A l’occasion de la 24e Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées, retour sur notre rencontre avec Sophie Cluzel réalisée en mai dernier à l’occasion de la sortie de notre dossier « Handicap all Inclusive ».
2020 marque le 15e anniversaire de la Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. A cette occasion, Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées revient sur les actions du Gouvernement pour favoriser l’inclusion des personnes en situation de handicap dans la société et dans le monde professionnel.
Quelle est selon vous la plus grande réussite de la Loi de 2005 ?
Je pense que cette loi a permis de reconnaître pleinement la citoyenneté des personnes en situation de handicap. Pour ne citer qu’une de ses mesures emblématiques, je rappelle qu’elle a notamment permis d’ouvrir la porte de l’école aux élèves handicapés. 15 après, nous poursuivons cette ambition.
La plus grande marge d’amélioration sur laquelle travailler aujourd’hui ?
Je pense que l’accès à l’emploi reste un de nos plus grands combats. C’est la clé d’un revenu, d’un logement, bref d’une vie autonome et d’une pleine citoyenneté. Les derniers résultats que nous enregistrons sont encourageants. Le chômage des personnes en situation de handicap recule en 2019, pour s’établir à 16 %. Le nombre des demandeurs d’emploi en situation de handicap repasse ainsi en dessous du seuil des 500 000 personnes. On observe par ailleurs une progression de 15 % des entrées en formation des personnes en situation de handicap. C’est l’un des axes forts de la stratégie menée depuis 2 ans avec Muriel Pénicaud, ministre du Travail, et Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Action et des Comptes publics. Il va nous falloir être extrêmement vigilants dans la période qui va suivre la crise sanitaire et renforcer nos efforts.
Objectif 10 000 apprentis en situation de handicap d’ici 2021. Comment concrètement passer de l’annonce aux faits ?
C’est un enjeu majeur car il n’y a encore que 1,3 % d’apprentis en situation de handicap, et que l’on voit dans le même temps le succès de l’apprentissage avec une croissance de 16 % en 2019 et un taux d’accès à l’emploi pour 70 % des apprentis. Nous avons, avec Muriel Pénicaud, mis en place les leviers pour ce changement d’échelle, grâce : à la désignation d’un référent handicap dans chaque CFA, à la mise en place d’une majoration de l’aide au contrat pour pouvoir mieux accompagner les apprentis en situation de handicap, et enfin avec la mise en accessibilité universelle des formations. Nous avons par ailleurs engagé une mission pour assurer la pleine appropriation de ces leviers par les acteurs des territoires.
Vous souhaitez « sécuriser les projets de vie » des enfants et jeunes adultes en situation de handicap. Avec quelles actions ?
Le service public de l’école inclusive a pour ambition de transformer notre système éducatif pour qu’il prenne en compte les besoins éducatifs particuliers de chaque élève et favorise leur réussite. Cela passe par la formation des enseignants, la coopération avec les professionnels du handicap dans l’école, des modes de scolarisation diversifiés et des adaptations pédagogiques effectives par cycle scolaire.
Cette montée pédagogique favorise l’accès aux études supérieures (+ 36 % depuis 2017). Nous devons repenser les aménagements du bac et des concours dès les contrôles continus en première et mieux associer les établissements d’enseignement supérieur aux commissions académiques ParcourSup. Cela fait aussi partie des travaux que nous voulons renforcer avec ma collègue Frédérique Vidal.
Comment profondément changer l’image du handicap dans la société et les entreprises ?
Le handicap reste encore assez mal connu en France. Ce qui conduit à deux effets induits. Le premier est que le handicap est encore trop souvent perçu comme une charge et c’est particulièrement vrai dans l’entreprise. Le deuxième effet, c’est que certains handicaps restent mal acceptés. Je pense au handicap psychique, à l’autisme ou à la déficience intellectuelle. C’est pourquoi nous avons lancé l’idée d’une grande campagne de sensibilisation aux handicaps car nous sommes persuadés que le changement de représentation des citoyens vis-à-vis des personnes handicapées est le corollaire indispensable des réformes menées par le Gouvernement en faveur d’une société plus inclusive. Nous avons également d’autres leviers pour faire évoluer ces représentations, comme par exemple le DuoDay : pendant une journée un professionnel forme un duo avec une personne en situation de handicap pour lui permettre de découvrir un métier, un environnement professionnel. C’est un formidable levier de sensibilisation des entreprises et cela permet aux personnes handicapées de mieux se projeter dans le monde professionnel.
Le conseil de Sophie Cluzel aux jeunes en situation de handicap
Vous avez le droit de faire le métier qui vous plaît, de faire carrière, de vous former, comme tout un chacun. Alors croyez en vos chances à chaque étape de votre parcours, scolaire, étudiant puis professionnel. Et appuyez-vous sur les dispositifs d’aide et d’accompagnement mis à votre disposition, ils sont là pour ça.