Le numérique durable : on en parle ?

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crédits Pixabay

Le numérique a pris une place importante dans le quotidien des citoyens du monde jouant ainsi un rôle majeur dans l’économie mondiale qui s’est accentué depuis le Covid 19. En effet, le numérique s’est vite révélé une solution idéale pour pallier certains problèmes liés à la crise sanitaire. Il a permis le développement rapide de nouvelles manières de travailler, d’apprendre, de s’informer et d’agir facilitant ainsi la pratique du télétravail, des vidéoconférences, des cours en ligne, des services, achats et loisirs en ligne. Alors, le numérique durable, on en parle ?

Un poids économique important et un impact environnemental non négligeable, mais sous-estimé.

L’économie numérique regroupe l’ensemble des activités relatives aux Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), de la production à la vente de produits et services numériques. En 2019, selon une étude du cabinet McKinsey, il représente 6 % du PIB français soit environ 150 milliards d’euros. Cette part pourrait même doubler dans les prochaines années.

Malgré l’importance qu’il revêt dans le quotidien des citoyens et sa contribution indéniable au développement économique et social des nations, le numérique a des impacts environnementaux directs et indirects non négligeables mais sous-estimés selon le Shift Project (2018). Au-delà des effets environnementaux positifs induits par son utilisation, le numérique est aussi consommateur d’énergie, de matières premières et est générateur de déchets. Selon le Think tank et les experts (source : The Shift Project (2018) et Andrae et Edler (2015) cités par Hildebrand-Ehrhardt 2021), le numérique serait responsable d’environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) et tendrait vers 8 % en 2025. Ces émissions sont dues aux équipements (ordinateurs, smartphones, tablettes, objets connectés, GPS…) qui y contribuent à hauteur de 47 %. Les data centers, quant à eux contribuent à hauteur de 25 % et les infrastructures réseau de 28 %. Le secteur est également énergivore. Par ailleurs, le numérique exerce aussi des tensions considérables sur l’eau douce, les minerais rares qui rentrent dans la fabrication des équipements et data centers.

Vers le numérique durable

Dans le cadre de la lutte contre les effets du changement climatique, il est vite apparu l’importance du rôle que pouvait jouer le numérique dans la lutte contre le réchauffement climatique. D’où l’idée d’aller vers un numérique plus respectueux de l’environnement, un numérique durable. Il s’agit d’un développement du numérique plus responsable et moins énergivore avec une limitation de ses usages. On parle aussi de sobriété numérique. Il existe plusieurs leviers d’action pour aller vers le numérique durable.

Le premier doit être règlementaire et passe par un engagement plus fort des autorités publiques, à travers la mise en place de règlementations et lois plus contraignantes aussi bien pour les professionnels du secteur, y compris les fabricants, que pour les consommateurs publics et privés. Aujourd’hui, en France, deux principales lois s’inscrivent dans cette direction. D’abord, il y a la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire dite « loi AGEC » qui, malheureusement, ne cible que les services publics et la loi REEN du 15 novembre 2021, qui s’adresse à tous les acteurs du secteur, et qui vise à réduire l’empreinte environnementale du numérique (REEN). Ces lois pourraient être complétées par l’instauration d’une fiscalité pour récompenser les bonnes pratiques et en décourager les mauvaises (TVA réduite par exemple pour l’achat du reconditionné…).

Le deuxième levier est la mise en place d’outils de mesure du bilan carbone et leur utilisation pour faire prendre conscience de son empreinte. Ces outils doivent être complétés par des actions de communication et de sensibilisation sur l’impact du numérique et des propositions d’actions simples et concrètes pouvant réduire les impacts négatifs. Les actions tournent autour de l’allongement de la durée de vie des équipements numérique ; la pratique et la promotion de l’écoconception, le recyclage, l’économie de fonctionnalité, l’économie collaborative et l’écologie industrielle.

Le numérique peut être à la fois au service de l’Homme, de la Société et de l’Environnement et chacun doit jouer sa partition. Il faut fortement impliquer et sensibiliser les jeunes au numérique durable.

Le numérique durable dans une grande école

La Direction des Opérations et des Technologies de l’EM Normandie, dans le cadre du numérique durable, s’engage par exemple dans une démarche permettant la signature de la Charte du Numérique Responsable telle que proposée par l’Institut du Numérique Responsable (INR) en 2023.

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L’auteur est Amandine Laré, professeure associée en économie sociale et solidaire, cheffe du département économie, territoires et développement durable de l’EM Normandie, Métis Lab

>>>Retrouvez la tribune d’Amandine Laré : Finance alternative : effet de mode ou alternative crédible au financement traditionnel ?

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