L’innovation couplée à l’environnement. Le fil rouge de la carrière de Sylvain Granger (ISAE-SUPAERO 83), directeur des projets Déconstruction-Déchets chez EDF, mais également les fondamentaux de votre job si vous rejoignez ses équipes. L’assurance aussi de travailler sur des problématiques ô combien actuelles autour des centrales nucléaires. Interview de Sylvain Granger.
Si EDF est bien sûr bien connue comme l’entreprise française assurant l’essentiel de la production d’électricité du pays, avec un mix énergie nucléaire (à 75 % de la production totale) / énergies renouvelables, peu de gens savent que le nucléaire ne contribue pas au réchauffement climatique. « C’est important car cela nous permet d’assurer en France la production la plus décarbonnée existante en Europe, avec la Suède et le Danemark et loin devant l’Allemagne par exemple », introduit Sylvain Granger, directeur des projets Déconstruction-Déchets chez EDF.
Engagée pour un monde plus durable….
Par ailleurs, l’entreprise met en place, depuis plusieurs années, un certain nombre d’initiatives pour contribuer à un monde plus durable. « EDF a pris la décision de fermer ses dernières centrales à charbon », illustre Sylvain Granger. Et dans l’investissement pour le développement durable, ce top manager a lui une mission fondamentale : veiller à ce que la gestion des déchets nucléaires et le démantèlement des centrales soient faits sans impact environnemental et sanitaire. « En effet, bien que le nucléaire soit une énergie décarbonnée, il faut gérer la question des déchets radioactifs et du démantèlement des installations en fin de vie, explique-t-il. Nous avons fait énormément d’investissements ces dix dernières années pour mettre en œuvre des solutions industrielles performantes dans ces domaines. » Parmi celles-ci, de nouveaux procédés de traitement ont été développés pour éliminer la radioactivité de certains déchets issus du démantèlement des centrales. « La notion de responsabilité du cycle de vie complet des installations est essentielle pour que la production nucléaire puisse répondre aux enjeux d’un monde plus durable ».
… en France mais également à l’international !
EDF va même plus loin que la seule gestion de ces questions à l’échelle nationale. « Aujourd’hui, on entre dans une vague de démantèlement des centrales nucléaires, que ce soit en Europe, aux Etats-Unis ou au Japon, explique Sylvain Granger. Nous avons saisi l’opportunité de valoriser nos savoir-faire et développer des activités économiques et commerciales dans ce domaine ». Et après un an de négociations, EDF vient de remporter un important marché de démantèlement et de traitement de déchets en Allemagne. « C’est un contrat important qui montre que nous sommes aujourd’hui reconnus dans notre capacité industrielle de démantèlement et de gestion des déchets, y compris en Allemagne. C’est une véritable source de fierté. » Ce marché a été remporté par la filiale d’EDF Cyclife, créée en 2016 par Sylvain Granger et dont il est le président exécutif. « En 2015, le président-directeur général d’EDF, Jean-Bernard Lévy, a souhaité faire évoluer l’entreprise sur ces sujets de démantèlement, raconte-t-il. Il voulait créer une filière d’excellence française sur le sujet et développer une activité à vocation internationale ». Sylvain Granger propose alors de créer Cyclife, une filiale disposant d’usines et de compétences clés pour pouvoir offrir des services sur des sujets sensibles à forte valeur ajoutée à des clients. Elle compte aujourd’hui plus de 500 collaborateurs.
Une équipe de 1 000 personnes à renforcer
Preuve s’il en faut que la direction des projets Déconstruction-Déchets porte des dossiers conséquents, Sylvain Granger compte également parmi ses responsabilités, celle du démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim, fermée en 2020. « Nous sommes engagés dans la préparation du démantèlement, précise-t-il. C’est déjà un très gros chantier. Nous le menons en parallèle de l’instruction par les autorités compétentes du dossier technique que nous avons remis fin 2020 pour présenter et justifier les opérations de démantèlement qui permettront de « libérer » le site des installations arrêtées ». Pour mener à bien l’ensemble de ces projets, Sylvain Granger dispose d’une équipe de 1 000 personnes qui va continuer de se renforcer. A bon entendeur !
#JobBoard
Au sein des équipes de Sylvain Granger, mais également dans d’autres directions d’EDF, les besoins sont particulièrement forts dans trois domaines :
– Le management de projets, devenu un métier en soi chez EDF et qui matchera particulièrement avec les jeunes dip’ à l’esprit entrepreneurial.
– La transformation numérique. Aujourd’hui pour démanteler les installations, les ingénieurs utilisent de nombreux outils numériques, basés notamment sur l’intelligence artificielle ou les objets connectés. L’appétence pour le numérique intéresse particulièrement EDF.
– La robotique. Un secteur très technique dont les compétences sont plutôt rares en France, donc très recherchées.
Le conseil du boss
« A la sortie de mes études, on m’avait dit qu’il fallait absolument avoir une plan de carrière bien défini, organiser son parcours pour atteindre son job de rêve. Je n’ai pas suivi ce conseil. D’abord, parce que je n’en étais pas capable et ensuite parce qu’à 25 ans, j’avais surtout envie de me faire plaisir. J’ai d’ailleurs toujours essayé de trouver un job où je prendrai du plaisir et dans lequel j’aurais l’impression d’être utile. Je trouve que c’est particulièrement vrai aujourd’hui : dans un monde complexe et incertain, où les carrières ne se construisent pas comme avant, il est surtout important de trouver un job dans lequel on peut s’épanouir, sans penser systématiquement à la suite. Lorsque l’on est passionné, les opportunités se présentent d’elles-mêmes. Donc faites ce que vous avez envie ! »
La valeur ajoutée ISAE-SUPAERO
Sur quoi les diplômés font-ils la différence ?
J’ai été recruté chez EDF parce qu’à l’époque on se posait la question de l’effet du vent sur les tours de réfrigération à l’extérieur des centrales nucléaires. Ils cherchaient donc quelqu’un avec des compétences de haut niveau dans les domaines de l’aérodynamique, de la mécanique des structures et en même temps, un profil suffisamment généraliste pour pouvoir évoluer dans l’entreprise sur d’autres postes et missions. Et pour moi, c’est une vraie valeur ajoutée de l‘école. En plus d’être reconnue comme très sélective, elle nous offrait à la fois des enseignements spécialisés et des bases généralistes fortes et très ouvertes.
Pourquoi les diplômés de l’ISAE-SUPAERO matchent-il avec les ambitions d’EDF ?
Chez EDF, nous recherchons des personnes avec un profil généraliste. Mais dans un contexte incertain et complexe, nous avons besoin de personnes dont nous sommes à peu près sûrs qu’elles vont être à même de gérer la complexité avec une capacité d’innovation importante. Et à l’ISAE-SUPAERO, il y a un vrai travail fait pour développer la capacité des élèves à appréhender des problèmes complexes.
Le meilleur souvenir de vos études ?
Mon projet de fin d’études ! J’avais été amené à développer un système permettant d’adapter un moteur d’avion pour le rendre compatible avec des biocarburants. Il y avait une dimension innovation couplée avec une problématique environnementale qui, à l’époque, pouvait paraitre un peu marginale ou futuriste mais qui, avec le recul, annonçait des problématiques aujourd’hui sur le devant de la scène. L’innovation et l’environnement sont vraiment les deux centres d’intérêt qui ont été le fil rouge de mon parcours.
Chiffres clés
69 milliards d’euros de CA en 2020 en 2020 / 33,8 milliards d’euros d’actifs dédiés pour la gestion des déchets et le démantèlement en 2020 / 100% des déchets radioactifs produits sont pris en charge dans des filières de gestion industrielles
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