« Les IAE font sortir tout le monde par le haut ! » – L’interview d’Eric Lamarque, président d’IAE France

IAE Eric Lamarque
Crédits IAE-Paris-Sorbonne

Les IAE constituent une des plus grandes communautés françaises en sciences de gestion et management. Et pourtant, on ne connait pas encore assez ce modèle. On fait les présentations avec Eric Lamarque, président d’IAE France et directeur de l’IAE Paris Sorbonne Business School.

Quels sont les principaux atouts du modèle IAE ?

Leur premier atout c’est l’accessibilité. Historiquement, les IAE ne se focalisent pas sur une seule source de recrutement : nous avons toujours recruté des candidats venant de divers horizons. Nous n’avons pas de profil type prédéfini et notre diversité et notre accessibilité sont d’ailleurs très souvent citées par celles et ceux qui rejoignent un IAE. Autre élément de distinction : la double compétence. Aujourd’hui, tous les établissements supérieurs disent faire ou vouloir faire de l’hybridation des compétences. Mais les IAE accueillent depuis toujours des gens qui viennent d’autres disciplines que le management. La double compétence est dans l’ADN de notre MAE (Master d’Administration des Entreprises), un diplôme qui était finalement un MBA avant l’heure ! Cette idée, nous l’avons eue il y a presque 70 ans et elle continue à très bien marcher. Enfin, je n’oublie pas le coût de nos formations bien sûr. Aligné sur le coût d’une licence ou d’un master universitaires classiques, il est très attractif. D’autant plus lorsqu’on le met en face du taux d’insertion et du niveau de rémunération en sortie de master. Depuis un peu plus de cinq ans, j’observe dans toutes les enquêtes qu’ils sont équivalents à ceux des diplômés des grandes écoles de management.

Et l’ancrage local ?

C’est aussi un point très important effectivement. Si une petite partie de nos diplômés change de région ou part à l’international, aujourd’hui en moyenne, 70 % des diplômés d’un IAE en région sont employés dans le tissu économique local. Des chiffres qui répondent très bien aux orientations que nous avons données à nos IAE et dont nous sommes satisfaits. Cet ancrage territorial est important, les entreprises et instances professionnelles locales identifient bien les IAE locaux et leurs qualités, mais nous pourrions encore progresser en visibilité dans les instances professionnelles au niveau national.

Les IAE sont aussi réputés pour leur sélectivité : atout ou inconvénient ?

Nous avons beaucoup de candidatures et la réputation d’être sélectifs. Ce qui est une bonne chose dès lors que ça n’entraine pas un phénomène d’anti-sélection. Ça me fait râler de voir que certains jeunes ne candidatent pas parce qu’ils se disent que c’est perdu d’avance : c’est faux ! Le Score IAE- Message   que nous proposons de passer à nos candidats en est une bonne illustration. Ce test de 400 questions portant sur quatre domaines (raisonnement logique, français, anglais et culture générale), permet justement de compenser un dossier académique qui serait un peu moins bon. Si on n’était dans la sélectivité pure et dure, on ferait tourner tous les dossiers académiques dans un algorithme et on prendrait les 30 premiers ! C’est bien la preuve que nous ne voulons pas passer à côté de candidats qui seraient désavantagés par des notes. Car je pense qu’il y a de vraies disparités entre les notes d’une licence universitaire, d’un BUT et d’un bachelor d’école, qui rendent difficile la comparaison entre les dossiers. 

Ce point fait écho aux débats qui ont eu lieu l’année dernière sur l’intégration des profils BUT et Bachelor issus des écoles de commerce dans les IAE.

Nous avions alors simplement rappelé que les profils BUT et Bachelor – qui sont des formations professionnalisantes – ne sont pas ceux que nous recrutons prioritairement en master. Être titulaire d’une licence universitaire de Paris 1 ou d’un bachelor d’une école privée, non, ce n’est pas la même chose. Les IAE ne vont pas changer le contenu de leurs masters pour se caler sur ces profils différents – ce qui ne veut pas dire inférieurs – qui ont été formés dans le but de se professionnaliser pour entrer rapidement sur le marché du travail. D’ailleurs, en licence nous sommes plus sélectifs que les bachelors : en moyenne, nous prenons un candidat sur quatre et dans certains IAE, c’est un candidat sur dix.  

Les IAE sont aussi connus pour se focaliser sur les hard skills : pourquoi ?

Les IAE répondent aux besoins des entreprises, mais pas au détriment du travail universitaire sur les fondamentaux. Il est certain que chez nous, les hard skills ne sont pas reléguées au second plan ! C’est par exemple pour cela que nous ne donnons pas de crédits ects pour une activité liée à l’engagement à la professionnalisation… même si cela fait débat avec certaines instances. Dans les IAE, on délivre un diplôme de l’université, pas un diplôme de l’entreprise. Nous mettons la priorité sur la connaissance. Dans un récent article, la philosophe et écrivaine Julia de Funès s’inquiète qu’au travail, les qualités humaines et relationnelles prennent de plus en plus le pas sur les savoir-faire techniques. Elle considère ainsi que dans le management, les soft skills nous conduisent vers la médiocrité. Et je suis entièrement d’accord avec elle ! Ce n’est pas aux IAE de d’apprendre aux jeunes à être à l’heure au travail.

C’est ce qui fait du diplôme de l’IAE un bon passeport pour débuter, mais aussi évoluer dans sa carrière ?

Selon la dernière enquête menée par IAE France, plus de huit diplômés des IAE sur dix sont cadres ou dirigeants. La part de cadres et dirigeants, le taux d’encadrement et les niveaux de rémunération augmentant de manière linéaire au fil de leur parcours professionnel, les formations en IAE n’offrent donc pas qu’une excellente insertion professionnelle mais aussi les bases permettant de s’adapter constamment au monde de l’entreprise et d’évoluer professionnellement. On ne s’attache pas juste à leur donner des compétences techniques pour prendre leur premier poste, mais tout le bagage intellectuel qui leur permettra d’évoluer.

L’esprit IAE, c’est être responsable, croire en l’égalité des chances, avoir le sens de l’effort, rechercher l’excellence défend-on à IAE France. Que dites-vous à ceux qui trouvent ça un peu old school ?

Je leur rappellerais la devise de la Sorbonne : Le savoir pour tous, l’excellence pour chacun ! Dans notre modèle, ce n’est pas le milieu social qui compte, c’est le travail : ceux qui ont envie de bosser, ils réussissent ! Et nous faisons en sorte que tout le monde sorte par le haut.

« Le contenu, la qualité et la pertinence de ce qu’on trouve dans un IAE sont largement équivalents à ceux des meilleures écoles de management. Mais en plus, dans un IAE on trouve des profils issus d’une grande diversité sociale et de formations, des gens ayant des parcours vraiment originaux et ça, c’est très différent » – Eric Lamarque, président d’IAE France

Imprimer

Articles qui pourraient vous intéresser également

Inscrivez-vous à notre newsletter !

Vous pouvez vous inscrire à notre newsletter en cliquant sur le lien suivant :

inscription à la newsletter