Le Grand Témoin : les conseils de Pauline Laigneau, entrepreneuse aux multiples facettes

interview Pauline Laigneau

Cofondatrice d’une marque de joaillerie made in France, podcasteuse, coach… Pauline Laigneau cumule les casquettes et les réussites. A la tête de Gemmyo depuis onze ans déjà, elle s’épanouit également grâce à son podcast et son coaching d’entrepreneurs. Elle vous livre ainsi de précieux conseils pour innover, se démarquer, mais surtout croire en votre réussite.

Plus de dix ans après le lancement de Gemmyo, quel enseignement tirez-vous de votre aventure entrepreneuriale ?

Bien souvent, quand on fonde son entreprise, on n’a pas conscience des difficultés et du temps qui est nécessaire à la création d’un grand projet qui dure. Dans les médias, nous voyons beaucoup de success stories d’entreprises qui, en trois ans, se sont vendues des millions, voire des milliards ! Mais si on accepte d’être patient, le temps est notre allié. Gemmyo a 11 ans. Quand je l’ai créée, je ne m’étais jamais projetée sur cet horizon temporel. Mon message principal à l’attention des jeunes qui se lancent : ne craignez pas que ce soit long. Ce n’est pas parce que ça ne marche pas en trois ans que c’est forcément grave. On dit souvent que la création d’une entreprise est un marathon, mais en réalité c’est plus que ça, c’est le travail de toute une vie. Si vous l’acceptez, ce sera une aventure incroyable !

Quel ingrédient magique (ou presque !) a permis la réussite de Gemmyo ?

Ne pas avoir peur d’être différent et au contraire en avoir fait une force ! Je n’y connaissais rien à la joaillerie, ni mon mari. C’est très rare dans un secteur comme le nôtre de se lancer sans contact ou connaissance. On a osé innover de manière assez drastique en commercialisant nos bijoux uniquement sur le web. Nous avons assumé notre différence très tôt, nous avons donc été remarqués et remarquables. Le secret, c’est une identité propre très forte.

Diplômée de l’ENS et d’HEC Paris, en quoi votre formation a-t-elle été une force pour entreprendre ? Et qu’avez-vous dû apprendre par vous-même ?

Mes formations m’ont appris plusieurs choses, à commencer par le travail. En tant qu’entrepreneure, on travaille énormément et j’ai toujours aimé ça. Elles m’ont aussi appris des valeurs : la valeur de l’effort, du test and learn donc de la progression en continu. Puis, j’ai quand même aussi acquis une certaine capacité à m’organiser, notamment pendant la prépa. J’ai très vite compris qu’il fallait avoir un planning très précis pour chaque épreuve et cette gestion du temps m’est aujourd’hui essentielle. Ce qui m’a le plus manqué, c’est l’expérience du terrain. Même si j’ai suivi le master Entrepreneurs d’HEC Paris dirigé par Alain Bloch que je recommande fortement ! Mais rien n’équivaut en termes d’expérience à ce qu’on apprend soi-même en se cassant (parfois) les dents.

Dans Le podcast de Pauline Laigneau, vous rencontrez de nombreux leaders et personnalités inspirantes. Un parcours qui vous a particulièrement marquée ?

C’est quelqu’un qui a été mon mentor et que je connaissais avant le podcast : Jacob Abbou. Je souhaite lui rendre hommage car il nous a quittés il y a quelques mois. Il était mon mentor à HEC. Je sortais d’une formation plutôt littéraire, je n’étais jamais allée sur le terrain et il m’a fait comprendre qu’il allait falloir que je me remonte les manches. Jacob a construit un empire automobile. Il a marqué des générations entières à HEC Entrepreneurs. L’épisode de podcast où il intervient est une véritable leçon d’entrepreneuriat. Il est tellement vrai et authentique que toutes les personnes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat devraient l’écouter.

Vous avez créé votre programme de formation pour entrepreneurs. D’après votre regard de coach, qu’ont en commun les personnes qui n’osent pas pleinement se lancer ?

Il y a deux cas de figure. D’un côté, ceux qui ont envie d’entrepreneuriat mais n’ont pas encore eu l’idée. Ils cherchent donc la bonne idée, le bon associé… C’est l’envie d’entreprendre qui est plus forte, mais ils ont besoin d’aide pour le reste. Dans d’autres cas, les personnes se retrouvent confrontées à une idée et sont ensuite presque forcées de se tourner vers l’entrepreneuriat. Ces profils-là, qui découvrent l’entrepreneuriat, ont du coup beaucoup de doutes. Ils ressentent parfois le syndrome de l’imposteur, un manque de légitimité… Enormément de freins mentaux les font douter. Ils ont du mal à passer à l’action car ils ne se sentent pas légitimes ou pas à l’aise. J’essaye donc de faire des formations pour leur donner confiance en eux, mais aussi leur donner des outils très simples à utiliser pour qu’ils sentent qu’ils ont des appuis solides. Il est parfois difficile de savoir par où commencer tellement il y a de choses à faire dans l’entrepreneuriat. L’idée est de donner les méthodes pour arriver à reprendre confiance et savoir quel ordre de décision prendre.

Que diriez-vous à un jeune startuper qui est dans une période difficile pour son business ? Comment rester motivé même en cas de coup dur ?

J’ai deux conseils. Le premier, c’est de ne jamais être dans le déni. Je sais que c’est très dur, mais les périodes où on souffre le plus sont souvent celles où on n’assume pas. Assumer l’erreur ou la mauvaise décision fera que vous pourrez agir par la suite. Souvent, l’action est une merveilleuse cure à la peur. Sortir du déni, être radicalement honnête intellectuellement envers vous-même, c’est essentiel en tant qu’entrepreneur ! Mon deuxième conseil : s’entourer de personnes qui vous tirent vers le haut, vous forcent à voir la vérité en face, sans vous enfoncer. Pas juste papa et maman, mais des personnes sincères, parfois dures, honnêtes avec vous.

De plus en plus d’écoles proposent des cursus axés sur l’entrepreneuriat et de plus en plus de jeunes se lancent dans l’aventure startup. Un effet de mode ou une véritable nouvelle manière de travailler qui se démocratise ?

Il y a une tendance de fond des jeunes (et des moins jeunes !) qui cherchent du sens dans leur métier. Nos parents avaient une relation au travail davantage alimentaire ou financière, ils avaient moins besoin de se dire qu’ils apportaient quelque chose. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, et l’entrepreneuriat répond complétement à ce besoin. La création d’impact maximum, c’est ce qui fait l’attrait pour l’entrepreneuriat.

Regard vers l’avenir : quelle est votre prochaine ambition d’entrepreneuse aux multiples facettes ? 

J’en ai deux. Tout d’abord, Gemmyo va devenir une marque internationale. C’est une véritable nouvelle aventure. Entreprendre, c’est une multitude de cycles et de nouveautés. Comprendre et découvrir l’international, c’est hyper excitant et ça fait partie des choses qui me donne envie de me lever le matin. Dans mon podcast, j’ai aussi commencé à faire des épisodes en anglais. Ce n’est pas un hasard, les deux sont liés. Cet élan international m’éclate et me challenge beaucoup !

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