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Le Directeur juridique, ce legal geek qui s’ignore

La digitalisation des professions juridiques : une menace sur l’intégrité des professionnels du droit ? Non, bien au contraire ! Si le numérique et sa philosophie du partage ont pu s’imposer comme des obstacles à son développement au sein des directions juridiques, ces dernières en sont aujourd’hui convaincues : le digital est une formidable opportunité de se recentrer sur leur métier. Oui mais comment ?

 

Crédits DAY ONE

A l’heure où seules 18 % des directions juridiques estiment qu’elles sont à un niveau avancé de la digitalisation, droit et numérique sont-ils amis ou ennemis ? « Dans une entreprise aujourd’hui, tout est juridique. Le digital permet aux professionnels du droit de gagner un temps considérable sur des tâches répétitives à faible valeur ajoutée. Dans une société qui brasse des milliers de contrats par an, la signature électronique s’impose par exemple comme un atout de taille. De même, l’utilisation d’un outil numérique collaboratif pour travailler sur des contrats assure une fiabilité de suivi sans pareil », indique Olivier Chaduteau, Managing Partner chez Day One, cabinet de conseil en management spécialisé sur les métiers juridiques.

 Ready for digital ?

Mais tout est une question de timing. Après une longue période d’interrogations et de fantasmes sur le grand remplacement des juristes par le numérique et l’IA en particulier, 2019 s’impose comme « l’année de la bascule. On ne conçoit plus une relation de la machine contre l’humain mais de la machine avec l’humain : le juriste réfléchit, innove et critique avec éthique pendant que la machine lui offre une capacité de calcul et de travail inégalée. »

Les technos chouchous du juriste

Mais alors quelles sont les techs les plus à même d’accompagner efficacement les juristes ? Le machine learning tout d’abord, le meilleur ami du pro du droit des affaires ! Gain de temps assuré en cas d’audit visant à assurer la cohérence juridique des clauses contractuelles ou des Conditions Générales de Vente de l’entreprise par exemple. Petit bémol : « en France, nous ne disposons pas encore de volumes de données suffisants pour être pleinement exploités. On ne fait pas du machine learning et du Big Data avec 10 000 contrats mais avec 1 million de contrats ! ». Mix de linguistique, de mathématiques et de statistiques, le Natural Language Processing (NLP) permet quant à lui de reconnaître les termes connexes à une recherche. Vous voulez checker des clauses en lien avec la confidentialité ? Le NLP trouvera bien sûr LA clause de confidentialité mais aussi tous les sujets abordant la confidentialité dans l’ensemble de vos contrats.

Et les legaltech ?

Cette industrie des services juridiques digitalisés est plébiscitée par les entreprises. Parmi les technos les plus appréciées : le Big Data (pour le stockage et l’analyse des données), les outils d’automatisation (pour les factures, bilans comptables, contrats…), les procédés d’optimisation de la procédure juridique et de mise en relation des professionnels du droit avec leurs clients.

 Le saviez-vous ? Après la technique juridique et les connaissances règlementaires, la maîtrise des outils et des nouvelles technologies est dans le top 3 des compétences attendues chez les collaborateurs des directions juridiques.

Jeune juriste, ce qui fait la différence sur mon CV « Un juriste qui n’apprend que le droit ne sera pas un bon juriste. Son excellence en technique juridique doit se coupler avec une maîtrise de bases en économie, finance, géopolitique, en management et en digital bien sûr, pour comprendre la logique d’un algorithme et les impacts du numérique sur le droit. » Est-ce à dire qu’il faudrait maîtriser le code informatique aussi bien que les codes juridiques ? « Le juriste de demain ne sera pas forcément un juriste codeur mais un business leader. Impossible de faire l’impasse sur le compréhension et les implications des technos », conclut Olivier Chaduteau.