Etudiants et Sports
Iliana ©FIBA

Les étudiantes entrent en Jeux !

A quelques mois des Jeux Olympiques et après la réussite de la Coupe du monde de rugby, la France vie une effervescence sportive qu’elle n’avait plus connue depuis juillet 1998. Une effervescence portée, entre autres, par des jeunes athlètes qui mènent de front une carrière sportive de haut niveau et des études exigeantes. Cette année plus que jamais, les grandes écoles et universités qui les accueillent les accompagnent à travers des formations dédiées et aménagées pour leur permettre d’atteindre la première marche du podium. Avec un focus tout particulier sur les meilleurs espoirs féminins.

A l’aube du plus grand évènement sportif que la France ait connu depuis 100 ans, les grandes écoles placent le sport au cœur de leur enseignement. Grande tendance de la rentrée 2023, l’enseignement du sport tant d’un point de vue physique que technique se multiplie en effet au sein des établissements français. Preuve en est, de plus en plus d’établissement proposent à des sportifs de haut niveau des filières dédiées. C’est notamment le cas de Grenoble Ecole de Management (GEM). Grâce à un emploi du temps adapté au rythme des sportifs, des cours en distanciel pour composer avec d’éventuels décalages horaires dus aux compétitions et à la possibilité de passer son diplôme en cinq ans au lieu de trois, l’école grenobloise a parfaitement compris les enjeux de ces champions et de championnes. Un luxe dont ne pourrait pas se passer Lézana Placette, représentante de l’équipe de France de beach-volley et étudiante à GEM. « En beach-volley, il y a beaucoup de déplacements. Pouvoir rattraper les cours de façon flexible est un vrai luxe » estime-t-elle. Grâce à cet enseignement réputé, de nombreux athlètes se tournent vers cette école, ainsi 27 étudiants de GEM sont en course pour Paris 2024 et reprendre dignement le flambeau des deux champions olympiques de l’école, médaillés à Tokyo : Vincent Gérard et Coralie Lassource (handball). Pour la rentrée 2023, ce ne sont pas moins de 50 champions représentant 16 disciplines qui sont attendus sur les bancs de l’école grenobloise.

Une demande dans l’air du temps

Cette multiplication des filières dédiées aux sportifs de haut niveau correspond donc à une vraie demande. En effet, de plus en plus de champions veulent, au-delà de leur carrière sportive, s’assurer un avenir et une après-carrière grâce à un diplôme. D’autant que ces deux volets sont comparables, comme l’explique Hervé Delaunay, responsable sport à Audencia et directeur du Triathlon Audencia La Baule. « On peut très bien concilier études de haut niveau et du sport à très haut niveau dès lors qu’on réussit à lier la tête et le corps. Ce qui est tout à fait logique puisque les compétences demandées pour les deux sont les mêmes : il faut de l’organisation, de la discipline, une hygiène de vie… tout va dans le même sens. Dans les deux cas, il faut avoir la capacité à se dépasser et à mener à bien ses projets. » C’est également dans cette optique que le gouvernement a créé le statut d’Etudiant sportif de haut niveau. Un statut répondant à plusieurs critères, comme l’explique le gouvernement . Il faut être inscrit en formation initiale ou continue sur les listes ministérielles dans les catégories Élite, Senior, Relève et Reconversion dans un établissement d’Enseignement supérieur sous tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. » Ce statut permet notamment une organisation de l’emploi du temps, une dispense d’assiduité, l’aménagement des examens, la mise à disposition de cours en ligne ou le soutien pédagogique et un suivi par un référent sport de haut niveau.

A la rencontre des championnes étudiantes

Allier études et carrière sportive déjà riche : ces étudiantes relèvent le pari avec Paris 2024 dans le viseur ! Rencontre avec Capucine Viglione, Lézana Placette, Iliana Rupert et Agathe Guillemot qui briguent l’or olympique et l’or académique.

Lézana Placette suit des études de haute volley !

©Beach Pro Tour

Fille de volleyeurs, Lézana Placette a toujours baigné dans le milieu du sport. Si elle a essayé d’autres sports, c’est dans le volley où elle s’est tout de suite bien sentie et encore plus quand elle a découvert le beach-volley. « Voyager, être dans le sable et avoir ce côté physique, tactique et des responsabilités : ça m’a tout de suite plu » précise-t-elle. Depuis plus de 10 ans, elle fait équipe avec Alexia Richard. Ensemble elles ont parcouru les plages du monde entier pour représenter la France et pratiquer le sport qu’elles aiment. Avec toujours le même objectif : se faire plaisir et essayer d’être les meilleurs. Mais depuis quelques mois, un autre objectif les anime, celui de vivre des Jeux Olympiques à domicile. « Nous sommes bien placées au ranking olympique pour nous qualifier, mais il faut poursuivre nos efforts. Nous sommes en constante progression, pour preuve nous avons qualifié une équipe de France aux Championnats du monde pour la première fois depuis 15 ans » précise Lézana. De là à aller chercher la médaille d’or ? Rien d’impossible même si l’athlète reste prudente. « L’objectif reste la médaille d’or, mais nous allons vivre notre première olympiade et nous savons à quel point il est compliqué de décrocher une médaille. En beach-volley, la maturité arrive assez tard et Los Angeles 2028 arrivera aussi au bon moment pour nous, nous visons donc les deux échéances. »

2024 : année charnière

Si la qualification olympique sera l’un des principaux objectifs de Lézana, il ne sera pas le seul puisqu’elle vise également la réussite de son PGE à GEM. « J’ai intégré le programme sportif de haut niveau de GEM en 2020. C’est un dispositif permettant de passer un diplôme de management en quatre ans au lieu de deux. Si tout se passe bien, je devrais être diplômée l’année prochaine, c’est donc une année vraiment cruciale ! » Ce master prend en compte les contraintes de chaque athlète grâce à des cours en ligne et adaptés aux calendriers des compétitions internationales. « Les cours et les examens sont en distanciels ainsi, nous pouvons rattraper le programme quand nous sommes disponibles » explique-t-elle. Un point important tant l’étudiante considère cette réussite académique au moins aussi importante que la réussite sportive. « Le beach-volley ce n’est pas du foot. Je ne peux pas prendre ma retraite à 35 ans et vivre avec ce que j’ai obtenu, c’est pour cela que je veux continuer mes études et être diplômée. Avant le master, j’ai fait des études de biologie et, après ma carrière, j’aimerais trouver un emploi qui allie le management et la biologie » conclut-elle.

Pari 2024 pour Paris 2024

En parallèle de ses études et de sa carrière, Lézana Placette et sa coéquipière Alexia Richard ont créé l’association Pari 2024. L’objectif : « promouvoir le beach-volley partout en France et trouver des fonds pour financer notre carrière. Même si la fédération nous aide beaucoup, cela ne finance pas tout. De plus, c’est l’occasion de mettre en pratique ce que l’on apprend en cours, comme la comptabilité ou le marketing » explique la championne.

Agathe Guillemot court vers l’or olympique

©Fédération Française d’Athlétisme

Après les championnats du monde d’août dernier, Agathe Guillemot n’avait qu’une idée en tête : retrouver la piste afin de réaliser les minimas pour les Jeux Olympiques. Malheureusement, le Covid est passé par là et a prématurément mis un terme à cette saison exceptionnelle. Pas de quoi décourager la championne. « Je devais aller en Chine pour un meeting de la Diamond League, mais je suis tombée malade au retour des championnats. Je ne retiens que du positif de cette saison puisque je suis devenue pour la première fois Championne de France du 1 500 mètres, j’ai réalisé mon record personnel et j’ai eu ma première sélection en Equipe de France senior. » Un accomplissement pour celle qui a commencé l’athlétisme au plus jeune âge. Dans sa Bretagne natale, Agathe est une touche-à-tout et se lance dans les épreuves combinées en athlétisme. Malheureusement, une blessure la contraint à arrêter et à se concentrer sur le demi-fond. Un choix sportif et stratégique. « Après ma blessure, je me suis concentrée sur le 800 mètres et le 1 500 mètres, là où mes capacités physiques étaient les plus appropriées. Après une discussion avec mon entraîneur, nous avons décidé de nous concentrer sur le 1 500 mètres puisqu’il y avait moins de densité en France et donc, plus de chances pour se qualifier pour les grands championnats. » Un choix payant, car bien que novice sur celle distance, Agathe arrive à se qualifier pour les championnats du monde dès sa première saison. L’occasion également pour elle de prendre de l’expérience en vue de la grande échéance de l’année prochaine. « Le 1500 mètres est une course autant physique que tactique. Il faut donc prendre de l’expérience au fur et à mesure des courses pour savoir comment se placer en vue de la victoire finale » explique-t-elle.

L’INSA Rennes au soutien

Et si les Jeux Olympiques sont la grande échéance des prochains mois, Agathe n’en oublie pas pour autant son deuxième objectif : la réussite de ses études. En 5e année à l’INSA Rennes, elle suit un master en génie civil. Une scolarité adaptée en fonction de ses impératifs sportifs. « J’ai validé mes quatre premières années en six ans et je compte passer ma dernière année en deux ans. L’INSA Rennes accompagne ses sportifs et nous offre la possibilité d’adapter notre rythme. » Une cohabitation sportive et académique indispensable pour l’équilibre de la Bretonne. « A la fin du lycée, je me suis interrogée sur mon avenir, mais je voulais continuer mes études et le sport. Je n’imagine pas l’un sans l’autre, cela fait partie de mon équilibre et si je n’avais pas mes études, je serais moins performante dans le sport et inversement. » Et même si l’objectif à court terme reste la recherche de performance et la qualification olympique, Agathe Guillemot n’en oublie pas la suite. « Je ne me projette pas encore sur mon après-carrière, mais je ne me ferme aucune porte. Ma carrière peut justement m’ouvrir beaucoup d’opportunités. Je pourrais être ingénieure ou totalement autre chose, le plus important est de faire un métier dans lequel je m’épanouis. »

Capucine Viglione, une étudiante qui grimpe vers la réussite

©Gaël Bouquet Des Chaux – FFME

Quand le Comité International Olympique a annoncé que les épreuves d’escalade étaient désormais scindées en deux avec d’un côté le bloc et la difficulté et de l’autre la vitesse, Capucine Viglione a été la plus heureuse au monde. Pour cette étudiante en 2e année du PGE de GEM, spécialiste en escalade de vitesse, c’est en effet une occasion rêvée d’acquérir le titre. « A Tokyo, toutes les épreuves étaient réunies sous un format combiné ce qui laissait peu de chance aux spécialistes d’une seule discipline. A Paris, la vitesse sera une discipline à part entière » explique-t-elle. L’or pourrait donc devenir réalité le 7 août prochain au Bourget, pour celle qui a commencé l’escalade au plus jeune âge « pour faire comme son grand frère » avant d’y prendre goût et d’entrer en mode compétition dès l’âge de 12 ans. Membre de l’équipe de France depuis 2018, Capucine Viglione sait que pour atteindre l’Olympe, il faut déjà se qualifier. « Il n’y a que 14 places de disponibles chez les femmes, la compétition sera féroce ! » prévoit-elle.

Escalade mode d’emploi 

Sport olympique depuis 2020, l’escalade est scindée en deux disciplines : le combiné avec 20 athlètes de chaque sexe d’un côté et la vitesse avec 14 participants par sexe de l’autre. Le combiné est composé d’une épreuve de difficulté où il faut grimper le plus haut possible un mur de 15 mètres, en six minutes maximum, sans connaître la voie en avance et sans voir ses concurrents y évoluer. Le bloc consiste lui à escalader des structures de 4,5 m de hauteur, sans corde, dans un temps contraint et avec le moins de tentatives possibles. Pour l’épreuve de vitesse, deux athlètes grimpent côte à côte sur un mur de 15 mètres, le premier à atteindre le sommet élimine son concurrent et se qualifie pour le tour suivant.

Des bancs de l’école au mur d’escalade

Malgré un planning de qualification très chargé, Capucine n’en oubliera pas les cours. Membre de la filière sportif de haut niveau de GEM, elle compte réussir sur tous les terrains. « Je ne néglige pas mes études, c’est très important pour moi, car ça me permet de penser à autre chose en dehors de la compétition. J’essaye d’assister à un maximum de cours, mais ce n’est pas toujours simple. Le lundi et vendredi, je n’ai pas cours le matin, c’est une bonne occasion pour rattraper mon retard. Le mardi et jeudi, je suis à l’entraînement et le mercredi je suis en cours. GEM dispense des cours en visio pour ses sportifs de haut niveau et s’adapte vraiment à nos contraintes. » Des études d’autant plus importantes, que Capucine ne vit pas encore de l’escalade. Même si la situation s’améliore petit à petit avec les JO en ligne de mire, la sportive pense déjà à l’après-carrière. « Je suis une spécialité entrepreneuriale et j’ai plein de projets en tête. C’est très compliqué de vivre de l’escalade et, même si la fédération nous aide beaucoup, il faut penser à la suite. C’est pour cela que je continue mes études » détaille la championne.

Sport ou étude, Iliana Rupert vise toujours le haut du panier

Avec un père international français, une mère basketteuse et un frère drafté en NBA, Iliana Rupert à toujours baigné dans le monde du basket-ball. Même si elle a essayé la danse ou le volley, c’est bien le ballon orange qui l’a attirée dès l’âge de quatre ans. D’abord par mimétisme familial, puis par passion, jusqu’à en faire carrière. Et malgré son jeune âge, cette ailière forte a déjà un palmarès bien fourni : 3e des Jeux Olympiques 2020, championne de WNBA 2022 ou encore Championne de France. Avec un tel palmarès, elle aurait pu se dire que sa carrière était tracée et qu’elle n’avait pas à continuer les études après le bac… mais ce n’est pas le genre de la maison ! « J’ai toujours aimé l’école et je ne me voyais pas arrêter après le bac. C’est compliqué de tout mener de front, mais avec de l’organisation, j’y arrive ! De plus, une carrière de sportif est très aléatoire, les blessures peuvent vite arriver. Avoir un diplôme est une sécurité. ». Aussi douée dans une salle de cours que sur un parquet, 2023/2024 pourrait marquer un tournant dans sa carrière puisqu’elle aura l’occasion de remporter un des seuls titres qui manquent à son palmarès : les Jeux Olympiques. « C’est vraiment le Graal pour tous les sportifs, ça n’a lieu qu’une fois tous les quatre ans et c’est une compétition vraiment difficile. Cette année, nous évoluerons à domicile, ce que très peu de sportifs ont la chance de vivre. Parfois, je m’imagine mettre le panier décisif à la dernière seconde en finale pour faire gagner la France » explique-t-elle, des étoiles pleins les yeux.

Le diplôme l’autre priorité

Même si les Jeux Olympiques seront la priorité d’Iliana pour cette année, elle n’en oublie pas pour autant son diplôme. Engagée dans sa 4e année au sein du cursus BBA talent à emlyon business school, la basketteuse veut tout faire pour avancer dans sa scolarité. « J’ai toujours donné priorité à ma carrière, mais je n’en oublie pas pour autant mon diplôme. Même si je ne travaille qu’une ou deux heures par jour, je fais toujours l’effort pour avancer et rattraper mes cours. C’est une organisation dont je commence à avoir l’habitude et je tiens à souligner l’accompagnement de mon école qui me permet d’être dans les meilleures conditions possibles. » Entre cours en ligne, e-learning ou mentorat, l’emlyon met en effet tout en œuvre pour permettre au sportif de vivre une carrière épanouie tout en obtenant un diplôme. Bien que sa carrière soit encore longue et jalonnée de succès, Iliana Rupert n’en oublie pas pour autant l’après-carrière. « Forcément, j’y pense même si c’est encore un peu flou. Mais si je veux absolument réussir ce diplôme d’une grande école pour garder toutes les portes ouvertes et avoir un maximum d’opportunités. »

©FIBA