les travaux de recherche en finance ne répondent pas seulement à la question du ‘pourquoi’, mais s’intéressent également au ‘comment’. En répondant à ces deux questions notre but est de formuler une théorie que nous pouvons ensuite tester. Une telle démarche est au cœur de notre activité car notre recherche doit non seulement être utile mais aussi utilisée.
Bien que l’objectif soit de produire des articles de recherche en finance, nous privilégions une ouverture vers d’autres disciplines académiques. Très souvent, nous mobilisons non seulement les chercheurs directement concernés mais aussi des experts en mathématiques, en sociologie, en psychologie, en économie… Les réponses à des questions complexes viennent de cette logique transversale : une grande école de management possède des enseignants-chercheurs de disciplines diverses qui peuvent travailler en collaboration.
Le fruit de cette collaboration privilégie des thèmes tels que les fusions et acquisitions, le risk management, la finance comportementale, la gouvernance d’entreprise (finance corporate), la gestion de portefeuille, mais aussi la micro-finance. A Audencia Nantes, les 14 enseignants-chercheurs en finance font partie du Centre for Financial and Risk Management qui regroupe 25 professeurs non seulement en finance, mais aussi en comptabilité et contrôle de gestion.
Le travail de chercheur en finance consiste en la lecture d’articles de recherche d’autres chercheurs du monde entier. Cette démarche permet une visibilité sur les travaux déjà effectués et sur les connaissances déjà établies qui ainsi donnent des pistes de nouveaux thèmes de recherche et permettent à l’expert d’être le premier à publier sur la question. La rédaction d’articles nécessite l’utilisation de bases de données telles que Datastream ou encore Bloomberg.
Une telle activité génère une quantité importante de production intellectuelle
L’unité de production est le papier de recherche (working paper) destiné aux colloques puis à des revues scientifiques. Les plus prestigieuses de ces revues sont américaines et depuis une dizaine d’années, les publications de recherche sont résolument internationales. Aujourd’hui, même les meilleures revues françaises dans le domaine sont publiées en anglais et l’activité quotidienne de recherche en finance se fait dans la langue de Shakespeare pour permettre un impact àl’échelle globale.
Une telle approche nécessite des conditions de travail adaptées et c’est là l’avantage non négligeable d’exercer son activité de recherche en business school. Ces dernières laissent du temps aux enseignants-chercheurs pour leurs travaux. En fonction de l’importance de leur activité de recherche, elles accompagnent les jeunes chercheurs, mettent à disposition leurs réseaux et laboratoires, apportent une aide financière pour les projets de recherche, les participations aux colloques ou encore les rencontres de chercheurs à l’étranger. Enfin, l’activité de recherche est étroitement liée à l’enseignement, les deux ne peuvent être cloisonnés et se nourrissent mutuellement. Le fruit de ces recherches se destine à un public large : les autres chercheurs, les entreprises, les organisations politiques et internationales, les étudiants, les médias et dans une moindre mesure le grand public. Les entreprises sont parfois même à l’origine de ces recherches par la création de Chaires afin de bénéficier d’une expertise extérieure et indépendante.
Par Christophe Villa,
Professeur, Titulaire de la chaire des Banques Populaires en Microfinance à Audencia