Le Salon International de l’Agriculture 2024 vu par les étudiants

Affiche Horitontale SIA2024

Avec plus de 700 000 visiteurs, le Salon International de l’Agriculture a encore fait le plein pour cette édition 2024. Entre plats locaux, animations régionales et animaux de la ferme venus de toute la France, les grandes écoles d’agronomie ont réussi à se faire une place auprès des visiteurs. Dix étudiants issus de cinq écoles partagent leurs impressions sur comment ils ont vécu ce salon tout en exposant leur point de vue sur ce qu’est le monde agricole aujourd’hui et ce qu’il sera dans les années à venir.

Alors que la 60e édition du Salon de l’Agriculture ferme ses portes, que les maraîchers remballent leurs produits et que les animaux retrouveront leur paisible campagne loin du tumulte de la Porte de Versailles, les étudiants en agronomie retrouveront les bancs de leurs écoles avec pour objectif de réinventer l’agriculture de demain. Pour la plupart, ils ne sont pas issus du monde agricole, ils ne connaissaient pas les marques de tracteurs et sont parfois des purs citadins. Pourtant, ils sont animés par la même passion de l’environnement et de la biodiversité et par une envie de faire bouger les choses dans un contexte compliqué où le monde agricole exprime ses revendications et la volonté d’être rémunéré par et pour son travail.

L’importance de représenter le monde agricole

C’est dans ce climat tendu, qu’ils sont choisis d’être exposants sur le Salon de l’Agriculture 2024, un choix assumé et important aussi bien pour représenter leur école que pour mettre en avant la diversité des parcours pour intégrer le monde agricole. Finie l’image de l’agriculteur en bottes et chapeau de paille, l’agriculture s’est modernisée et désormais, ce sont de véritables ingénieurs avec des notions de biologie, d’agronomie et de sciences du vivant qui gèrent ces fermes. Avec des contraintes écologiques, économiques, mais aussi des objectifs de rentabilité tout en préservant le pouvoir d’achat des consommateurs, le monde agricole doit trouver un nouveau modèle économique. C’est le défi que se sont lancés ces étudiants qui veulent faire perdurer cette fierté française tout en l’adaptant aux défis du XXIe siècle. Micro-trottoir.

Sarah Benhamada Margout, étudiante en cycle d’ingénieur agronomie spécialisée en environnement et développement durable à AgroParisTech

Je n’ai aucun lien avec l’agriculture, mais les sciences du vivant et la biologie en général m’intéressaient beaucoup. J’avais une envie de travailler dans l’environnement et la biodiversité marine depuis mon plus jeune âge, d’être actrice sur le terrain et de devenir ingénieure, c’est pour cela qu’Agro Paristech me correspondait parfaitement. Etant parisienne, c’était aussi le plus simple et le plus logique pour moi. Plus de 400 étudiants sont présents sur le salon – dont l’école est partenaire – et occupent différents rôles et missions. Sur le stand, nous renseignons les jeunes, faisons découvrir l’école, les différents parcours et la vie étudiante. On discute également avec d’anciens élèves et des professeurs et c’est très intéressant de découvrir leurs parcours.

Ewen Hervé, étudiant en génie énergétique et bâtiment intelligent à UniLaSalle Amiens

Je suis issu du monde agricole et je connais bien le milieu mais c’est la première fois que je venais sur le salon : c’est une fierté de voir tout le monde réuni pour faire rayonner le monde agricole. Quant à ma présence ici, le fait de pouvoir donner la direction et aider des jeunes un peu perdus était très important pour moi, c’est pour cela que je me suis proposé pour être exposant. La plupart du temps, les jeunes ne savent comment rejoindre l’école et nous avons beaucoup de questions sur le sujet. Nous prenons donc le temps de répondre, d’être le plus précis possible et de leur donner le maximum d’informations. Ils nous posent aussi beaucoup de questions sur le large champ disciplinaire de l’école (agronomie, vétérinaire, énergie, numérique) et ses spécialisations.

Abel Masson, étudiant en 3e année sciences et génie de l’environnement à l’Ensaia

J’habite à la campagne, mais je n’ai aucun lien avec l’agriculture. J’ai rejoint l’école parce que je voulais me rapprocher de l’environnement. Ma présence au Salon de l’agriculture 2024 est due à plusieurs raisons. Tout d’abord, je considère que c’est important de faire le salon au moins une fois, quand on est en école d’agronomie : c’est un domaine qu’on étudie pendant trois ans, rien de plus logique donc que de venir au plus grand salon du secteur. C’est également l’occasion de représenter mon école, mais aussi de découvrir toute ce que l’on fait dans l’agriculture et que l’on ne voit pas forcément pendant nos cours. Enfin, je considère que c’est une occasion privilégiée de faire du netwoking et de se constituer un réseau de différents milieux. D’autant que j’aimerais travailler plus tard dans les politiques publiques sur le thème de l’environnement et de l’agriculture.

Agreenium, crédits : Eva Boisson

Emma Lopez, étudiante en 5e année de formulation R&D à l’institut Agro Dijon

J’ai rejoint cette formation alors que je n’ai aucun lien avec l’agriculture, j’aime la nature et l’environnement, mais je n’ai pas grandi dans ce milieu. C’était important pour moi d’être ici puisque tous les acteurs de l’agroalimentaire sont présents : des agriculteurs jusqu’aux grandes industries, c’est l’occasion de croiser tout le monde. C’est également l’opportunité de croiser les jeunes et de répondre aux questions spécifiques sur le sujet. On m’a posé beaucoup de questions sur la différence entre agronomie et agroalimentaire et sur comment se passe la vie dans l’école. J’ai pu expliquer mon parcours, le fait que j’ai rejoint cette école pour ses options et expliquer mon souhait de devenir ingénieur technico-commercial.

Thierry Da Veiga Duarte, étudiant en santé à AgroParistech

Je n’ai moi non plus aucun lien avec le monde agricole si ce n’est mes grands-parents qui faisaient de l’agriculture vivrière. J’étais très attiré par le domaine santé que propose AgroParisTech, d’autant que j’ai fait une PACES avant d’entrer dans l’école. Durant ma prépa, j’ai découvert la botanique, les politiques publiques et cela m’a beaucoup intéressé. J’ai apprécié la diversité de formations que propose l’école. C’est ma deuxième fois au salon et c’est différent d’y venir comme exposant ou visiteur. Je trouve que c’est beau de montrer la diversité de l’agriculture en France et aussi à l’international à travers ce genre d’évènement mais c’est parfois compliqué de voir les animaux dans des espaces restreints. Je comprends l’ambition du Salon de l’agriculture 2024 de montrer la diversité et la beauté de l’agriculture française.

Loïc, étudiant en dernière année d’ingénieur du cycle agronome en spécialisation machinisme agricole à l’Agro Dijon

J’aimerais beaucoup travailler chez un constructeur de machines agricoles, c’est un secteur qui me plait d’autant que mon père a une ferme en AOP Comté. C’est d’ailleurs pour cela que c’était important pour moi d’être présent sur le salon, c’est une vraie vitrine du monde et du modèle agricole français. Ça permet au grand public de découvrir et d’obtenir des connaissances sur le travail de tous les jours des agriculteurs. Néanmoins, j’ai conscience que ce n’est pas sur ce type de salon que l’on va recruter de nombreux jeunes pour nos cursus. Mais notre présence permet de montrer que l’on existe et qu’il existe une pluralité de formations d’ingénieurs, dans le domaine de l’agronomie notamment.

Florian Legrand, étudiant en génie énergétique et bâtiment intelligent à UniLaSalle Amiens

L’école a ouvert des postes d’exposants pour le salon et je me suis proposé pour venir. Je me suis dit que c’était intéressant de faire découvrir l’école et de guider les jeunes vers un choix de formation. Si j’ai eu la chance de savoir très vite ce que je voulais faire, ce n’est pas le cas de tout de monde ! On nous questionne ainsi sur notre parcours, ce que l’on a fait avant et l’ambiance au sein de l’école. J’ai aussi été motivé par la découverte du Salon de l’agriculture 2024. J’ai pu faire un petit tour dans l’ensemble des pavillons et il y a beaucoup de monde, c’est hyper sympa, très diversifié et nous avons pu parler à différentes personnes. Etant un pur parisien, c’est une belle découverte de toutes les choses qui sont faites dans le monde agricole.

Agreenium, crédits : Eva Boisson

Andréa, étudiante en santé et biotechnologie à AgroParisTech

Je ne m’y connaissais pas du tout en agriculture, je n’ai aucun lien avec ce monde-là et ce n’était pas une thématique par laquelle j’étais vraiment intéressée, je m’intéressais plutôt à la biologie mais je suis in fine très contente d’avoir découvert le monde agricole parce que ses enjeux sont essentiels, importants et passionnants. Finalement le seul débouché qui relie biologie et ingénieur, c’est le métier d’ingénieur agronome. Je suis vraiment contente de représenter l’école sur le salon puisque je n’ai pas fait le parcours classique : Bac S puis une prépa BCPST puis AgroParisTech, j’ai emprunté une voie parallèle (1 an de prépa BCPST puis une licence en Sciences de la Vie avant d’entrer à Agro) et j’ai vraiment envie de partager mon expérience avec les jeunes qui se posent des questions et de leur montrer qu’il n’y a pas qu’une voie mais qu’il existe de nombreuses possibilités pour rejoindre l’école.
Les principales questions qui nous reviennent c’est qu’est-ce que vous faites à AgroParistech ? Quels débouchés ? C’est quoi Paristech et l’agronomie ? Je leur réponds que nous sommes destinés aux métiers du vivant, un domaine très large qui passe par l’eau, les forêts, l’agriculture, l’alimentation, l’industrie, l’environnement, la politique etc.

Eva Serin, étudiante en 3e année qualité de l’environnement et gestion des ressources à Agro Toulouse

Je ne suis pas liée à l’agriculture mais étant petite, j’allais souvent voir de la famille en Aveyron où j’ai pu rencontrer des agriculteurs et visiter des fermes. Mais que ce soit par l’alimentation ou les problématiques contemporaines, je pense que nous sommes tous liés de près ou de loin à l’agriculture. Ce salon de l’agriculture 2024 est comme ce que j’imaginais, en étant exposant, je peux discuter avec différents types de personne et sensibiliser les jeunes à nos écoles et nos parcours. J’ai également beaucoup aimé les différentes conférences au cours de la semaine qui permettent de sensibiliser les visiteurs et les exposants. Néanmoins, les nombreuses questions des visiteurs m’ont surprise, beaucoup me demandait comment devenir agriculteur.

Hibet Allah Shili, étudiante internationale en master spécialisé ingénierie des aliments, biomolécule et énergie à AgroParisTech

Je connais bien le monde agricole puisque mes grands-parents sont agriculteurs et j’ai des cousins qui ont fait des études d’ingénieur agronome, c’est ce qui m’a motivé à faire des études dans le secteur. Le fait d’être sur le salon me permet de voir les différentes facettes de l’agriculture en France, tout en représentant mon école. Par la suite, j’aimerais travailler dans le contrôle qualité des aliments dans l’industrie agroalimentaire.

3 questions à … Laurence Deflesselle, directrice générale d’Oniris VetAgroBio Nantes et présidente de l’alliance Agreenium

Pouvez-vous présenter l’alliance Agreenium ?
C’est une alliance qui regroupe l’ensemble des grandes écoles publiques qui forment des ingénieurs agro en France : AgroParisTech, Bordeaux Sciences Agro, Université de Lorraine – ENSAIA, Toulouse INP-ENSAT, ENSFEA, Université de Lorraine – ENSTIB, ENVT, Institut Agro – Dijon, Rennes-Angers, Montpellier – Oniris et VetAgro Sup.

Pourquoi être présent sur le Salon de l’agriculture 2024 ?
Nous avons un village des grandes écoles au milieu du pavillon avec des animations communes. Notre particularité est que nous ne dépendons pas du ministère de l’Enseignement supérieur, mais du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, car nos ingénieurs investissent tous les domaines de l’agriculture : de la fourche à la fourchette et de la table à l’étable. Les jeunes sont hyper conscients du monde et des défis qui nous entourent, nous sommes un secteur qui recrute et nous avons besoin de ces jeunes pour relever les transitions d’aujourd’hui et de demain. C’est la deuxième année où l’on se structure en village des grandes écoles et le bilan est très positif. C’est une belle réussite pour nos étudiants qui rencontrent des étudiants d’autres milieux et c’est l’occasion pour eux de vivre le salon tout en rencontrant des professionnels de grandes entreprises.

C’est quoi votre vision de tous ces enjeux qui entourent le monde agricole ?
Le monde du vivant a toujours été complexe. Nous devons nous adapter, car c’est un monde en constante mutation et la controverse est incontournable dans ce type de secteur. C’est pour cela qu’il faut des scientifiques, des ingénieurs, des vétérinaires pour nous apporter des éléments scientifiques afin de prendre les bonnes décisions et qu’aucune partie ne soit lésée. On en parle souvent avec nos étudiants et de manière très ouverte, en faisant venir des professionnels des secteurs concernés pour que chacun puisse se faire un avis en ayant tous les éléments en main.

Les grandes écoles publiques – Alliance Agreenium
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