Présidentielles 2022 étudiants
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Les Présidentielles 2022 vues par les étudiants – Candidats et Millennials, ça matche ?

Jeunes et citoyens, leurs quatre priorités pour les Présidentielles 2022 !

A quatre mois des élections présidentielles de 2022, le Forum français de la jeunesse (porte-parole des organisations des moins de 30 ans et membres du CESE) a élaboré vingt propositions à l’attention des candidats.

First, l’éducation

Des propositions liées à l’éducation d’abord. Parmi leurs priorités : « muscler la démocratie scolaire » avec une loi en faveur de la prise en compte des enjeux de démocratie participative dans les lycées et universités. Mais aussi, ouvrir l’école à l’éducation populaire, engager les villes moyennes dans des projets d’enseignement supérieur et de recherche pour être au plus proche des territoires ruraux  et ainsi « faire de l’enseignement supérieur dans les villes moyennes un axe thématique dans la programmation 2023-2026 d’Action Cœur de ville ». Sans oublier de lever les contraintes financières des étudiants en revalorisant le montant des bourses et en les « linéarisant » pour éviter les effets d’échelon.

Attention à la précarité

Les questions liées à la précarité des jeunes sont d’ailleurs au cœur de leurs préoccupations, avec le souhait de voir ouvrir le RSA à tous dès 18 ans ou s’engager en faveur de l’accompagnement de tous les jeunes éloignés de la formation ou de l’emploi (via la modification du contrat d’engagement jeunes notamment).

Citoyens avant tout

Les jeunes souhaitent aussi voir croitre leur place dans la démocratie. Ils appellent ainsi les candidats à ouvrir le droit de vote à 16 ans dès les  élections européennes de 2024, instaurer des quotas paritaires de jeunes de moins de 30 ans dans les institutions et les partis politiques ou encore renouveler durablement et régulièrement la classe politique en instaurant le non-cumul des mandats dans le temps.

Pour les Présidentielles 2022, les étudiants mettent le cap sur l’écologie

Ils n’oublient pas non plus l’écologie en incitant le ou la futur.e président.e à favoriser la formation initiale et continue des étudiants sur les enjeux climatiques et environnementaux, faire des sujets environnementaux un pilier du débat démocratique, rendre accessible une alimentation de qualité et respectueuse de l’environnement (via des chèques alimentaires basés sur le revenu pour encourager une consommation responsable et locale des ménages les plus précaires et des moins de 25 ans ou des quotas d’approvisionnement en circuit-court dans les restaurations collectives par exemple). Ils souhaitent enfin faire améliorer la taxe « pollueur payeur » à l’échelle européenne.

ENCADRE

Pour qui votent les jeunes ?

Selon une étude Ifop publiée en décembre 2021, alors qu’en 2017 deux tiers des jeunes comptaient aller voter, ils ne sont plus que 40 % aujourd’hui. La raison ? « Pour eux, voter est un acte vain. Cela ne change plus la vie. Ils sont sceptiques, sur le réchauffement climatique notamment, et ne croient plus dans les politiques » confirmait Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop, lors de la parution du sondage. Selon ce même sondage, au premier tour, c’est Emmanuel Macron qui recueillerait les faveurs des 18-30 ans (25 % des intentions de vote), suivi de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour (respectivement 20 et 12 %).

Les propositions des candidats à la Présidentielles 2022

Mais les candidats à la Présidentielle 2022 sont-ils vraiment en phase avec ces propositions et, plus globalement, avec les attentes des 18-30 ans ? Education, économie, emploi, environnement : on fait le point sur les programmes des principaux aspirants à l’Elysée. Dossier réalisé sur la base des propositions des candidats déclarés au 10 janvier 2022.

Valérie Pécresse – Les Républicains

Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de 2007 à 2011, Valérie Pécresse met aujourd’hui l’accent sur les fondamentaux de l’école en tant que candidate en 2022, appelant même à « un sursaut national pour l’école. » Elle propose ainsi par exemple de passer à 50 % de français et 25 % de mathématiques en CP-CE1-CE2, d’instaurer un examen d’entrée en 6eet de créer des classes de 6e de consolidation. Elle appelle également de ses vœux la création d’établissements publics sous contrat, inspirés des « Charter Schools », avec l’objectif de 10 % des établissements sous contrat en 2027. Des écoles, collèges ou lycées fonctionnant avec un triple contrat : « avec l’Etat pour déterminer un projet éducatif innovant, avec les enseignants qui sont tous volontaires, avec les parents et les élèves qui doivent respecter une charte d’engagement. »

Coté emploi, la candidate Les Républicains souhaite, en cinq ans, augmenter de 10 % (hors inflation) les salaires nets inférieurs à 2.2 SMIC. Ses outils pour financer cette hausse : la poursuite de la réforme de l’assurance chômage en renforçant la dégressivité des allocations, la lutte accrue contre les fraudes sociales et fiscales et plus de flexibilisation du temps de travail. Opposée au RSA jeunes, elle milite pour la création d’un Revenu Jeunes Actifs, attribué aux jeunes qui acceptent de se former dans des métiers en tension. Valérie Pécresse propose également dans son programme de libéraliser le temps de travail (négocié par branche ou par entreprise) pour s’adapter aux nouvelles façons de travailler, d’accroître la part du capital des sociétés détenu par leurs salariés et de demander aux entreprises cotées d’atteindre durablement le seuil de 10 % d’ici 2027. Concernant l’environnement, la candidate s’engage, entre autres, à atteindre la neutralité carbone en 2050, à créer une taxe carbone aux frontières de l’UE et à « remplacer les transports en commun fonctionnant au diesel, par des transports propres, comme ce qui a été fait en Île-de-France. »

Marine Le Pen – Rassemblement National

Concernant la vie étudiante, une des priorités de Marine Le Pen sera la construction de près de 100 000 logements étudiants, rendue possible par un allègement des procédures juridiques encadrant leur construction et la mise en place d’une priorité d’accès au logement étudiant public pour les étudiants français. Elle prévoit également un soutien spécifique aux étudiants qui occupent par nécessité un emploi en parallèle de leurs études (prime plafonnée et versée par l’Etat à hauteur de 20 % de leurs revenus sous réserve de la validation de leur semestre). Deux autres propositions symboliques en faveur du pouvoir d’achat des jeunes : la gratuité des transports publics aux heures creuses pour les 18-25 ans et l’exonération complète d’impôt sur le revenu pour les moins de trente ans, quel que soit leur niveau de revenus.

Parmi les mesures phares de la candidate du Rassemblement National sur l’enseignement supérieur : le renforcement des universités de proximité et le développement d’universités de taille raisonnable sur l’ensemble du territoire, l’affirmation de l’attachement aux grandes écoles comme « un symbole de la méritocratie républicaine et de l’élèvement social par le travail et non l’argent », la modération des droits d’inscription, le développement des bourses au mérite et le versement d’un milliard d’euros de plus par an à l’enseignement supérieur et à la recherche pendant toute la durée du quinquennat.

Sur le volet écologie, Marine Le Pen souhaite notamment « ériger le localisme en principe de toute politique publique », développer l’économie bleue « qui doit devenir l’un des atouts majeurs de la France », instaurer une taxe sur les produits importés, « assurer l’autonomie stratégique de la France au service de l’écologie », suspendre les projets de construction d’éoliennes, encourager et investir davantage dans la filière nucléaire.

Eric Zemmour – Reconquête

Justice, immigration et économie sont les trois piliers du programme d’Éric Zemmour. Sur ce troisième volet, le candidat met en avant quelques mesures phares : âge légal de départ à la retraite à 64 ans, baisse massive des impôts de production « pour permettre à nos entreprises de retrouver de la compétitivité » et la création d’un grand ministère de l’Industrie. Une réforme économique rendue possible par une « révolution sociale », sur la base de la « préférence nationale ». L’énergie est aussi au cœur de son programme économique. Favorable au nucléaire qu’il qualifie de « génie industriel et technologique de la France », Eric Zemmour souhaite développer des centrales, arrêter les installations d’éoliennes qu’il juge peu efficaces et très polluantes (batterie, installation, recyclage…) mais se positionne en faveur d’une énergie « locale et enracinée » (hydraulique et géothermique par exemple).

Le candidat n’oublie pas de formuler des propositions pour l’enseignement secondaire et supérieur. Pourfendeur du collège unique, il s’oppose également à la réforme Blanquer du baccalauréat supprimant les filières L, ES et S et introduisant le contrôle continu dans l’évaluation finale. Il estime en effet que « cette réforme accroît les inégalités entre les établissements scolaires et défavorise les bons élèves venant de lycées où les milieux populaires sont fortement représentés ». S’il défend la sélection à l’université, il critique la discrimination positive opérée par certaines grandes écoles qu’il définit comme « le contraire du modèle républicain méritocratique. »

Anne Hidalgo – Parti Socialiste

L’emploi s’affiche comme une des priorités d’Anne Hidalgo. Parmi ses mesures phares en la matière : la création d’une assurance chômage universelle, une revalorisation du SMIC de 10 à 15 % dès 2022, l’organisation d’une conférence sur les salaires dès le lendemain de l’élection présidentielle ou encore, l’atteinte de la parité salariale en cinq ans en faisant adopter une loi de programmation dès l’été 2022.

 Les questions d’éducation sont aussi au cœur du programme de la candidate PS : suppression de Parcoursup « pour qu’un algorithme ne décide plus de l’orientation des jeunes », lutte contre le harcèlement scolaire érigée en grande cause nationale, développement de programmes d’actions pour l’égalité entre les filles et les garçons, pour la lutte contre les discriminations, la laïcité et l’ensemble des valeurs de la République, accompagnement individualisé pour les 100 000 jeunes décrocheurs jusqu’à ce qu’ils trouvent leur voie, développement de l’apprentissage et de l’alternance dans tous les secteurs et accompagnement de 60 % de chaque classe d’âge aux diplômes supérieurs. En parallèle de l’abaissement de l’âge du vote à 16 ans, la formation civique sera renforcée au collège et au lycée.

L’actuelle maire de Paris insiste aussi en tant que candidate sur son fer de lance : l’écologie. Pour tenir l’objectif de neutralité carbone en 2050, Anne Hidalgo compte, notamment, sur le rétablissement de l’impôt sur la fortune, dont le produit financera la transition écologique.

Jean-Luc Mélenchon – La France Insoumise

Première mesure proposée par le candidat de La France Insoumise : convoquer une assemblée constituante pour passer à la VI République. Une VI République basée sur une « bifurcation écologique en faveur d’une société de l’harmonie. Jean-Luc Mélenchon veut ainsi inscrire dans la Constitution le principe de « règle verte, selon laquelle on ne prélève pas davantage à la nature que ce qu’elle est en état de reconstituer. Une ambition rendue possible par un plan massif de 200 milliards € d’investissements « écologiquement et socialement utiles » (création d’un pôle public des transports et de la mobilité, passage à 100 % d’énergies renouvelables, abolition de l’obsolescence programmée, création d’un ministère de la Production alimentaire etc.). Côte emploi, le candidat annonce, entre autres, la création d’une garantie emploi, une augmentation immédiate du SMIC à 1 400 € net/mois, l’instauration d’une « emploi spécifique jeune » d’une durée de cinq ans pour éliminer le chômage des jeunes et l’augmentation des indemnités de stage.

La refonte de l’enseignement supérieur fait aussi du programme de Jean-Luc Mélenchon. Il projette ainsi notamment de « garantir à tous les bacheliers l’accès sans sélection à la formation de leur choix en démantelant le système Parcoursup, instaurer la gratuité de l’enseignement supérieur, interdire le caractère lucratif des écoles privées de l’enseignement supérieur » et construire 15 000 logements universitaires supplémentaires / an. ». Un service citoyen obligatoire de neuf mois serait aussi rendu obligatoire pour les moins de 25 ans, rémunéré au SMIC et ouvrant de nouveaux droits (formation, bilan de santé et permis de conduire). 

Yannick Jadot – Europe Ecologie Les Verts

Le candidat Europe Ecologie Les Verts (EELV) met naturellement l’environnement au cœur de son programme pour 2022. Voyant en la transition écologique un moyen efficace de sortir de la crise économique et sanitaire, il prévoit ainsi un grand plan d’investissement dans la transition écologique (60 milliards € d’investissements publics annuels vs 15 milliards aujourd’hui). Face à l’urgence climatique, le candidat souhaite relever l’objectif de réduction net d’émissions de gaz à effet de serre à – 60 % en 2030 et réduire les émissions importées de 65 % d’ici 2050 en relocalisant l’économie. Ses outils pour y parvenir : un affichage environnemental systématique (CO2-score) sur les produits de consommation, une taxe carbone aux frontières de l’UE et l’interdiction de l’usage de plastique non recyclable. Il prévoit aussi la mise en place d’une « véritable justice environnementale » et la reconnaissance des atteintes autonomes contre l’environnement, au-delà du crime d’écocide, qui sera inscrit dans le droit français.  L’accent est aussi mis sur la protection animale avec, entre autres, la création d’une personnalité juridique « animale » ou « non-humaine » et la création d’un secrétariat d’État dédié.

Concernant l’ESR, le candidat ambitionne de « réinventer un projet politique de service public de la recherche et développer les bibliothèques comme outil de la culture commune (recrutement de personnels, élargissement des plages d’ouverture, numérisation des documents etc). Le programme d’EELV prévoit aussi la construction d’un « réel statut étudiant pour permettre à chacun de suivre le parcours universitaire qui lui convient sur tout le territoire. » Il met enfin le cap sur une réforme en profondeur de Parcoursup et la construction « d’un nouveau modèle ambitieux d’université de proximité, insérée localement et irriguée par les territoires, source d’attractivité pour des villes de taille moyenne. »

Fabien Roussel – Parti Communiste Français

Avec son Pacte pour la jeunesse, Fabien Roussel prévoit, la création du plan Zéro jeune au chômage, « chaque jeune sortant du système scolaire devant avoir une offre d’emploi en CDI correspondant à ses compétences. » Autres mesures phares : la création d’un revenu étudiant à hauteur de 850 € minimum pour tous les étudiants, la suppression de Parcoursup, une protection sociale minimale (droit au logement, mobilité gratuite, prise en charge à 100 % des soins par l’assurance maladie), le doublement sur cinq ans du parc de logement étudiant (objectif 350 000 logements en 2027),  l’accroissement du budget de l’Éducation Nationale de 45 % et de l’Enseignement supérieure et de la Recherche de 43 % (soit + 6 milliards €).

Sur le volet environnemental, le programme du candidat communiste annonce :  la création d’un fonds écologique et social à hauteur de 140 milliards €, la neutralité carbone d’ici 2050, le développement du mix énergétique nucléaire  + renouvelable (avec la construction de huit EPR et un moratoire sur les fermetures de 14 réacteurs d’ici 2035), l’instauration des « trains Roussel » avec le remboursement des abonnements de TER pour les salariés, la gratuité des transports en commun urbains, ou encore l’investissement massif pour le développement des pistes cyclables et des mobilités douces (500 millions/an vs 100 aujourd’hui).

Nicolas Dupont-Aignan – Debout la France

Nicolas Dupont-Aignan s’illustre comme un fervent défenseur de la priorité nationale. Son programme projette ainsi l’adoption d’un « BUY French ACT » visant à réserver au moins 75 % des achats publics aux entreprises produisant en France lors des marchés publics ainsi que la baisse de moitié du taux de l’Impôt sur les Sociétés pour les bénéfices réinvestis sur le sol français (pour un coût estimé à 5 milliards €). Un « Label Tricolore » serait aussi accordé aux produits 100 % fabriqués en France et respectant des normes de qualité sociale et environnementale. Côté économie toujours, il mise sur un symbole : la nomination d’un dirigeant de PME à la tête du ministère. Concernant l’emploi, le candidat Debout la France prévoit, entre autres, d’exonérer de charges pendant cinq ans le recrutement en CDI d’un chômeur de longue durée (pour un coût estimé à 3 milliards €) et de parvenir à l’égalité Femmes/Hommes au travail en cinq ans « en allégeant les cotisations pour les entreprises respectant l’égalité salariale et en instaurant progressivement un malus contre les mauvaises pratiques. »

Pour les élèves et étudiants, son programme prévoit de revenir au Bac pré-réforme Blanquer, de mettre en place la gratuité de tous les concours de l’Enseignement supérieur et d’accès aux grandes écoles, de doper l’apprentissage (objectif un million d’apprentis à la fin du quinquennat), de substituer les bourses sur concours aux bourses sur critères sociaux, de refuser les procédures de recrutement hors examen unique dans les grandes écoles (mais en instaurant des quotas d’étudiants de milieux modestes  dans les prépas), de plafonner les frais de scolarité et de multiplier les logements étudiants.

Sur le volet développement durable / énergie, Nicolas Dupont-Aignan propose deux mesures phares : remplacer le pétrole et le gaz par des énergies décarbonées et « refaire du nucléaire français une filière indépendante et d’excellence. »

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