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Le génie de Clairefontaine ? Savoir se recycler ! – L’interview de Guillaume Nusse

Génération après génération, le groupe familial Exacompta Clairefontaine a toujours su faire preuve d’une grande capacité à se diversifier, s’adapter, innover. A l’exemple de Guillaume Nusse (Maîtrise de gestion à La Sorbonne), digne représentant de la sixième génération et PDG de Clairefontaine Rhodia qui a lancé – avec succès ! – le département Beaux-Arts du groupe. Interview avec un homme et une entreprise agiles par nature. 

 

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Qui imaginerait que derrière une adresse aussi banale que la très générique « info@clairefontaine.com » se tienne le PDG de l’entreprise ?… « Je réponds à chaque mail », confirme Guillaume Nusse, représentant de la sixième génération gouvernant ce groupe devenu le dernier papetier européen à la fois producteur et transformateur. « Les actionnaires détiennent 20 % des parts, la famille, 80 %. Cela nous oblige à avoir la rigueur des sociétés cotées tout en conservant la liberté d’action d’une entreprise familiale. En charge d’un des cinq départements d’un groupe comptant des marques légendaires : Clairefontaine, Rhodia, Exacompta, Quo Vadis… Guillaume Nusse s’occupe de la branche la plus connue du public. « Clairefontaine, ce sont bien entendu ces cahiers si chers au cœur des Français, mais plus uniquement ». Il y a 20 ans, en effet, en voyant les étudiants basculer l’un après l’autre de la prise de notes sur papier aux écrans, il décide qu’il est temps de se diversifier (« une nouvelle fois ! ») et ouvre le département Beaux-Arts-loisirs créatifs. Qui depuis, cartonne !

 

« Evoluer, toujours »

« Des produits de grande qualité, pétris de savoir-faire. On se fait plaisir et les utilisateurs aussi. Pour eux, nous sommes devenus la référence dans le monde entier. D’où l’importance dans ces moments critiques de maîtriser la production : on peut la changer ! ». De fait, aujourd’hui bien installé dans le développement des photos en ligne et n°2 européen du papier cadeau, le groupe a toujours possédé le génie de la diversification. « Mon grand-père a lancé les cahiers scolaires dans les années 50, quand les élèves utilisaient encore l’ardoise, puis mon père, avec ses ramettes, a surfé sur la vague de l’impression à-tout-va des années 70. Tout évolue en continu. Les papèteries indépendantes ont aujourd’hui pratiquement disparu, mais nous nous sommes adaptés, en restant toujours centrés sur notre cœur de métier : le papier. Mêmes machines, mêmes process, mêmes univers… Là où les groupes purement financiers du secteur ont été balayés, nos choix sur le long terme nous ont protégés. Ici, pas de course au profit ! On s’inscrit dans la durée, nos collaborateurs les premiers, qui restent longtemps chez nous. D’ailleurs, sur la quarantaine d’entreprises rachetées, la grande majorité ont conservé leur manière de fonctionner et leur management ».

Zéro greenwashing

« Et pas de greenwashing, surtout ! » s’exclame le dirigeant. Son premier prix environnemental, le groupe l’a reçu il y a plus de… 30 ans ! « Depuis toujours, chez nous, un arbre coupé = un arbre replanté. Certifiés Iso 14 001, tous nos papiers sont labellisés PEFC ou FSC. Certains sont 100 % recyclés, d’autres non, mais un papier vierge peut être tout aussi écologique qu’un recyclé : eau, matières premières, déchets… tout est pris en compte. Quand on est écolo, il faut l’être de A à Z, du 1er janvier au 31 décembre ! »

Papier vs clavier : le match

Quant à la mutation numérique, elle représente juste un challenge de plus : « La prise de notes a certes basculé dans l’immatériel, mais le bureau Zéro papier n’est pas pour demain. Nous concernant, exception faite de nos investissements dans les photos développées en ligne, le numérique reste un simple outil et notre unique objet de convoitise le papier. Plus nos vies se dématérialisent, plus nous avons besoin de ce support réel, palpable, apaisant. D’où d’ailleurs, le succès actuel des loisirs créatifs et de nos produits dédiés. »

Un manager à la page

Arrivé à la tête de Clairefontaine Rhodia en 1996, Guillaume Nusse n’a, depuis, que très peu fait évoluer son mode de management. « Je suis avant tout quelqu’un d’empirique. Accordant un maximum d’autonomie à mes collaborateurs, je me repose sur l’outil de contrôle neutre que sont les chiffres. Que je consulte chaque jour. Mon travail ? Gérer 15 000 produits et des millions de lignes de commandes, guidé par un seul but : nous améliorer. Je multiplie donc les échanges bilatéraux et, de ce côté, le mail qui m’a permis de m’adresser à chacun quand je le voulais est une vraie révolution. Beaucoup d’échanges, donc, de réactivité. Et pas de budget, surtout ! Quel budget pensé en 2019 a résisté à la vague Covid ?… Aucun ! »

Crise = opportunité

En accord avec l’idéogramme chinois signifiant à la fois « crise » et « opportunité », Guillaume Nusse pense que les périodes difficiles sont également celles où les dirigeants sont les plus à même de faire bouger les lignes. « Si on a la moindre marge de manœuvre, il faut tenter sa chance, s’adapter. La crise et les confinements nous ont bien sûr impactés, mais ont également permis à nos produits Beaux-Arts de trouver de nouveaux débouchés. Et ce dans le monde entier. » A ce propos, ceux qu’intéresserait le fait de rejoindre les équipes Exacompta Clairefontaine ne peuvent ignorer sa dimension internationale : le groupe possède en effet des filiales dans toute l’Europe, notamment en Allemagne, eu Royaume Uni, en Suisse et au Danemark.

>>>> Pour aller plus loin : Management, entreprise, Covid, c’est en temps de crise qu’on reconnait les meilleurs leaders !

« Nous sommes constamment en recherche de techniciens, ingénieurs de production, responsables marketing et comptables. Ce, même si nos collaborateurs restent généralement très longtemps. Il faut dire que le groupe est à l’écoute de leur bien-être au-delà du simple respect des lois. Par exemple, ce n’est pas parce qu’une filiale n’a pas 50 employés qu’elle n’aura pas son comité d’entreprise. »

Dirigeant à plein temps

« Je ne supporte pas d’avoir 100 mails à traiter le lundi matin : ça me gâche mon week-end à l’avance. Travaillant avec mon épouse et en famille, difficile pour moi d’établir une séparation entre vie professionnelle et vie privée. Je travaille donc en continu, sans vacances, à l’exception de la trêve de Noël. De toute façon, quand j’ai quelque chose en tête, je ne peux m’arrêter qu’après avoir trouvé la solution. Je travaille partout : maison, train, avion… m’aérant les idées en visitant nos filiales à l’étranger et me ressourçant en marchant dans la montagne, autour de chez moi, en Forêt Noire. En revanche, je n’ai jamais demandé à un collaborateur de rester travailler le soir ou de venir le week-end. Mais, à la tête de l’entreprise, c’est différent : quand on est dirigeant, c’est à plein temps ! »

Le petit + de Guillaume Nusse

« Je m’intéresse à chaque candidature et porte une attention particulière à toutes ces petites compétences qui distinguent certains, indiquant leur implication et cette envie de faire plus. Ainsi, à mes yeux, est-il important de posséder un maximum de langages, à commencer par les langues vivantes. Quitte à en parler trois correctement plutôt que deux parfaitement. Il faut bien évidemment maîtriser les logiciels de base, mais aussi d’autres très utiles pour l’infographie et les nouveaux médias. Sur un CV, ce sont souvent ces petits plus qui font la différence. » Enfin, la culture générale, ça aide toujours…

Chiffres clés

3 600 collaborateurs (les ¾ en France)

700 millions d’euros de CA en 2019

 

Contact : info@clairefontaine.com