Interview Mourad Boukhalfa INSA Rouen-Normandie
Copyright : INSA Rouen Normandie

L’INSA Rouen Normandie fait le plein de projets en 2023 – L’interview de Mourad Boukhalfa

International, intelligence artificielle, développement durable, relations entreprise, rénovation du campus… La feuille de route de l’INSA Rouen Normandie en 2023 est bien chargée ! Mourad Boukhalfa, son directeur, fait le point sur les principaux chantiers.

Vos grands projets en 2023 ?

L’année sera particulièrement marquée par le lancement du projet de formation en intelligence artificielle NORMANTHIA, dans le cadre d’un Appel à manifestation d’intérêt que nous avons remporté avec les partenaires Normands autour des Compétences et Métiers d’Avenir (CMA). Ce chantier est très important car nous entendons généraliser l’IA à toutes les disciplines. Autres axes forts de notre roadmap : le volet international que nous souhaitons développer, à travers notamment des formations en anglais dans nos spécialités, et le renforcement de nos relations avec le monde socio-économique. L’INSA Rouen Tech bientôt mis en place sera alors l’interface de transfert de technologies entre le monde des entreprises et l’INSA.

Un acteur central du tissu économique normand

Considéré par les collectivités et les industriels comme l’école d’ingénieurs de référence en Normandie, l’INSA Rouen Normandie s’illustre par son ancrage territorial très fort. En témoignent deux de ses chaires de recherche. D’abord, PERCEVAL, première chaire industrielle à l’école en coopération avec SAFRAN et CORIA, dédiée au développement des chambres de combustion des futurs moteurs d’avion. Mais aussi COLIBRI, spécialisée dans les procédés de fabrication pharmaceutique en collaboration avec ORIL Industrie et le laboratoire COBRA. L’objectif : favoriser la relocalisation de l’industrie pharmaceutique en France.

Quelles évolutions à venir côté pédagogie ?

Notre objectif en 2023-2024 est d’achever l’approche ClimatSup, de la généraliser en innovation pédagogique à travers un référentiel DD&RS et d’introduire le développement durable dans la recherche au niveau des cinq défis du groupe INSA. L’idée est de privilégier une approche par compétence DD&RS pour permettre aux élèves ingénieurs d’acquérir un socle solide et de faire la différence auprès des entreprises. Le volet développement durable est complètement intégré à nos schémas directeurs des systèmes d’information dans toutes ses dimensions (achat, consommation, stockage).

Une école Campus

La Région Normandie et l’État investissent pour rendre le campus de l’école encore plus attractif et en faire un cadre de travail performant. Le bâtiment Magellan, emblématique de son site du Madrillet, va être entièrement reconfiguré. Au programme : des espaces de coworking entre étudiants, chercheurs et entreprises pensés sous forme de résidence dédiée à l’innovation, un espace entreprise en lien avec la recherche, les locaux de l’INSA Rouen Tech, les associations étudiantes, un grand amphi, un lieu d’exposition, etc. Un lieu vivant et d’échanges !

Un souhait pour les années à venir ?

Notre ambition est de construire un ensemble capable d’affronter les enjeux et les défis qui nous attendent. Pour y parvenir, l’école doit mettre l’accent sur sa vocation internationale et faire de l’anglais la langue de référence pour le personnel, les étudiants, les enseignants… En 2030, j’aimerais que les étudiants étrangers représentent a minima 40 % des effectifs, sur un total de 2 500 élèves contre 2 000 aujourd’hui. Nous travaillons déjà avec l’Amérique du Sud, l’Asie (Chine et Inde), l’Europe de l’Est, l’Afrique du Nord et aussi subsaharienne. Mais nous devons avoir une organisation plus aboutie et une offre plus développée et mieux présentée. Nous devons valoriser notre formation différemment, ce qui implique de faire évoluer notre modèle économique.

Un message pour les jeunes talents ?

La science a fait des progrès exceptionnels pour l’Humanité et elle ouvre des opportunités incroyables : la science apportera des solutions à tout ce qu’on vit aujourd’hui. Les jeunes sont des acteurs centraux de ces progrès scientifiques et industriels. Intégrer un INSA est un gage de valeur humaniste et de respect de l’humain. Ils en sortiront différent des autres avec un profil différent. L’INSA, c’est l’alliance des compétences et des valeurs.

***

« L’ingénieur INSA se concentre sur les sciences utiles et les porte humainement » – L’interview de Mourad Boukhalfa

Second mandat pour Mourad Boukhalfa ! Tout juste réélu pour un second mandat à la tête de l’INSA Rouen Normandie, le directeur revient sur les grands atouts de l’école d’ingénieurs pour embrasser les enjeux du monde de demain.

Qui est l’ingénieur INSA Rouen Normandie ?

INSA Rouen Normandie
Crédits INSA Rouen Normandie

C’est un jeune homme ou une jeune femme (nous avons 40 % d’étudiantes) représentatif de la diversité rurale, sociale, d’origines… en France et à l’international. Il se caractérise par ses compétences scientifiques bien sûr, mais aussi par son humanisme, son attrait pour les sports, la culture et les arts. Il donne tout son sens à notre modèle d’Institut National de Sciences Appliquées : il se concentre sur des sciences utiles et les porte humainement.

L’enjeu du 21e siècle auquel vous préparez vos élèves ?

Nous proposons 11 diplômes avec six départements. Nous avons notamment de belles expertises en propulsion terrestre, spatiale et aéronautique, en science des données et sommes le seul INSA à proposer un diplôme de chimie en spécialité. Un domaine assez féminisé, même si nos étudiantes sont présentes dans toutes nos spécialités, y compris en informatique où nous formons 15 à 20 % de jeunes femmes, soit trois plus que la moyenne nationale !

Qu’apportez-vous au Groupe INSA ?

Créé en 1985, l’INSA Rouen-Normandie est le quatrième INSA : nous avons donc passé l’âge de la maturité ! Nous complétons son panel de formations avec notre spécialisation en chimie bien sûr, mais aussi avec l’excellence de notre recherche, à travers nos laboratoires reconnus au niveau national comme nos laboratoires COBRA (Chimie Organique et Bio-organique-Réactivité et Analyse) et GPM (Groupe de Physique des Matériaux) par exemple.

Une pépite made in INSA Rouen Normandie qui fait votre fierté de directeur ?

Nous développons évidemment beaucoup d’innovations mais, comme tous les INSA, nous sommes de nature modeste : on fait d’abord et on montre après. Aujourd’hui, je peux dire que nous avons réussi à nous attaquer aux problèmes de mobilité grâce à notre chaire pédagogique de formation et de recherche Véhicule Autonome et Connecté. Une chaire en partenariat avec le groupement ADAS (qui travaille sur la mobilité autonome) et le pôle de compétitivité NextMoove. A sa création en 2017, ce type de chaire constituait une première dans le monde de l’enseignement supérieur en France. A titre personnel, je suis aussi très fier des réussites individuelles et collectives de notre communauté. Je pense bien sûr à l’engagement associatif de nos étudiants, notamment dans nos associations sportives qui comptent 1 000 adhérents (soit la moitié de nos étudiants).

La bonne nouvelle que vous attendez pour 2022 ?

Je viens justement d’en avoir une : celle du renouvellement de mon mandat en tant que directeur de l’INSA Rouen Normandie en novembre 2021 ! Cette année, un projet me tient particulièrement à cœur : le Plan campus qui nous permettra de moderniser notre bâtiment central, créer un espace de coworking, une fabrique d’innovation et ainsi, orienter l’établissement vers de nouveaux horizons sur le triptyque formation/innovation/recherche. La première pierre devrait être posée en 2022.

Votre message à celles et ceux qui voudraient rejoindre l’INSA Rouen Normandie en 2022 ?

Les INSA sont le meilleur choix pour vous aider à vous projeter et à construire votre projet personnel et professionnel. Ils vous offrent la possibilité de vous inscrire dans une démarche où vous apprendrez et appréhenderez mieux l’avenir, où vous pourrez affiner vos choix avec le temps. C’est la meilleure manière d’attaquer vos études supérieures sans se précipiter dans un choix mal préparé. Ici, vous formez votre esprit mais aussi votre personnalité dans une communauté ouverte avec une formation sérieuse et exigeante et bienveillante.

A l’INSA Rouen Normandie, la culture et la vie étudiante ne font qu’un

L’INSA Rouen Normandie a fait le choix il y a trois ans de réunir vie étudiante et culture en un seul service, sans rattacher cette dernière département des Humanités.

Mais pourquoi articuler si étroitement culture et vie étudiante ? « D’abord, parce que les enjeux autour de la vie étudiante se développent de plus en plus au sein de l’INSA mais aussi parce que cela permet de faire monter nos étudiants en compétences sur le management de projets totalement transversaux » indique Anne Caldin, Responsable du Service Culture et Vie Étudiante de l’école. Alors très avant-gardiste à l’époque, l’INSA Rouen Normandie s’attache ainsi à développer des projets mêlant arts et technologies. « Nous accueillons des artistes autour de problématiques technologiques ou pour apporter un regard plus réflexif sur le rapport homme-machine. Des projets naturellement articulés avec des associations étudiantes. » Pour le printemps 2022, l’école travaille également avec le Clair-Obscur (une compagnie de Caen), pour monter des ateliers de scénarisation sur la base de la science-fiction et axés sur la réinvention des territoires.

Des filières artistiques ouvertes à tous

Dans la dynamique d’hybridation des INSA, l’INSA Rouen Normandie dispose d’une formation Image-étude qui « se positionne plus sur l’ouverture et la formation initiale que sur le très haut niveau. Nous proposons aux élèves de réaliser des films ou des expositions photos dans des groupes mélangeant de grands débutants et des élèves qui ont déjà fait l’option plusieurs fois. » La danse est aussi mise à l’honneur. « La sélection se fait sur la motivation et l’ouverture à la diversité, pas sur une audition de niveau. Nos élèves participent à des cours hebdomadaires, vont voir des spectacles, suivent des cours et des stages accompagnés par des chorégraphes… » précise Anne Caldin qui est aussi Responsable des Sections Image-Études et Danse-Études de l’école.

INSA Rouen Normandie et US Air Force : même combat !

Attention recherche de pointe ! L’INSA Rouen Normandie dispose d’une chaire d’enseignement et de recherche réalisée avec Safran Tech dans le domaine de l’aéronautique. Son nom de code ? Perceval ! Ses installations et ses compétences sont si pointues qu’on ne retrouve un équivalent qu’au sein de l’US Air Force.

Le but de cette chaire ? Faire coopérer les mondes industriel et académique pour développer de nouveaux modes d’injection de carburant dans les moteurs aéronautiques afin de respecter les futures règlementations internationales intégrant des objectifs environnementaux. « Nous nous concentrons notamment sur la technologie des injecteurs à très basse émission de NOx afin d’optimiser l’architecture des systèmes d’injections de plus en plus complexes et les intégrer, à termes, dans les moteurs aéronautiques de demain. Avec Perceval, nous participons à préparer l’avenir pour rendre les moteurs aéronautiques propres et efficaces » résume Frédéric Grisch qui pilote la chaire.

Un dispositif unique en son genre

Concrètement, la chaire récupère les prototypes développés chez son partenaire industriel et les fait fonctionner grâce à des installations expérimentales, dans des conditions de haute pression et de haute température qu’on retrouve dans de vrais moteurs. La chaire développe ainsi des outils de mesure via des systèmes lasers pour qualifier les grandeurs physiques qui impactent la combustion (température de l’écoulement du kérosène, concentration des polluants, étude des brouillards de gouttes générés par l’injection…).

Vers les carburants de demain

Un dispositif expérimental unique car « si on regarde à l’échelle des grands laboratoires de recherche dans le monde, ils sont très peu nombreux à adresser l’expertise expérimentale et la maîtrise de l’ensemble des mesures optique. Il y a l’US Air Force et quelques gros centres allemands comme le DLR (équivalent de l’ONERA en France). » En plus de cette partie expérimentale, la chaire travaille également sur la simulation numérique afin de développer des outils numériques pour reproduire ce genre d’expérimentation et ainsi optimiser les nouvelles architectures des futurs systèmes d’injection. Porté par le succès de cette chaire, l’INSA Rouen Normandie entend renforcer ses liens avec Safran dans le futur. En continuant à travailler sur les systèmes d’injection bien sûr, mais aussi sur les nouveaux carburants : SAF (carburants durables visant à remplacer les carburants fossiles) et combustion à hydrogène notamment.