Ingénieur général de l’armement, récemment nommé directeur de l’Atelier Industriel Aéronautique de Clermont Ferrand (AIA) au sein du Service Industriel de l’Aéronautique, Tanguy Lestienne (X 92, ISAE Supaéro 97 et pilote militaire) a à cœur de transmettre son expérience mais surtout sa passion de l’aéronautique aux jeunes générations. Prenez les commandes de votre carrière !
Les principaux défis de l’AIA ?
L’AIA de Clermont-Ferrand, c’est :
3 métiers : inspection et réparation des appareils, maintenance des équipements et modifications complètes des aéronefs
9 types d’avions et d’hélicoptères différents, et 170 appareils traités par an, chacun avec une histoire différente et ses spécificités.
La maintenance aéronautique militaire est en profonde mutation. Le ministère des Armées a lancé un plan pour renforcer la disponibilité des appareils, un enjeu qui place l’AIA au cœur de cette transformation.
Et les mutations en cours ?
Nous devons adapter nos moyens et nos méthodes de travail pour être en phase avec le besoin de performances, mettre en place la transformation numérique des ateliers et intégrer les nouvelles technologies. À terme, nous pourrons imprimer les pièces de rechange en 3D, utiliser l’intelligence artificielle pour prédire les pannes, déployer la réalité augmentée pour la formation et dans les ateliers… Mais le chantier le plus enthousiasmant est avant tout humain pour rendre nos 1 400 collaborateurs acteurs de cette transformation.
Qu’est-ce que cela implique pour les jeunes talents ?
De la passion pour l’industrie et pour les nouvelles technologies, et une extrême rigueur car une erreur, un oubli ou une maladresse peut entraîner des conséquences humaines dramatiques. Nous sommes un véritable consommateur d’innovations. Un jeune ingénieur pourra ici réconcilier industrie et nouvelles technologies, avec un sens du service très aigu.
Une passion née avec Buck Danny Issu d’une famille d’entrepreneurs du Nord de la France, rien ne prédestinait Tanguy Lestienne à une carrière militaire dans l’aéronautique. Sa vocation, il la doit à… Buck Danny, bande dessinée qui raconte les aventures d’un pilote. « J’ai attendu mes 14 ans pour pouvoir voler en autonomie sur un planeur puis passer les différents brevets. Voilà ce qui m’a poussé ensuite à faire X et ISAE SUPAERO, puis à entrer à la DGA pour passer mon brevet de pilote militaire et faire des essais en vol. La famille des essais en vol – et ma famille tout court – reste aujourd’hui encore une source d’inspiration. »
Quelles responsabilités peuvent-ils occuper ?
Les jeunes ingénieurs peuvent débuter en bureau d’études pour acquérir une vision globale de l’AIA et construire des projets de modification d’aéronefs. Ils seront ainsi amenés à effectuer le dimensionnement et l’ensemble des calculs, choisir le matériau, réaliser le prototype et les tests, avant de lancer l’industrialisation. C’est très concret. Ils peuvent également occuper des postes sur la transformation numérique pour préparer l’évolution du site industriel. Puis, devenir chef de chaîne de maintenance sur un type d’avion. L’AIA, ce n’est pas qu’un atelier, nous intervenons tout au long de la chaîne de valeur, depuis la conception de systèmes à leur application. Et les jeunes femmes, aujourd’hui trop peu nombreuses, pourraient également s’y épanouir au travers de nos métiers de haute technologie.
Vos conseils à vos jeunes condisciples ?
Dans le travail, suivez votre passion mais ne prenez pas les choses trop à cœur car vous ne savez jamais exactement ce qu’il va se passer. Lorsque j’ai rejoint l’OTAN, j’ai dû en 1 mois déménager avec ma femme et mes 5 enfants, changer de métier, d’environnement, de pays et de structure. J’ai également dû prendre de la hauteur et sortir de la technique pour mettre en place un plan d’action, gérer des projets et manager une équipe composée de 8 nationalités. Une expérience incroyable qui me permet aujourd’hui d’évoluer plus facilement dans des environnements complexes. Parfois, il est nécessaire de tuer « l’ingénieur technicien » qui est en vous pour vous adapter et avancer. C’est passionnant.
« L’AIA assure la maintenance de machines mythiques sur la base d’une activité industrielle qui intègre les nouvelles technologies. »
Contact : tanguy.lestienne@intradef.gouv.fr