Les jeunes diplômés boivent du petit lait chez Terra Lacta – L’interview de Daniel Chevreul

Interview Daniel Chevreul Terra Lacta

Enjeux alimentaires, technologiques et environnementaux : la filière laitière se transforme en profondeur et a besoin des jeunes talents ! Rejoignez une industrie engagée et soyez fiers de nourrir des milliards d’êtres humains aux côtés de Daniel Chevreul (IGR-IAE Rennes 87), Directeur Général chez Terra Lacta.

Focus sur Terra Lacta, la première coopérative laitière de Nouvelle Aquitaine ?

Interview Daniel Chevreul Terra Lacta

La Coopérative rassemble plus de 2 000 producteurs de lait qui sont les propriétaires de l’entreprise. Ils représentent 1 300 exploitations agricoles laitières (vaches ou chèvres). Le principe d’une coopérative agricole c’est : un homme, une voix et ce, quelle que soit la taille de l’exploitation. L’adhérent est actionnaire de sa coopérative et, à travers ses représentants, s’occupe de la mise sur le marché du lait produit sur son exploitation. Nous sommes implantés en Nouvelle Aquitaine et les départements limitrophes, soit sur 25 départements. Nous collectons 800 millions de litres de lait par an.

Qu’en est-il de la rétribution des agriculteurs ?

En France,40 % du volume de lait sont exportés. La concurrence est donc très forte. La volatilité des prix est liée à l’adéquation entre l’offre et la demande. Avec la mise en place de la loi Egalim 2, nous avons une relation directe avec les distributeurs pour discuter des prix du lait et de nos produits. Compte tenu du contexte économique depuis 18 mois, nous avons obtenu une revalorisation significative du lait payé au producteur. La revendication des éleveurs laitiers est de 500 € pour 1 000 litres de lait produit et nous sommes actuellement à 490 euros pour 1 000 litres.

Les produits laitiers sont-ils toujours aussi consommés ?

Le marché du lait UHT est en baisse chaque année de 2 à 3 % par an. Un des éléments d’explication est qu’il est surtout consommé au petit déjeuner. Or, ce repas est beaucoup plus déstructuré qu’il y a 20, 30 ou 40 ans. Le beurre, qui était moins consommé dans les années 80, est désormais plébiscité. Quant au fromage, il connait une belle croissance avec une évolution de la consommation, le plateau en fin de repas a été remplacé par le snacking ou le produit apéritif.

Des exemples d’innovations qui révolutionnent l’industrie laitière ?

Chez Terra Lacta, nous sommes fiers de nourrir la population avec un produit de base. Pour répondre à la demande des consommateurs, nous diversifions nos produits. Nous avons développé des billes fromagères et nous sommes en train de proposer une gamme à base végétale. Au niveau technologique, nous avons mis en place dans la laiterie Les Fayes, un mini robot pour simplifier le conditionnement des produits. Pour la partie logistique, un quart de notre collecte de lait est réalisée depuis quatre mois par des camions citernes qui roulent au bioéthanol. Notre matière première est agricole et nous sommes donc très préoccupés par les enjeux environnementaux. Nos agriculteurs répondent à la Charte des Bonnes Pratiques d’Elevage et nous commençons à mesurer l’empreinte carbone de nos exploitations.

Quid de la nouvelle usine en construction ?

La laiterie des Fayes a 80 ans et, pour l’occasion, elle quitte son site historique des bords de Vienne à Isle pour déménager en zone nord de Limoges. Le chantier, démarré au mois d’octobre, s’achèvera en décembre 2023. Ce déménagement était indispensable pour répondre à la hausse continue des volumes de 20% par an depuis trois ans et aux nouvelles normes environnementales. La nouvelle usine sera équipée de nouvelles technologies qui permettront d’améliorer la productivité, la sécurité des collaborateurs et d’atteindre les 14 000 tonnes de lait annuels. L’usine retraitera toute l’eau qu’elle produit. Notre objectif, à terme, est de réutiliser en production 90 % de l’eau rejetée. Nous allons également méthaniser les déchets pour produire 50 à 60 % de nos besoins en gaz et installer des panneaux photovoltaïques pour produire 50 à 60 % de nos besoins en électricité.

Le renouvellement des générations de producteurs de lait c’est un enjeu d’avenir ?

50 % des éleveurs laitiers ont plus de 50 ans. Notre défi est donc de renouveler les générations dans les dix ans à venir, mais aussi de recruter de la main d’œuvre dans les exploitations agricoles. Nous voyonsarriver de plus en plus de jeunes hors secteur agricole qui veulent s’installer. Le métier d’agriculteur est un job de chef d’entreprise à part entière. Il produit un produit de qualité qui nourrit la population, il doit gérer des coûts financiers élevés et de la main d’œuvre, rencontre des fournisseurs, des clients, des banquiers et peut s’impliquer dans des conseils d’administration de coopératives.

Quelles opportunités proposez-vous aux diplômés de l’IAE qui souhaitent travailler dans l’industrie laitière ?

Terra Lacta offre une grande diversité de métiers : en production, dans le pilotage des équipes, mais aussi en finance, marketing, commercial, RH, contrôle de gestion et sécurité des systèmes d’information.  Nous avons 450 salariés et nous recrutons chaque année entre 70 et 80 personnes. Depuis mon arrivée il y a deux ans, nous avons développé une politique de recrutement d’alternants. Nous avons une trentaine d’alternants et nous consacrons 2,5 % de la masse salariale à la formation pour développer les compétences autour du management et faire évoluer certains métiers ou profils.

La diversité et l’inclusion sur le lieu de travail comptent parmi vos priorités.

Nous veillons à garantir l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes au sein de Terra Lacta et de ses filiales afin de bâtir une entreprise respectueuse de tous. En 2022, le score de l’index d’égalité professionnelle était de 84/100. Nous espérons aussi changer le regard sur certains métiers comme chauffeur de collecte qui est très masculin alors que les femmes sont tout à fait aptes à l’exercer. Mon comité de direction est à parité hommes-femmes.

La filière laitière, c’était une évidence pour vous ?

Mes grands-parents étaient producteurs de lait en Mayenne, mon père travaillait dans l’arboriculture et toute ma belle-famille est productrice de lait de père en fils. Même mon gendre est producteur de lait ! J’ai fait toute ma carrière dans la filière. Je l’ai découverte durant un stage au sein de l’Union Laitière Normande qui portait sur l’optimisation des tournées de collecte. J’ai eu des opportunités d’évolution, puis, après une quinzaine d’année aux achats de lait, j’ai eu envie de gérer une entreprise dans toutes ses composantes et d’aller jusqu’au bout du produit (achat, transformation, commercialisation). Le lait est un produit vivant. On ne fait jamais la même chose et on doit se remettre en question en permanence.

IAE Rennes

Après quatre ans d’étude dans la filière agronomie et biologie, l’IAE m’a permis de découvrir tout l’écosystème d’une entreprise. J’ai particulièrement apprécié les cours de finance, comptabilité et psychosociologie des organisations. Cela me paraissait théorique, or je m’en sers tous les jours. Car le premier challenge d’un DG est de gérer les ressources humaines pour les faire évoluer.

Contact : Contact@terralacta.com

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