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Pexels :Matheus Viana

Les vélo-taffeurs – tendance ou mode de vie d’avenir ?

Se rendre au travail à vélo, une nouvelle mode pour les bobos sportifs ou une piste d’évolution durable pour tous ? Les vélo-taffeurs semblent devenir un sujet d’intérêt, avec d’un côté l’Etat qui incite à se rendre au travail à vélo notamment avec le forfait mobilités durables, et d’autre part, les régions et les communes qui font également beaucoup pour encourager l’utilisation du vélo. Globalement, les chiffres montrent que l’utilisation du vélo pour les déplacements domicile-travail sont en hausse dans toutes les grandes villes en France, avec en tête 13,8% des actifs dans l’Eurométropole de Strasbourg. Vélo & Territoires recense les passages de vélos à partir de compteurs distribués sur tout le territoire français. En 2022 la pratique de vélo utilitaire (incluant les trajets domicile travail, mais aussi d’autres trajets (comme les courses) a progressé de 15 %.

Se défaire du concept de vélo-taffeur

Le concept du vélo-taffeur semble attractif pour un public jeune, actif et urbain. Il permet de cibler cette clientèle avec une mode vestimentaire et des gadgets spécifiques qui résiste aux aléas météorologiques, au trafic motorisé et aux difficultés du terrain. L’homonomie du mot taf avec le mot anglais « tough » (dur) inspire toutefois une image du cycliste sportif coriace et laborieux. Pour inciter l’ensemble de la population à changer, il faudrait se défaire de cette image et parvenir à normaliser le vélo en tant que mode de transport adéquat quelle que soit sa tenue » comme le décrit Stein van Oosteren dans son livre récent « Pourquoi pas le vélo ? ». Selon lui, il s’agit de transformer le vélo en moyen de transport ordinaire. Aux Pays-Bas, par exemple, les enfants enfourchent leur vélo pour aller à l’école et les grands-parents pour faire les courses ou aller chez le médecin.

Pour les vélo-taffeurs, développer des infrastructures adaptées

Un vrai décollage de l’utilisation du vélo peut être attendu avec le développement massif des infrastructures dédiées. Cela s’est révélé comme une évidence dans des villes comme Amsterdam, Copenhague ou Strasbourg. Il est démontré qu’avec les infrastructures adaptées, le nombre de cyclistes augmente. Une étude mondiale récente a montré que les personnes qui se sentent le plus en sécurité sur leur vélo l’utilisent le plus. Mettre en place un réseau de voies cyclables sécurisées peut donc résoudre un grand nombre de problèmes liés au transport motorisé dans nos villes, d’autant plus que l’efficacité des infrastructures pour vélos et bien plus élevée que celle pour les voitures en termes d’espace utilisé.  

Intégration multimodale et Mobility as a Service

Au-delà des infrastructures cyclables, il faudrait aussi développer les liens entre le vélo et les autres modes de transport. Cela passera par l’installation de parkings pour vélos près des différents types de gares ainsi que par l’intégration du vélo par les services de mobilité en permettant l’accès à des parkings à vélos, l’utilisation possible de vélos partagés et de transports en commun avec la même carte de transport, comme c’est le cas avec la OV-chipkaart aux Pays-Bas par exemple. Les offres comme le pass Navigo sont aussi reliées aux garages vélos ainsi qu’aux vélo Vélib, en revanche, cela reste une solution de niveau régional. L’intégration des modes actifs dans le Mobility as a Service (MaaS) est un élément clé dans l’évolution de nos systèmes de transport vers une mobilité plus durable.

Vues les ambitions des politiques publiques françaises (Exemple de la région Grand Est), les conditions générales pourraient permettre dans le futur, un développement massif du vélo ainsi qu’une « normalisation » des vélo-taffeurs qui deviendront simplement des personnes qui vont au bureau avec un moyen de transport comme les autres.

Sur le même sujet : Le vélotaf : tendance ou véritable outil de management ?

L’auteur est Jakob Puchinger, professeur en Supply Chain Management et Logistique, EM Normandie

Chercheur dans le domaine de la mobilité et la logistique urbaine du laboratoire Métis de l’EM Normandie et du LGI de CentraleSupélec

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