Pour sa première année de mandat à la tête de Sciences Po, son directeur Mathias Vicherat, a fixé quatre grandes priorités pour l’institution qui fête ses 150 ans cette année. Coup de projecteur sur les grandes lignes directrices de Sciences Po pour 2022.
C’est par un symbole que Mathias Vicherat, ancien Secrétaire général de Danone et lui-même alumni de l’école, a souhaité débuter sa première conférence de presse en tant que directeur de Sciences Po le 14 janvier 2022. C’est en effet le 14 janvier 1872 que se tenait la séance d’installation de l’École Libre des Sciences Politiques en présence de son fondateur Emile Boutmy. Une année qu’il entend rythmée par quatre grandes priorités.
Sciences Po veut faire rimer ouverture et excellence
Priorité n°1 : conjuguer les exigences d’ouverture et d’excellence. Après une année 2021 marquée par la mise en œuvre de la nouvelle procédure d’admission et son entrée sur Parcoursup, Sciences Po souhaite en effet confirmer « les résultats en termes d’excellence, de diversité et d’égalité des chances qui sont au rendez-vous. » A titre d’exemple, le taux de mention Très bien au bac (97 % des admis par la voie générale / 80 % des admis par la voie CEP) n’a jamais été aussi élevé chez les admis au Collège Universitaire. Parallèlement, Sciences Po a porté à 29 % son taux de boursiers CROUS parmi les admis (vs 24 % en 2020). Une diversité que Sciences Po entend aussi territoriale : en 2021, ses candidats étaient issus de plus de 2 000 lycées en France et la grande majorité des admis (70 %) étaient originaires de régions.
Si « l’objectif d’ouverture territoriale est atteint » Mathias Vicherat voit encore des marges d’amélioration dans la procédure d’admission, notamment dans « la capacité de l’école à communiquer avec les candidats non retenus et à échanger avec les lycées. En effet, certains grands lycées parisiens n’ont pas compris pourquoi ils avaient moins d’admis. Et bien parce que l’ouverture et le changement doivent être collectifs. Si on schématise, pour être admis à Sciences Po aujourd’hui, il vaut mieux être premier dans un bon lycée à Bordeaux qu’être en milieu de classe dans un excellent lycée parisien, et on l’assume ! » insiste le directeur.
Le bien-être étudiant avant tout pour Sciences Po en 2022
Mathias Vicherat met aussi en avant l’importance de garantir le bien-être étudiant sur les campus de Sciences Po en 2022 et tout au long de la scolarité. Cela passe d’abord par un soutien lié à la crise sanitaire et ses conséquences psychologiques (avec un projet d’ouverture d’un centre « santé et accompagnement psychologique » actuellement en discussion avec l’ARS d’Ile-de-France pour le campus de Paris) mais aussi financières. Depuis le début de la pandémie, plus de 328 000 € ont été mobilisés (aides d’urgence, soutien aux étudiants internationaux, commission de suivi social, participation à l’achat ou au prêt de matériel informatique…).
Plus de moyens pour lutter contre les VSS à Sciences Po en 2022
Suite à l’annonce de son plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles le 27 août 2021, l’école a « mis en place des référents et infirmières sur les campus, activé un dispositif d’écoute externalisé avec France Victimes et déployé des formations obligatoires (suivies par près de 10 000 personnes depuis septembre). » La cellule d’enquête interne préalable a quant à elle été mise en place en janvier 2022.
Sciences Po acteur de la Cité
En cette année d’élections présidentielles, Sciences Po souhaite également réaffirmer son rôle dans la Cité. Il s’agit ainsi d’abord pour l’institution de faire vivre l’éthique du débat et le pluralisme des idées. « Nous allons organiser un cycle d’événements autour de l’élection présidentielle, avec la tenue de débats contradictoires avec les candidats par les associations étudiantes, mais aussi de nombreux événements organisés par les différents centres de recherche de Sciences Po ainsi que le développement d’outils d’analyse scientifique. Car Sciences Po n’est pas un lieu pour les meetings politiques, la question du contradictoire et l’éthique du débat doivent primer » insiste le directeur. Dans cette dynamique de lutte contre la désinformation, Sciences Po s’implique également dans plusieurs initiatives, dont la plateforme DE FACTO, lancée le 11 janvier 2022 par le Médialab avec l’AFP, le CLEMI et XWIKI.
Développer la recherche et la liberté académique
Pour mieux comprendre, anticiper et agir face aux impacts des innovations technologiques sur les sociétés contemporaines, Sciences Po a conclu un accord de 25 millions de dollars sur dix ans dans le cadre de son partenariat signé avec le Mc Court Institute sur le thème de la Tech for the Common Good. Huit projets de recherche d’un à trois ans ont déjà été sélectionnés et financés, ainsi que trois postes d’enseignants chercheurs. En 2022, Sciences Po va également accélérer la formation et la recherche sur les enjeux de transformations environnementales via la création d’un cours interdisciplinaire obligatoire en bachelor, des enseignements spécialisés dans chaque École et la création d’une offre doctorale. « Aucun étudiant ne doit sortir de Sciences Po sans avoir suivi de cours sur la transformation environnementale » insiste Mathias Vicherat.
Pour renforcer sa posture d’université internationale de recherche, Sciences Po a enfin annoncé son ambition d’augmenter de 30 % le nombre d’enseignants-chercheurs de la faculté permanente en cinq ans et la création de deux chaires sur les discriminations et la transformation des organisations et du travail en 2022.