Communiqué de presse :
Arnaud DUPRAY et Christophe BARRET se sont appuyés sur les enquêtes Génération 1992 et 2010 du Céreq pour comparer les salaires des jeunes cinq ans après leur sortie du système éducatif.
Globalement, les salaires en début de carrière ont progressé en deux décennies. Si la poursuite d’études supérieures garantit toujours l’accès à des rémunérations plus élevées, les écarts de salaires avec les moins diplômés se réduisent.
Une hiérarchie des salaires toujours en accord avec celle des diplômes
En 20 ans, les niveaux d’études à la sortie du système éducatif se sont considérablement élevés.
- Près de 44 % des jeunes arrivent maintenant sur le marché du travail avec un diplôme du supérieur en poche. Ils n’étaient que 27 % en 1990.
- Cette montée en qualification suscite des attentes en matière d’intégration dans l’emploi et de reconnaissance salariale. Celles-ci se heurtent néanmoins à un contexte économique plus dégradé sur la période 2010-2015 que sur la période 1992-1997.
- La corrélation positive entre niveau de salaire et niveau de diplôme se vérifie. Dans le supérieur, elle se double d’une hiérarchie entre diplômés d’écoles d’ingénieurs ou de commerce et diplômés universitaires de mêmes niveaux d’études, ces derniers percevant des rémunérations significativement inférieures aux premiers.
Mais des variations contraires…
Sur l’ensemble des sortants, le salaire mensuel médian (salaire tel que la moitié des salariés de la population considérée gagne moins et l’autre moitié gagne plus) en euros constants (montants en valeur réelle c’est-à-dire mis en regard de l’inflation) progresse de 170 euros pour s’établir à 1 480 euros en 2015. Pour autant, les évolutions n’ont pas été homogènes selon le niveau de diplôme.
- Pour les plus diplômés, la conjoncture économique dans laquelle s’insère la Génération 2010 est peu propice aux envolées salariales, tandis que s’accroît le décalage entre la masse de diplômés et le volume d’emplois qualifiés disponibles. On enregistre un recul de leur pouvoir d’achat mensuel lié à leur activité professionnelle. Sur la base de l’ensemble des salariés quel que soit leur temps de travail, le pouvoir d’achat des diplômés d’écoles d’ingénieurs ou de commerce diminue de 220 euros. Il en va de même pour les diplômés de l’université qui décrochent aussi (entre 40 et 200 euros).
- Pour les niveaux de diplôme en-deçà de la licence (des non-diplômés à bac +2), leur salaire médian a augmenté de 30 à 200 euros. Les moins qualifiés ont pu notamment profiter du relèvement régulier du SMIC.
… qui entraînent une réduction des écarts salariaux
En 2010, le salaire des 10 % les mieux rémunérés (d9) était 2,3 fois plus important que celui des 10 % les moins bien payés (d1) ; ce coefficient était de 3,1 en 1992.
Le gain salarial à court-terme escompté des études supérieures ne semble plus à la hauteur de ce qu’un jeune pouvait en attendre à l’orée des années 1990. Cependant, ce gain se retrouve dans l’accès à l’emploi. Plus de la moitié des non-diplômés sont sans emploi en 2015, pour seulement 5 % des diplômés d’écoles d’ingénieurs ou de commerce, soit un différentiel de 45 points contre seulement 28 points près de deux décennies auparavant.
Les disparités des débuts de vie professionnelle selon le niveau d’études révèlent donc à la fois un resserrement des salaires de ceux qui ont un emploi, et un accroissement des inégalités des chances d’en obtenir un.
Que gagne-t-on à se former ? Zoom sur 20 ans d’évolution des salaires en début de vie active, Arnaud DUPRAY, Christophe B, Céreq Bref n°372, 2019.