Le Service Civique célèbre ses 10 ans. L’occasion pour Béatrice Angrand, la Présidente de l’Agence du Service Civique, de rappeler l’importance de l’engagement solidaire des jeunes Français.
Le Service Civique en bref ?
Depuis 10 ans, ce dispositif permet à tous les jeunes de s’engager pour une mission d’intérêt général au service de la cohésion nationale dans les villes, les zones rurales, les territoires d’Outre-mer ou à l’étranger. Pendant une durée de six à douze mois, ils donnent du temps pour des grandes causes et sont indemnisés à hauteur de 600 euros net par mois. Des exemples ? Apporter des livres à des personnes âgées isolées, sensibiliser des quartiers populaires au développement durable, animer un atelier culturel dans des écoles, aider les réfugiés… Outre les opportunités pour leur insertion professionnelle, cette expérience est surtout un booster personnel. Ils prennent confiance en eux et sont mieux ancrés dans le monde d’aujourd’hui.
« Faites bouger les lignes : engagez-vous ! »
Qu’est-ce qui a changé en 10 ans ?
Le rapport de la Direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative (DJEPVA) a montré que plus d’un tiers des jeunes souhaitent s’engager. On le voit sur le terrain, mais avec une nuance : les missions ne prennent pas la même forme qu’il y a dix ou vingt ans. Ils ne s’engagent pas dans un syndicat, comme bénévoles, mais sur un projet précis, un temps limité et hors des corps intermédiaires (partis, syndicats). Face à cette situation, nous devons nous réinventer et prendre en compte les circuits non traditionnels. Mais aussi cette part impulsive de l’engagement des jeunes sur des causes, un coup de foudre, un moment d’actualité.
Quid des étudiants des grandes écoles ?
31 % des engagés volontaires sont des étudiants, mais peu viennent des grandes écoles. Le Service Civique est souvent utilisé comme un levier dans la vie professionnelle. Or, les élèves des grandes écoles n’ont pas ou peu de souci à ce niveau là. Je regrette ce moindre engagement et c’est un des nos chantiers prioritaires. À leur décharge, il faut dire que les écoles ont parfois leurs propres dispositifs de mobilisation citoyenne, comme Sciences Po par exemple. Mais tous ces talents apporteraient beaucoup de créativité et de mixité sociale au Service Civique. Libérez votre énergie au service de la Nation, rejoignez-nous !
Les 10 ans du Service Civique en chiffres
435 000 jeunes ont effectué une mission
31 % des engagés sont étudiants
21 ans d’âge moyen
28h réalisées par semaine
7 mois de durée moyenne des missions
43 % des jeunes s’engagent après le Bac
13 % sont issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV)
Témoignages d’engagé.e.s
Victor Poignant, 23 ans, en troisième année à l’EM Strasbourg.
« Je suis spécialisé en finance d’entreprise, mais je suis passionné par l’Histoire. En 2018, j’ai profité d’une année de césure pour décider de mon orientation. J’ai fait le choix du Service Civique via l’association strasbourgeoise « Les Jeunes Européens ». Je suis parti sept mois en Savoie dans l’Abbaye d’Hautecombe qui abrite les tombeaux des ducs de Savoie. Au début, mon rôle consistait à accueillir les touristes, puis j’ai développé des visites guidées. Cette expérience a été une grande chance, même si je suis ensuite retourné bosser dans la finance. »
Aude Lemercier, 32 ans, accompagnatrice de projets de jeunes au sein de l’association Steredenn à Dinan
« J’ai un Master 2 en politiques et dispositifs d’insertion, de médiation et prévention. Durant mes études de sociologie à Bordeaux puis en Bretagne, j’ai fait du bénévolat avec l’ONG Woezo Togo, le Planning familial et Les Restos du Cœur. J’ai fait mon Service Civique en 2010, au sein de l’association Unis-Cité. J’ai participé notamment à deux missions passionnantes : « Les Médiaterre » pour sensibiliser les quartiers populaires à l’écologie et « Passeur de Mémoire » pour faire perdurer les souvenirs de nos aînés. C’était la plus belle année de ma vie étudiante ! Je travaille aujourd’hui au sein de l’association Steredenn sur le projet « KonCrée ». Un dispositif d’encadrement rémunérateur, pour les moins de 31 ans qui souhaitent démarrer des projets artistiques, numériques ou associatifs dans l’agglomération de Dinan. En trois ans, j’ai accompagné 33 jeunes. »
L’instant philo
Marie Robert, a enseigné la philosophie et le français. Elle co-signe, avec Anne Dhoquois, le livre « Et si on s’engageait. Le Service Civique a 10 ans ! » (Éditions Autrement).
Pourquoi ce livre ?
L’ouvrage se découpe en cinq chapitres avec les verbes qui caractérisent le Service Civique : grandir, s’ouvrir, donner / recevoir, apprendre, vivre sa citoyenneté… J’ai conceptualisé chacun des termes. Il y a aussi des interviews de politiques, de bénévoles, de tuteurs. L’idée est de dire aux jeunes : quel que soit ton parcours, cette expérience n’est pas qu’une année de recul, mais une volonté profonde de dire : je vais consacrer quelques mois à me relier aux autres.
Les adultes référents ont un rôle clé à jouer
Le Service Civique est magnifique car il permet de faire une place aux jeunes. Notre rôle en tant qu’adulte c’est de les mettre dans cet élan de transmission et de leur donner confiance. Je leur dis souvent : vous êtes capable d’être inventifs et de créer. Vous avez le monde entre les mains, bougez-vous ! Toutes les micro-actions nous emmènent vers le mieux : associations, cours de soutien, lire des livres à des personnes âgées… on a tous une heure à donner dans notre semaine !
Volontariat International en Entreprise : il a fait ses preuves !
Le V.I.E n’en finit pas de séduire les jeunes Français ! Ce dispositif RH de mobilité internationale permet à une entreprise de confier une mission professionnelle de 6 à 24 mois, à l’étranger, à un talent français âgé de 18 à 28 ans. Le candidat peut trouver sa mission en démarchant les entreprises ou en consultant les offres sur https://www.civiweb.com/.
À en croire Michel Bauza, Directeur du V.I.E et de l’Etablissement Business France Marseille, le V.I.E est devenu, pour un nombre croissant d’entreprises, une plateforme de recrutement de leurs futurs cadres internationaux. « C’est un partenariat entre l’État, les jeunes et l’entreprise, souligne-t-il. Le premier gère la procédure via Business France et se porte garant de la sécurité du volontaire dans le pays d’accueil, placé sous la responsabilité de l’Ambassade de France. L’entreprise reste maîtresse du recrutement, finance la mission et assure son encadrement opérationnel. » Un dispositif idéal pour de nombreux jeunes.
À l’instar de Mathilde Darsconval, 25 ans, diplômée de l’ESCE. « J’ai transformé mon stage de fin d’étude en V.I.E. Je suis partie le 2 janvier 2018 à Londres chez Nobilis, éditeur de tissus, papiers peints et mobiliers. J’ai eu la chance d’occuper un poste de responsable de zone dans le sud de l’Angleterre. Gérer un portefeuille de clients et travailler sur les lancements de nouvelles collections, c’est hyper responsabilisant et ça m’a permis de baigner dans un milieu anglophone H24. L’impact sur mon CV a été immédiat puisque j’ai été embauchée dans cette même entreprise comme responsable d’une partie de la région parisienne et de l’export. Le V.I.E., c’est un tremplin à l’international et un booster de carrière. »
Le V.I.E en 2019 c’est…
16 806 jeunes dans 2 500 entreprises
Une durée de 17,93 mois en moyenne
44 % des départs concernent l’Europe (Royaume-Uni, Allemagne, Belgique, Roumanie, Italie) et 19 % l’Asie