Le grand témoin : Dominique Carlac’h Porte-Parole & VP du Medef

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« Faire rayonner l’équipe de France économique », telle est la philosophie de Dominique Carlac’h, porte-parole et VP du Medef. Seule femme dans la course à la succession de Pierre Gattaz à la tête de l’organisation patronale en 2018, son profil de femme ex-athlète de haut niveau et dirigeante de PME détonne. Elle revient sur son parcours, ses engagements de chef d’entreprise et ses combats de femme.

 

Pouvoir et genre, deux thèmes indissociables ?

Dominique Carlac’h, porte-parole et VP du Medef revient sans détour sur son parcours, ses engagements de chef d’entreprise et ses combats de femme
Dominique Carlac’h, porte-parole et VP du Medef revient sans détour sur son parcours, ses engagements de chef d’entreprise et ses combats de femme

En absolu ou en théorie, non le pouvoir n’a pas de sexe. Le pouvoir c’est l’influence, le processus qui amène à prendre des décisions pour le collectif. Mais pour beaucoup, il relève encore d’un organigramme assez naturellement pyramidal et rarement systémique. Et en haut de la pyramide (comme en haut d’un trône !), l’inconscient collectif et les stéréotypes placent encore la hiérarchie des normes masculines avant le matriarcat. Mais pourtant, exercer une responsabilité sur un collectif,  prendre des décisions ou gérer la collectivité, ça n’a pas de sexe !

Femmes et sportive de haut niveau, vous n’entriez donc pas vraiment dans les cases ?

La figure du président du Medef est celle du patron des patrons et renvoie donc à des stéréotypes masculins. Dans ma représentation médiatique on a beaucoup parlé de ma féminité, le symétrique de l’intériorisation de l’homme au sommet du pouvoir. Une femme arrivait dans la campagne ! Ma candidature était vue comme un phénomène. D’autant plus qu’on abordait aussi mon  passé de championne de France junior du 400m. Un processus qui m’a à la fois enfermée et propulsée dans la singularité. Je n’étais pas spontanément interrogée sur mon programme. J’étais, soit un ovni venu de nulle part, soit quelqu’un qui incarnait la différence. Mais en tout cas, pas le stéréotype attendu pour prendre le poste !

Un choc ?

C’est certain. Toute ma vie, j’ai avancé uniquement selon mes convictions et mes expertises. Toute ma carrière et tout mon succès entrepreneurial ne sont pas liés au fait que je suis une femme ou une sportive mais bien à mon expertise et à ma robustesse dans le monde des politiques d’innovation. A 49 ans, j’ai découvert que tout ça pouvait ne me servir à rien. Auparavant, je n’avais jamais été victime de sexisme et j’ai compris lors de cette campagne que ça existait encore bel et bien dans les sphères de pouvoir. Une des pires réflexions que j’ai pu entendre ? « C’est une femme mais tu vas voir, elle est pas mal ».

C’est pour cela que vous avez créé le réseau Femmes du Medef ?

Le réseau vise d’abord à lutter contre l’enfermement des femmes dans cette singularité. Montrer qu’il y a d’autres singularités, qu’une femme qui réussit n’est pas l’arbre qui cache la forêt. Par ce réseau, nous souhaitons aussi dire aux femmes que tout est possible. Vous pouvez tout faire, vous pouvez tout être !

Votre conseil à une jeune femme pour assumer ses ambitions ?

Cultivez votre compétence et imposez là… sans forceps. Soyez simplement fière de votre expertise, quel que soit le domaine. Si vous avez une pulsion, allez à fond sur ce qui vous fait kiffer ! Moi c’était l’innovation technologique. J’avais 19 piges, j’étais une littéraire mais j’étais hyper excitée par l’idée d’aider la société à sortir des cavernes en créant des usines à la pointe. S’il y a un truc qui vous botte, allez-y à fond. C’est ça qui fera votre reconnaissance et c’est avec cette reconnaissance que vous pourrez aller au plus haut. Et surtout, ne vous laissez pas enfermer dans cette question de genre. Prenez des risques dans des domaines où la hiérarchie des normes et les stéréotypes ne vous attendent pas. Méfiez-vous des Cassandre qui vous demandent si « c’est bien fait pour une femme ? ». Soyez certaine qu’on peut partir à la bataille avec vous parce que vous êtes une « personne de pouvoir » et non « une femme de pouvoir ».  

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