Programme phare de formation dans les plus grandes écoles de commerce de France, le Programme Grandes Ecoles (PGE) est un sésame sans pareil pour une carrière réussie. En perpétuelle évolution, il symbolise l’adaptabilité quotidienne des business schools. Transition écologique, innovation, luxe ou international : décryptage des grandes tendances des PGE des business schools en 2023.
SOMMAIRE
La transition écologique et les enjeux sociétaux
Un mot d’ordre : hybridation !
L’international se renouvelle
Cap sur l’innovation technologique et… pédagogique
Le luxe pour un PGE qui brille de 1 000 feux
Les programmes sportifs sur les podiums
La transition écologique et les enjeux sociétaux, l’enjeu N°1 des PGE des business schools 2023
Déclarés grand défi mondial par l’OCDE dès 2006, le changement climatique et la transition écologique n’ont pas attendu d’être à la mode pour être intégrés aux PGE des business schools en 2023. Cours obligatoires, options, actions de sensibilisation : l’enjeu écologique irrigue les formations et la vie étudiante depuis de nombreuses années. Mais face à des étudiants de plus en plus concernés – voire engagés – par cette problématique, les écoles s’adaptent et proposent de nouveaux parcours pour répondre à leurs attentes. Désormais, les enjeux de DD&RS deviennent le pilier central des grandes écoles et plus particulièrement de leur PGE. Marketing durable, green management, finance verte : la sustainabilty fait aujourd’hui office de boussole, et ce dans toutes les disciplines.
Parmi les écoles à la pointe en la matière : MBS – élue 2e meilleure école pour changer le monde par la revue Les Echos. Pour Benjamin Ferran, responsable RSE et développement durable de l’école montpelliéraine, cette volonté d’école plus verte, se retrouve dans toutes les business schools. « Ce n’est pas un sujet de mise en concurrence. Nous faisons chacun les choses à notre mesure et en fonction des outils dont nous disposons. L’idée est que tout le monde avance ensemble et puisse partager des bonnes pratiques. C’est en tout cas la dynamique qui existe au sein du groupe développement durable de la Conférence des Grandes Ecoles où nous échangeons avec d’autres collègues dans un but collectif.»
Cette conscience écologique irrigue également les programmes où l’accent est mis dès la première année sur le développement durable. « En matière pédagogique, nous avons des troncs communs avec des séminaires dédiés chaque année. En 1re année de PGE, nous faisons un hackathon sur le développement durable durant lequel les étudiants doivent répondre à des problématiques du territoire à travers des projets innovants. Ensuite, ils suivent un autre séminaire tourné vers l’international et, en 3e année, un séminaire de leadership responsable. Nous proposons également des certificats dédiés aux étudiants qui souhaitent aller plus loin à partir de la dernière année du PGE. Ces certificats sont adossés à nos chaires de recherche sur la transition écologique ou le management inclusif et la diversité notamment. En dernière année, les spécialisations sont nombreuses, dont certaines dédiées à l’économie sociale et solidaire ou aux enjeux de transition écologique » indique Benjamin Ferran.
Et pour aller encore plus dans cette transition, MBS misera, dès 2025, sur son nouveau campus où performance et sobriété énergétique seront les maitres-mots.
MBS n’est évidemment pas la seule grande école à s’engager pour un avenir soutenable. Impossible bien sûr de ne pas citer HEC Paris, qui vient d’annoncer un plan stratégique résolument axé DD&RS, Excelia Business School et son parti-pris novateur autour des problématiques liées à l’eau, Audencia – qui a lancé Gaïa, la première école de la transition écologique et sociale – ou encore NEOMA et son dispositif NEOMACT qui met les étudiants en position d’acteurs positifs en lien avec les 17 ODD des Nations Unies. Un dispositif novateur, co-construit avec les étudiants, qui « vise à lutter contre l’éco-anxiété par l’action » indique l’école.
Inclusion et égalité des chances dans les business schools : work in progress ?
Qui dit développement durable dit aussi prise en compte des enjeux sociaux et sociétaux. A ce titre, l’inclusion, la diversité et l’égalité des chances sont plus que jamais au cœur des enjeux des écoles de commerce. Tant en termes de formation (comme à MBS avec ses formations Diversité et Management Inclusif ou Marketing des organisations alternatives), qu’en termes d’ouverture sociale, comme emlyon business school qui s’est fixé pour objectif d’accueillir 30 % d’étudiants boursiers d’ici 2025. Autre exemple d’ouverture, celui de l’ESCP qui propose la gratuité de son PGE pour tous les étudiants boursiers Crous (échelon 4 à 7) avec un objectif de 20 % d’étudiants boursiers à la rentrée 2025. Sans oublier l’ESSEC bien sûr, école pionnière autour des Cordées de la réussite, un programme permettant à des collégiens et lycéens issus de milieu populaire de préparer leur orientation ainsi que leur entrée au lycée et/ou dans les études supérieures, en développant les compétences qui y sont attendues. Autre levier d’ouverture, l’alternance. Un instrument dont l’EM Normandie s’est emparée avec engagement. En 2023, 2 400 nouveaux entrants ont rejoint l’école, dont 2 000 alternants. De fait, l’EM Normandie représente 13 % de l’effectif total de l’alternance dans les grandes écoles françaises et a pour oblectif d’atteindre les 2 500 alternants d’ici 2030. « Nous avons plus de 1 600 alternants au sein de l’école, soit autant de personnes qui n’ont pas à payer eux-mêmes leurs droits de scolarité. Nous travaillons sur ces enjeux depuis 1997. Depuis 2007, nous avons même une fondation d’école qui finance la politique sociale de l’école » ajoute Benjamin Ferran de MBS. Preuve que l’inclusion et l’égalité des chances sont au cœur des préoccupations des PGE des business schools en 2023, mais aussi de l’ensemble de leurs programmes.
Une tendance incontournable : l’hybridation
LE mot d’ordre des PGE des business schools à la rentrée 2023 ? Hybridation ! Ou comment miser sur la transversalité pour mieux se différencier. Les business schools sont en effet de plus en plus soucieuses d’offrir la possibilité à leurs étudiants d’obtenir un double diplôme ou une double compétence mêlant le management et une autre discipline afin de mieux répondre aux besoins des entreprises, de plus en plus nombreux et spécifiques.
Parmi les premières écoles à s’être engagées dans cette voie : ICN BS, via l’alliance Artem avec les Beaux-Arts et l’Ecole des Mines de Nancy. Une alliance qui va plus loin que l’interdisciplinarité désormais de mise dans de très nombreuses business schools, en parlant d’indisciplinarité. « Cette pédagogie est un vrai coup d’avance… mais certainement un coup de chance aussi. En 1999, ils ont décidé de créer une alliance qui s’est rapidement concrétisée avec le campus ARTEM, porté par la vision du maire de Nancy de l’époque. Un campus désigné par de grands architectes et incarné par notre emblématique galerie Art Nouveau, symbole de l’alliance des ingénieurs, des artistes et des financiers. Ce coup d’avance indisciplinaire, nous le déployons aujourd’hui sur nos trois campus avec nos partenaires historiques bien sûr, mais aussi d’autres établissements comme Politecnico di Milano. Grâce à ce partenariat développé sur le campus de Paris, certains de nos étudiants participent à un projet proposé par Givaudan – leader mondial des arômes et parfums – autour de la création, du packaging et du lancement d’un parfum pour les JO 2024. D’autres pourront par exemple travailler avec un metteur en scène autour de l’écriture et des décors d’une pièce » expliquait Florence Legros, directrice d’ICN Business School dans notre dernier numéro. Ce modèle ingénieux est appelé à durer dans le temps : « il offre la possibilité à nos étudiants d’apprendre très tôt à travailler avec des gens qui ne leur ressemblent pas, ce qui est excellent en termes de créativité. Portés par cette dynamique, ils vont pouvoir innover, apprendre à se connaître, mais aussi développer une vraie ouverture sur le monde et un sentiment de citoyenneté sans doute supérieur à d’autres. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’ils se dirigent assez naturellement vers les questions de développement durable et de RSE. »
Autre d’exemple d’hybridation sortant des sentiers battus : Audencia et son partenariat mis en en place avec les Beaux-Arts de Nantes offrant une double compétence art et management pour les talents souhaitant se destiner aux métiers liés au management des organisations culturelles. Mais aussi NEOMA avec son programme TEMA.
L’international se renouvelle dans les PGE des business schools en 2023
Les PGE se renouvellent aussi au niveau international. Car si les mobilités sont toujours plébiscitées par les étudiants, ils ne sont pas prêts à partir à l’étranger à n’importe quel prix ! La question de l’impact climatique de ces échanges est en effet aujourd’hui un véritable critère de choix. Preuve en est, de plus en plus d’écoles recentrent leur partenariat sur l’Europe. C’est notamment le cas de l’ESSEC qui a décidé dès 2022 de privilégier les destinations accessibles par des moyens de transport bas carbone pour les voyages d’études organisés par l’école et d’attribuer des « chèques mobilités durables » aux étudiants lorsqu’ils privilégieront les transports bas carbone à l’avion pour leurs stages et échanges. L’objectif ? Réduire de 25 % son empreinte carbone liée aux mobilités de ses étudiants d’ici 2025.
Autre nouveauté prenant de l’ampleur depuis le Covid : les mobilités hybrides. Avec une partie de l’échange international se faisant en ligne, les étudiants peuvent suivre les cours d’un établissement partenaire tout en restant dans leur ville d’origine. Un bon moyen d’avoir accès aux cours locaux sans les inconforts d’un long déplacement. Ce type d’échange est notamment en cours d’élaboration du côté de TBS Education.
Cap sur l’innovation pédagogique ET technologique
Côté innovation, l’utilisation de ChatGPT fait partie des grands sujets de réflexion des PGE des business schools en 2023. C’est notamment le cas à Grenoble EM qui s’engage dans l’exploration des utilisations bénéfiques de l’intelligence artificielle (IA) dans l’Enseignement supérieur avec un accent particulier mis sur le développement du sens critique et de l’appropriation raisonnée chez les étudiants. Autre sujet innovation sur toutes les lèvres pour la rentrée 2023 : le métaverse. Déjà développé par de nombreuses écoles, il s’intègre de plus en plus à la pédagogie. Ainsi, l’ESCP a ouvert la formation Metaverse for Business pour répondre aux questions que pourrait soulever cette nouvelle technologie.
Autre exemple : NEOMA et son Campus Virtuel. Développé pendant la période Covid, celui-ci s’est pérennisé et est utile au quotidien comme l’explique Alain Goudey, directeur général adjoint en charge du numérique à NEOMA BS. « Que ce soit pour des cas pratiques, pour le personnel ou pour les associations, le campus virtuel est une vraie plus-value dans la formation de nos étudiants. Cela leur permet de créer leur propre vision par l’expérience et c’est une réelle hybridation entre les cours en présentiel et ceux en distanciel. Son utilisation trouve aussi un prolongement auprès de nos étudiants internationaux, puisque nous organisons des sessions de découverte des campus avant leur arrivée. Nous organisons également des salons virtuels avec nos partenaires internationaux pour leur permettre de présenter leurs établissements. Nos étudiants peuvent ainsi déambuler de stand en stand avec leurs avatars et faire le meilleur choix pour leur mobilité. »
Des innovations qui touchent le contenu même des formations. « Une forte tradition d’innovation est présente chez NEOMA. Pour preuve, nous avons reçu 17 prix d’innovations au cours de ces dernières années. De plus, nous avons été la première école de commerce au monde à utiliser la réalité virtuelle dès 2016. Forts de cette dynamique, nous faisons du métaverse et de l’intelligence artificielle (IA) des sujets de formations. Nous formons 100 % de nos élèves à ces sujets depuis trois ans et, depuis la rentrée, nous les formons aux IA génératives type ChatGPT ou les IA génératives d’images ou de vidéos. Nous allons même plus loin en en faisant des outils de formation. Pour donner un exemple, nous utilisons les IA pour les cours de finance. En fonction des réactions des étudiants face aux exercices, l’IA propose un ajustement de l’enseignement du cours afin de s’adapter aux élèves. »
Les business schools misent sur le luxe pour un PGE qui brille de 1 000 feux
Parallèlement à ces tendances conjoncturelles, de plus en plus d’écoles s’orientent et développent leur expertise autour du luxe pour cette rentrée 2023. Une décision logique quand on sait que la France est LA nation du luxe. En effet, l’Hexagone domine le classement Deloitte des marques de luxe les plus puissantes du monde avec quatre représentants dans le Top 10, dont LVMH et Kering aux deux premières places. Que ce soit dans le domaine de la gastronomie, du vin, de la mode, de l’horlogerie ou de la joaillerie, ces cours et filières spécifiques sur le luxe au sein des PGE vous permettront d’exercer vos talents de manager au sein des plus grandes maisons. Dans un marché en forte croissance, les opportunités en France et à l’international seront d’ailleurs nombreuses.
Et l’EDC n’a pas attendu ces chiffres pour s’emparer du sujet. Pour preuve, 30 % des alumni de l’école travaillent déjà dans le secteur du luxe. Ses spécialisations dans le luxe attirent des étudiants des quatre coins du monde et l’école se revendique d’ailleurs comme une référence dans le secteur comme l’explique William Hurst son directeur. « Nous avons beaucoup d’atouts pour nos distinguer sur ce marché. Nous avons beaucoup d’alumni travaillant dans ce secteur, des professeurs spécialisés dans le management du luxe, des partenariats structurants : nous comme donc parfaitement légitimes à revendiquer le luxe comme un axe de différenciation. Un axe de différenciation pour l’école et pour les jeunes souhaitant travailler dans le luxe bien sûr, mais également pour ceux qui souhaitent travailler dans d’autres secteurs. »
De fait, l’école a récemment lancé un cours obligatoire sur la luxurisation de l’économie. « Nous voulons démontrer à nos étudiants que l’économie du luxe peut s’appliquer à d’autres modèles. Pour ce faire, nous utilisons des études de cas, comme celui d’Apple par exemple. L’entreprise vend environ 1 300 euros un produit dont le coût de fabrication est estimé à une centaine d’euros. Partant de ce constat, nous poussons nos étudiants à s’interroger sur les raisons d’un tel gap : ce produit a-t-il des avantages vraiment différenciant ? Et généralement… la réponse est non ! Dans ce cas, pourquoi les consommateurs plébiscitent-ils ce produit ? Tout simplement pour son aspect statutaire et l’image qu’il renvoie aux consommateurs d’eux-mêmes. Ils sont ainsi prêts à payer 10 fois plus cher un produit qui n’est pas le meilleur du marché, juste pour la représentation sociale qu’il leur confère.
De fait, cette entreprise emblématique des télécommunications met en œuvre des codes très proches du business model d’une entreprise de luxe en premiumisant les produits et services proposés, développe le directeur, démontrant ainsi que la luxurisation de l’économie est désormais une tendance de fond qui touche tous les secteurs.
Les programmes sportifs sur le podium des PGE en 2023
Quel jeune passionné de sport n’a jamais rêvé de travailler pour son club de cœur ou dans le domaine sportif qu’il affectionne ? Que ce soit comme manager d’équipe, dirigeant ou agent de sportif, les opportunités sont nombreuses et les écoles l’ont bien compris puisque le sport revient en force dans les PGE des business schools en 2023. Que ce soit à l’ESC Clermont Business School avec ses spécialisations autour du marketing sportif et du sport business ou à South Champagne Business School (SCBS) avec sa spécialisation en management du sport, par exemple.
A l’approche des Jeux Olympiques de 2024 et dans une volonté de remettre le sport au cœur des priorités, ces formations s’inscrivent parfaitement dans l’air du temps comme le précise Hervé Delaunay, responsable sport à Audencia et directeur du Triathlon Audencia – La Baule qui vient d’achever sa 36e édition. « Nous avons une vraie dynamique liée au sport depuis plusieurs années et c’est en train de prendre une nouvelle dimension. Le sport a toujours été obligatoire à Audencia, mais les élèves venaient avec des niveaux inégaux puisque certains arrivaient avec juste les bases du lycée, voire sans aucune pratique sportive après deux ans de prépa.
Nous avons donc fait évoluer la pratique pour l’aborder d’un point de vue sportif mais aussi comme une façon de se connaître soi-même. Nous évaluons aussi les élèves sur la manière de coacher, dans une optique de faire du sport un atout dans leur future carrière de manager. De fait, la notation ne se fera pas seulement sur la performance sportive, mais via tout un système de notes et de références. De plus avec les JO et la Coupe du monde de rugby, une dynamique très positive se forme. Une dynamique sur laquelle nous voulons surfer en apportant un éclairage nouveau et en mettant en avant des sports méconnus comme la course d’orientation. »
D’autant que le sport matche plus que jamais avec les valeurs des étudiants aujourd’hui. « Le sport, c’est le dynamisme, l’audace, la découverte et tout cela plaît aux jeunes. Le milieu du sport est un milieu dynamique, pas stéréotypé. Beaucoup d’étudiants d’Audencia sont aujourd’hui dans le domaine du sport pour ces valeurs » estime Hervé Delaunay.
Preuve de la popularité de ces formations sportives, elles attirent également des sportifs de haut niveau. C’est le cas de Vincent Gérard, champion olympique de handball avec la France et diplômé du Programme Grande Ecole de Grenoble Ecole de Management adapté aux sportifs de haut niveau, en e-learning.