Comment faire confiance à des Millennials avides d’autonomie tout en assurant un suivi optimisé en mode win win ? Mode d’emploi.
Si les jours du Command & Control étaient déjà comptés, la crise Covid l’a-t-elle définitivement achevé ? « Aujourd’hui, on ne peut plus manager sur des rapports hiérarchiques ou une autorité de fait. Nous sommes en pleine crise des porteurs de crédibilité, due, entre autres, à la révolution numérique qui remet en cause l’autorité des anciens et de toutes les institutions solides. Dans une société fluide où on apprend de partout, le porteur d’autorité ne peut être crédible que s’il est légitime. L’âge et le charisme ne suffisent plus, place au leadership de proximité, à l’autorité relationnelle et à l’empathie » analyse Elodie Gentina, professeur en marketing et experte de la Génération Z à l’IESEG School of Management. C’est ainsi que de nombreuses entreprises ont abandonné l’entretien annuel pour des feedbacks réguliers, ou remplacé les échanges par mails et leurs sempiternels « répondre à tous » par des messageries instantanées.
Pour aller plus loin : le manager résilient, le meilleur boss du monde d’après ?
Rassurant le contrôle ?
Et pourtant, le respect de bons vieux process ne serait-il pas une façon de barrer la route à l’incertitude ? Fausse bonne idée selon Bernard Coulaty ex-DRH international, professeur et expert en gestion des ressources humaines et leadership à l’IÉSEG School of Management. « Le process ça tue l’initiative et donc l’engagement. L’heure est à la simplification, surtout en temps de crise : quand on crée un process il faudrait en supprimer deux ou trois en même temps ! »
Freedom
Abandonner le contrôle, c’est aussi donner plus de liberté à ses collaborateurs… qui, contrairement aux idées reçues, ne veulent pas en abuser. « La GenZ a besoin de liberté mais aussi d’une équipe et de relations humaines. Les jeunes sont fidèles à leurs collaborateurs et troquent la fidélité d’entreprise pour une fidélité sociale et collaborative. Pour preuve, un de leurs premiers critères de fidélisation c’est l’esprit d’équipe. Ainsi, seuls 30 % d’entre eux sont intéressés pour travailler dans un espace de coworking » précise la professeur de l’IESEG.
Place aux savoirs penser
Si nous avons déjà traversé le siècle des savoirs et le siècle des savoir-être, l’heure est aujourd’hui au siècle des savoir-penser, indispensables pour répondre aux défis posés par un monde toujours plus complexe. Pour que les Millennials puissent exercer ces savoir penser, il faut les doter « de compétences qui ne peuvent être remplacées par l’intelligence artificielle : la créativité, la résolution de problèmes complexes, la perception sensorielle, la sociabilité… Si pour cela l’agilité s’avère essentielle, elle ne suffit plus. Il faut désormais faire un pas de côté pour penser différemment, changer de monde et donc, changer de paradigme. Et ce pas de côté, ce sont les nouvelles générations qui vont nous l’enseigner car elles se sont déjà octroyées le droit d’entreprendre, de dire de ce qu’elles pensent, de signer des manifestes… pour rendre l’entreprise redevable au monde dans lequel elle s’inscrit » indique Manuelle Malot, directrice du NewGen Talent de l’EDHEC.
#LeaderIdéal
Jeunes diplômés cherchent leaders pour changer le monde ! Quels sont les traits du leader idéal selon les jeunes générations ? Portrait par Manuelle Malot, directrice du NewGen talent de l’EDHEC.
Il est redevable des enjeux du monde et pas seulement du business. Il doit avoir et incarner l’impact environnemental, social et sociétal de son entreprise. Il a envie de changer le monde d’hier, en mieux !
On lui fait confiance. Les jeunes font plus confiance aux leaders d’entreprise qu’au pouvoir politique. Ils attendent de l’entreprise qu’elle change le monde, ce qui confère une responsabilité pharamineuse au leader. La question de l’engagement devenant le nerf de la guerre, cette crise va les pousser à expérimenter de nouvelles raisons d’être et va sans doute leur permettre de gagner 10 ans sur ce sujet.
Il donne confiance. « Faites-moi confiance » disent les jeunes à leurs leaders, mais aussi « donnez-moi confiance et accompagnez-moi dans ce mouvement vers la prise de responsabilités ». Le premier critère de choix pour s’engager dans une entreprise est en effet l’assurance d’être utile, d’avoir de l’influence et de participer aux décisions.
C’est Didier Deschamps ! Aujourd’hui, les jeunes voient l’entreprise comme une aventure collective. Comme au foot, on se serre les coudes et on se dépasse pour relever un gros challenge, accompagné par un entraineur – le leader – qui arrive à faire travailler ensemble des personnes, des égos et des valeurs différents. Mais si les jeunes ont cette confiance dans l’entreprise, ils la jugent malgré tout toujours comme le reflet d’un monde ancien, complexe et vertical. Il est donc temps de taper dans la fourmilière… sans abimer les fourmis !
Il est à l’écoute. Les jeunes ont confiance dans l’entreprise mais veulent aussi challenger les leaders pour transformer l’entreprise de demain. Ou comment redonner ses lettres de noblesse à l’essence même du leadership : donner et expliquer le cap.
Il est compétent. Si auparavant le leader était respecté pour son autorité, aujourd’hui, un leader dont l’autorité ne serait que statutaire n’a aucune chance de réussir. Etre uniquement dans le contrôle, ça n’engage pas. On respecte un leader pour sa compétence et sa capacité à développer les compétences des autres. On passe ainsi d’une autorité de statut à une autorité de compétence et de l’inspiration.