L’interview d’Anthony Briant, directeur de l’Ecole des Ponts ParisTech

interview Anthony Briant Ecole des Ponts ParisTech
© David Delaporte

« Nous formons des ingénieurs responsables et enthousiastes à construire des solutions pour un avenir désirable et meilleur. » L’École des Ponts ParisTech s’est engagée à la rentrée 2023 dans une dynamique de transformation avec Ponts Ambition 2030. Son directeur, Anthony Briant, en dresse les contours.

Pourquoi avez-vous engagé cette dynamique de transformation ?

interview Anthony Briant Ecole des Ponts ParisTech
©Yann Piriou/École des Ponts ParisTech

Depuis 18 mois que j’ai la chance et le bonheur d’être directeur de cette belle école, j’ai beaucoup échangé avec ses parties prenantes pour comprendre la richesse, la force et l’environnement institutionnel de l’établissement. L’Ecole des Ponts, c’est l’école du bien commun. La ville, les bâtiments, les transports, les infrastructures : toutes nos activités sont tournées vers les objets matériels qui nous permettent de faire société. Aujourd’hui, nous avons cette grande vague à surfer qu’est la transition écologique. Un défi majeur qui nous amène à devoir travailler au regard des limites planétaires tout en continuant de développer ces infrastructures qui nous permettent de vivre ensemble, dans nos pays, mais aussi dans les zones en développement. Et notre première valeur pour s’approprier ces enjeux, ce sont nos élèves. Des jeunes triés sur le volet, dotés des meilleures capacités analytiques de leur classe d’âge, que nous devons former à devenir des ingénieurs pleinement conscients des problématiques du monde. Des ingénieurs responsables et enthousiastes à construire des solutions pour un avenir désirable et meilleur.

Une mission qui s’éloigne de l’image de l’ingénieur des Ponts omniscient.

Absolument. Je suis convaincu que l’ingénieur des Ponts est un acteur du corps social qui amène des éléments factuels permettant d’apaiser le débat public. Car les problèmes sont graves, il n’existe pas de solution simple pour y répondre et il est nécessaire de prendre le temps d’objectiver et de différencier les situations. Il n’y a pas de solutions toutes faites, il faut aller dans cette complexité et j’aimerais que nos ingénieurs aient le goût de participer de ce débat public, qu’ils soient des femmes et des hommes de la Cité, au sens plein et entier du terme.

Ce qui œuvre aussi dans le sens du modèle de l’ingénieur ParisTech, très orienté solutions ?

Traditionnellement, nos écoles forment des bons techniciens qui connaissent les sujets techniques tout en englobant ces problématiques dans un contexte de gouvernance qu’ils ont les clés pour comprendre. Si elles le font bien, la transition écologique nous amène à de nouvelles frontières. Il ne s’agit plus seulement pour nos ingénieurs de trouver une solution à un problème complexe, mais bien de reposer le problème. D’où le rôle central de cet ingénieur généraliste capable de bien répondre à une question bien posée mais aussi capable de ne pas se désagréger face à un problème mal posé. Un ingénieur suffisamment humble pour dessiner le chemin permettant d’étudier ce problème petit bout par petit bout, tout en conservant une vision systémique.

Quels gros dossiers ne quitteront pas votre bureau cette année ?

Le premier chantier de Ponts Ambitions 2030 : traduire nos ambitions dans nos maquettes pour redonner de la cohérence globale au cycle ingénieur et ainsi mieux outiller nos étudiants pour faire face à ces enjeux. L’hybridation fait aussi partie de nos priorités en 2024. Un objectif qui fait écho à l’ouverture que nous voulons donner à l’école : si nous recrutons quasi exclusivement en prépas, nous réfléchissons à des passerelles pour s’ouvrir à d’autres talents. La féminisation de notre école compte aussi bien sûr parmi nos priorités. Si a diversification de nos viviers de recrutement peut nous y aider, nous souhaitons mettre plus et mieux en avant les parcours des ingénieures des Ponts. Sans oublier bien sûr le sujet institutionnel qui ne quittera pas ma table de travail : l’intégration de l’école au sein de l’Institut Polytechnique de Paris (IP Paris).

« Ma seule boussole c’est l’enthousiasme des élèves qui nous rejoignent année après année : ils sont la matière vive de notre transformation possible. Certes, nous vivons une époque troublée mais elle est remplie d’opportunités. Notre école est là pour aider nos ingénieurs à embrasser cette responsabilité avec sérénité, avec beaucoup de volonté et de confiance dans leur capacité à changer le monde et à définir cet avenir désirable que nous attendons tous. »

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